Le peloton reconnaît la domination des trois grands : “Je peux déjà vous donner le tiercé pour le Tour des Flandres dimanche”, lance Oliver Naesen
Rarement, trois coureurs n’ont été aussi favoris du Ronde que ne le sont Tadej Pogacar, Wout van Aert et Mathieu van der Poel.
Publié le 31-03-2023 à 23h48
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Depuis le récent Grand Prix E3, disputé à Harelbeke, il y a une bonne semaine, plus grand monde ne doute que le vainqueur du 107e Tour des Flandres fasse partie du trio, Tadej Pogacar, Wout van Aert et Mathieu van der Poel, cités par ordre alphabétique.
C’est comme s’il ne fallait plus que déterminer l’ordre de ce tiercé. Si d’aventure, un quatrième larron, voire un ou deux autres, venait à s’incruster dans la triplette, cela déjouerait complètement les pronostics de l’immense majorité des suiveurs.
”Autrefois, on ne pouvait pas prévoir le déroulement et surtout l’épilogue d’une course comme le Tour des Flandres”, avance, mi-dépité, mi-fataliste, Oliver Naesen. “Quand un gars comme Mathieu van der Poel porte une première franche accélération à 100 kilomètres de l’arrivée, on a une course totalement différente (NdlR : le Néerlandais avait lancé le G.P. E3 comme cela). Je peux déjà vous donner le tiercé pour dimanche. Pogacar, van Aert et van der Poel sont au-dessus du lot et en plus, Jumbo-Visma est capable de placer quelques autres coureurs dans le top dix. Je ne peux pas m’imaginer que je serai encore aux côtés de Pogacar dans la dernière ascension du Quaremont… Le niveau a énormément augmenté ces dernières années, je reconnais que je ne peux plus lutter pour la victoire comme à l’époque de Peter Sagan.”
"Sagan et moi avons gagné beaucoup de classiques, mais nous ne dominions pas comme les trois le font aujourd’hui."
Son ami et équipier Greg Van Avermaet qui a justement dominé le peloton dans ces classiques flandriennes pendant quelques saisons, en compagnie notamment de Sagan, reconnaît également que les trois grands favoris du Ronde sont des phénomènes.
”C’est vrai que Sagan et moi avons gagné beaucoup de ces classiques durant quelques saisons”, disait ce vendredi le champion olympique de Rio. “Mais nous ne dominions pas comme les trois le font aujourd’hui. L’écart avec nos adversaires n’était pas aussi important. Il y avait des coureurs comme Bettiol, Terpstra, Stybar ou Gilbert qui nous battaient ou nous poussaient régulièrement dans nos derniers retranchements. Aujourd’hui, il y a les trois qui sortent du lot, qui sont à un autre niveau, qui ont plus de forces que les autres, d’autant que le Tour des Flandres est très dur. Je ne vois qu’un Valentin Madouas capable de les suivre s’ils accélèrent dans les côtes. Peut-être Laporte mais il va jouer l’équipier de van Aert. Nous, on doit anticiper, prendre l’échappée, tenter sa chance, sinon, on n’a aucune chance.”
Ce qui fait un des charmes du cyclisme, c’est qu’il ne s’agit évidemment pas d’une science exacte ou d’un sport où la logique n’est jamais bousculée.
Et si le peloton parle d’”extra-terrestres”, de “grands” ou de “phénomènes” en évoquant le trio, personne ne se résout à accepter cette domination. Troisième dimanche dernier à Gand-Wevelgem, où Pogacar et van der Poel étaient absents, Sep Vanmarcke n’a pu lutter contre l’efficacité du tandem de Jumbo-Visma Laporte-van Aert.
”L’avantage, rigolait le Flandrien. C’était que j’étais mal dans la deuxième montée du Kemmel et que je ne les ai pas vus partir. Donc, je n’ai pas été impressionné. C’est une situation, cette domination des Jumbo et plus encore celle des trois favoris qui ne me surprend pas, qui ne me fâche pas ou ne me frustre pas. Il y a toujours eu des meilleurs coureurs qui dominaient les autres, un Tom Boonen, un Fabian Cancellara. Bien sûr, il y a quelques mecs qui sont au-dessus de nous, mais si vous commencez à ne pas accepter ou à ne pas supporter cette situation, il vaut mieux arrêter directement sa carrière.”
Wout van Aert en confiance avant le Ronde : “Même sans van Baarle, notre collectif sera fort”On ne doit sans doute qu’à sa chute à Tirreno-Adriatico de ne pas devoir ajouter celui de Tom Pidcock aux noms des trois favoris de dimanche. Car un dominateur, il y en a toujours eu. En remontant près d’un demi-siècle en arrière, on se souviendra de la déclaration devenue culte de Frans Verbeeck à l’arrivée du Tour des Flandres 1975. Le Brabançon s’était accroché avec l’énergie du désespoir à la roue arrière d’Eddy Merckx, parti à 104 kilomètres du but, pour enlever un deuxième Ronde. Verbeeck avait été distancé dans les derniers hectomètres.
”C’est incroyable Fred, comment il roule”, avait gémi Verbeeck au micro de l’ancien champion Fred De Bruyne, devenu commentateur cycliste à la VRT. “Il n’y a pas de mot pour l’expliquer. J’ai terriblement souffert. Je dois le dire comme c’est, il roule cinq kilomètres/heure plus vite que nous.”