Greg Van Avermaet prend sa retraite et fait le bilan : “Ma carrière mérite un 9 sur 10, il ne m’a manqué que le Ronde”
À bientôt 38 ans, Greg Van Avermaet a décidé d’arrêter sa carrière au terme de la saison.
Publié le 03-05-2023 à 19h20
La journée est presque aussi fatigante qu’une classique. Greg Van Avermaet enchaîne les interviews, répétant les raisons qui l’ont poussé à annoncer sa retraite dès le mois de mai. Il se prépare à ce marathon médiatique depuis une dizaine de jours. Moment auquel il était certain d’avoir pris la bonne décision en ne cherchant pas à prolonger son aventure de cycliste professionnel en 2024.
C’est la fin d’une ère, celle d’un coureur qui a beaucoup gagné et participé à 12 grands tours. “Et pourquoi pas encore un cette année au Tour de France”, espère-t-il.
Votre retraite n’est programmée qu’en fin d’année, ce qui vous laisse l’occasion de finir en beauté !
”C’est aussi une des raisons qui m’ont poussé à faire cette annonce assez tôt car on me posait beaucoup de questions à ce sujet. Je ne voulais pas que ça me traîne en tête. Je voulais juste laisser passer la saison des classiques et annoncer ma décision. J’espère pouvoir encore gagner une course. Mais peu de coureurs peuvent choisir une telle fin. Je serais déjà content de rouler à bon niveau jusqu’au bout et pouvoir participer à quelques grandes courses.”
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À quel moment avez-vous pris votre décision finale ?
”Je n’ai décidé qu’il y a une semaine mais la réflexion a commencé dès l’hiver. Mon contrat arrive à son terme en fin d’année et je devais décider rapidement si je voulais me mettre à table avec mon équipe ou avec un nouvel employeur. J’ai préféré prendre un peu le temps de réfléchir, notamment avec ma femme. J’en suis venu à la conclusion que rouler une année de plus ne changerait plus grand-chose à ma carrière. Il valait mieux arrêter.”
Quel sentiment vous habite actuellement ?
”Je suis quand même un peu triste. Ce n’est pas facile de se dire que c’est fini. J’aime toujours mon travail. Mais il était important pour moi d’arrêter au bon moment. Je n’ai jamais voulu rouler pour rouler. À (bientôt) 38 ans, le moment était venu.”
Vous avez remporté de nombreuses victoires. Laquelle est la plus marquante ?
”Les Jeux olympiques (NdlR : de Rio en 2016). Plus que Paris-Roubaix. C’est une question de contexte olympique. C’est tellement particulier d’avoir cette médaille d’or. Le parcours n’était pas fait pour moi mais j’avais dit que j’avais une chance si tout se mettait bien pour moi. J’ai longtemps eu du mal à y croire.”

Si vous deviez vous mettre une note sur dix pour votre carrière, quelle serait-elle ?
”Le Greg de 18 ans se serait mis dix sur dix. Mais maintenant, je me mets neuf sur dix.”
Que vous manque-t-il pour avoir une carrière parfaite ?
”Le Tour des Flandres. Si j’avais gagné cette course, j’aurais mérité un dix sur dix. Dès la première fois que je l’ai couru, je me suis dit que je pouvais la gagner. Il y a une petite frustration de ne pas y être parvenu. Je ne suis pourtant pas passé loin à certains moments.”
La manière avec laquelle j'ai défendu mes maillots jaunes résume ma mentalité"
Vous pourrez par contre éternellement vous targuer d’avoir porté le maillot jaune durant 11 jours…
”Quand j’étais gamin, on allait voir le Tour et je regardais Armstrong passer devant moi avec son maillot jaune. Et pourtant, je pensais préférer gagner une étape du Tour plutôt que de porter le maillot. J’ai changé d’avis lorsque j’ai enfilé le jaune. C’était tellement spécial. Je n’imaginais pas l’ampleur du port d’un maillot jaune.”
Et vous l’avez défendu avec panache à chaque fois !
”Oui, c’est une grande fierté. Je pense que ça me résume en fait. Je n’ai jamais rien lâché.”
Comment expliquez-vous votre réussite de 2015 à 2018 ?
”Tout était réuni. J’avais les jambes, la tête, l’équipe. C’était la période clé de ma carrière.”
Après le Covid, vous n’êtes plus jamais revenu au premier plan. Vous avez expliqué que vos performances ont baissé suite à votre vaccination. Vous maintenez cette analyse ?
”Oui. Je me suis longtemps dit que ce n’était pas lié mais les résultats avant/après sont visibles. Ce n’est pas l’unique raison mais cela a eu un impact. J’ai réussi à faire de belles choses malgré tout mais je n’avais pas les mêmes sensations ou le même niveau. Pourtant, psychologiquement j’étais bien, j’arrivais à me donner à fond mais je n’ai pas retrouvé mon niveau.”
J'aimerais rester dans le cyclisme de haut niveau, mais pas à temps plein."
Avez-vous déjà réfléchi à ce que vous ferez une fois retraité ?
”Je ne sais pas. (rires) Je pense encore faire quelque chose dans le cyclisme de haut niveau.”
Avez-vous une appréhension à l’idée d’arrêter ?
”Oui, j’ai un peu peur. Ceux qui n’ont pas peur, c’est que tu es trop confiant. Il y aura des moments difficiles à accepter. Il sera important que je retrouve un travail que j’aime vraiment, qui me rend heureux.”
Vous allez aussi prendre un peu de temps pour vous et votre famille…
”Oui, on va se faire quelques belles randonnées dans les Alpes. Je vais me faire aussi plaisir en VTT et en gravel. Mais au niveau amateur, hein. Je compte quand même me préparer pour ne pas avoir de soucis de santé. Puis, je vais aussi pouvoir manger ce que je veux (rires).”
Je suis le premier supporter de Remco."
Vous n’êtes donc pas du tout dégoûté du vélo !
”Oui je suis un passionné du cyclisme. D’autres vont ranger le vélo et ne plus jamais y toucher. Moi, je sais que je vais continuer. Après, on verra comment je réagirai au fait de ne plus avoir la même condition ou la même facilité pour passer les bosses (rires).”
Vous parliez de rester dans le milieu professionnel. Une carrière de directeur sportif vous intéresse-t-elle ?
”Oui mais pas à temps plein. Je ne veux plus partir 200 jours par an loin de chez moi. Être consultant ou aider dans une structure existante, cela pourrait me plaire.”
Votre retraite est-elle aussi une sorte de passage de témoin avec la nouvelle génération incarnée par Wout van Aert et Remco Evenepoel ?
”Ils sont déjà bien en place et sont meilleurs que moi (rires). Mais j’adore suivre ce qu’ils font. Je suis le premier supporter de Remco quand il fait son numéro à Liège-Bastogne-Liège. J’aime bien aller rouler avec lui ou un peu l’aider. Cette année je peux encore le suivre mais l’année prochaine, ça s’annonce plus compliqué (rires).”