Primoz Roglic, tel le phénix sur le Giro 2023 : “Je me souviendrai longtemps de cette victoire”
Tel le Phénix, le Slovène renaît toujours. Il a ajouté un Giro mal commencé mais bien fini à son palmarès.
- Publié le 29-05-2023 à 21h58
Primoz Roglic a inscrit le 106e Tour d’Italie à son palmarès. Une ligne de plus à son tableau de chasse. La 74e mais l’une des plus belles assurément. Pour s’imposer dans son quatrième grand tour, après trois succès conquis à la Vuelta (2019, 2020 et 2021), le champion olympique du chrono a vaincu le sort.
Samedi, alors que le Giro était occupé à pencher en sa faveur au plus raide la pente diabolique du Monte Lussari, Roglic fut victime d’un saut de chaîne. On le croyait frappé une nouvelle fois par le destin.
Richard Plugge, le patron de l’équipe Jumbo-Visma, était chez lui, aux Pays-Bas où il suivait l’étape à la télé. “J’ai d’abord cassé ma table de salon en deux”, avoue-t-il.
La victoire semblait s’être envolée du fait de la malchance. Une fois encore, pour le Slovène qui collectionne autant de chutes, plus ou moins grave, que de succès. Au passage sur une rigole, Roglic dérailla. Le leader de la Jumbo-Visma avait refait les deux tiers de son retard sur Geraint Thomas mais le curseur recula d’un coup de deux crans avec cet arrêt inopiné d’une dizaine de secondes. Loin de s’énerver, de se morfondre ou de jeter le gant, Primoz Roglic repartit de plus belle car il est le champion de la résilience. En moins de trois kilomètres, il repoussa Geraint Thomas à 40 secondes.
”Tout s’est bien mis en place”, a encore expliqué Plugge. “Dès le début et puis encore pendant la course, nous n’avons pas été épargnés. Roglic est la quintessence de notre équipe : résilience, tête dure et persévérance. Primoz en est la personnification.”
On ne compte pas les grandes courses perdues sur accident par le Slovène, Tour, Vuelta, Paris-Nice, Dauphiné… sans parler du renversement de situation dans l’étape de la Planche des Belles Filles qui l’a marqué au fer rouge pour toujours. Mais “Rogla” se relève toujours, le sourire aux lèvres, comme quand ce grave accident survenu en 2007 brisa net ses espoirs de devenir le champion de saut à ski qu’il rêvait être. Tant mieux pour le cyclisme !
Une lourde opération à l’épaule l’hiver dernier l’a écarté du début de saison. Depuis, Primoz Roglic a couru trois courses à étapes et les a toutes enlevées, Tirreno-Adriatico, le Tour de Catalogne et le Giro, donc.
"J’aurais aimé que ce soit plus facile de gagner, mais ce fut un plaisir de me battre avec Geraint Thomas qui est un ami."
Le coureur de Jumbo-Visma ne gagnera peut-être jamais le Tour de France, car le Slovène aura 34 ans le 29 octobre et Jonas Vingegaard est le n°1 de son équipe. Mais, il reste l’incontestable roi des épreuves à étapes de ces dernières saisons avec pas moins de dix-neuf succès dans un tour, petit ou grand. Grand surtout, avec trois Vuelta, deux Tirreno, deux Tours du Pays Basque, deux Tours de Romandie, Paris-Nice, le Dauphiné, le Tour UAE ou celui de Catalogne, avant, bien sûr, ce Tour d’Italie qui semblait mal parti. Dès avant le départ de la course au maillot rose, celui que l’on présentait comme l’unique concurrent de Remco Evenepoel avait dû composer avec la malchance. Covid et blessures contraignirent la formation néerlandaise à remplacer la moitié de son effectif (Wilco Keldermann, Robert Gesink, Tobias Foss, Jos Van Emden et Jan Tratnik déclarent forfait tour à tour) pour épauler le Slovène par plusieurs équipiers peu ou pas du tout préparés et parfois néophytes.
Cette fois, le destin a joué en sa faveur, blessé à Tirreno, Keldermann fut remplacé par Sepp Kuss. Mardi dernier, alors que Joao Almeida et Geraint Thomas l’avaient distancé, Roglic fut sauvé par son équipier américain qui enraya l’hémorragie de secondes perdues. Autre pied de nez, la Jumbo est, avec Bahrain, la seule équipe à avoir rallié Rome au complet. Voilà pourquoi, l’ancien numéro 1 mondial n’a pu masquer ses émotions ce week-end. Samedi à Tarvisio, que des milliers de supporters slovènes, venus de l’autre côté de la montagne, avaient envahi, puis le lendemain à Rome où il venait d’être sacré au pied du Colisée.
”Il y a tellement d’émotion après ma victoire contre la montre hier et aujourd’hui à Rome où je n’étais jamais venu”, confiait-il dimanche. “Le décor est incroyable. Cela me rend heureux de faire partie de l’histoire et je tiens à remercier toutes les personnes impliquées. Chaque grand tour est un défi. Je ne peux pas comparer cette victoire avec le Tour ou la Vuelta. Le Giro était ce que je recherchais cette année. J’aurais aimé que ce soit plus facile de gagner, mais ce fut un plaisir de me battre avec Geraint Thomas qui est un ami. Je me souviendrai longtemps de cette victoire.”