Thibaut Pinot frustré après sa 2e place au sommet de Crans-Montana: “J’aurai mis mes tripes pour que Cepeda ne gagne pas…”
Deuxième d’une étape rabotée, le Français ne digère pas le marquage de ses compagnons d’échappée.
Publié le 20-05-2023 à 07h00
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L’objectif de la caméra posé à quelques centimètres de son guidon, Thibaut Pinot est resté longtemps prostré sur sa machine derrière la ligne d’arrivée de Crans-Montana, le temps de ravaler quelques gorgées d’un océan de déception et de rancœur qu’il n’est pas près de digérer. Souvent porté par certains clins d’œil du destin, le Français s’était sans doute convaincu que ce n’était pas totalement un hasard si la première grande étape de montagne de ce Giro se terminait vendredi en Suisse, le pays où il a enlevé ce qui reste son dernier succès il y a un peu moins d’un an (7e étape du Tour de Suisse). Lui qui déteste le home-trainer par-dessus tout avait donc pris place sur les rouleaux au pied du Col de Croix afin de ne pas louper le départ d’une 13e étape ramenée de 200 à 75 kilomètres (en raison des conditions météorologiques) qu’il a abordée comme un sprint. Projeté à l’avant de la course par son équipier Armirail dans la première des deux ascensions du jour (15,4 km à 8.8 %) où il a participé à dessiner la bonne échappée, Pinot y a porté une première attaque à près de 65 kilomètres de l’arrivée.
"Cela faisait 15 jours que je rongeais mon frein, soufflait le coureur de chez Groupama-FDJ. Si je perdais le général (NdlR : 15e vendredi matin), ce n’était pas grave. Je voulais l’étape. Dans l’oreillette, j’ai donc demandé qu’on me laisse tranquille. C’était peut-être n’importe quoi, mais je voulais profiter."
Isolé en tête de course en compagnie des seuls Rubio et Cepeda dès les premières pentes de la montée finale de Crans-Montana, le futur retraité (33 ans, le 29 mai) ne put y canaliser sa fougue en multipliant à nouveau des offensives.
"J’aurais mis mes tripes pour que Cepeda ne gagne pas"
"Ils savent que je suis généreux, que je ne calcule pas mes efforts alors qu’eux n’ont fait que ça, confiait un Pinot ulcéré par le marquage de Cepeda à qui il hurla littéralement sa façon de penser sur le vélo. Je ne comprends pas comment on peut espérer gagner en courant de cette manière. Si je ne roule pas, on fait du surplace… Cepeda a été une grosse épine dans le pied. Mais quoiqu’il arrive, je ne voulais pas qu’il gagne, j’aurais mis mes tripes pour cela."
Si c’est le Colombien Rubio qui a remporté une étape sans impact sur le général au bout d’un sprint à trois, c’est pourtant bien le Français (2e) qui semble s’être fait avoir… comme un Bleu.