Arnaud De Lie déterminé à confirmer son excellente première saison au plus haut niveau: “Je me sens plus fort”
Le jeune coureur wallon de Lotto-Dstny veut franchir un nouveau cap cette saison.
Publié le 14-01-2023 à 09h26
:focal(2581x1944.5:2591x1934.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/7NYTWPS6GRBTFPV7QKAPZG7FBI.jpg)
Le nombre de journalistes présents à une conférence de presse d’un coureur en dit toujours long sur sa renommée. Nous étions bien plus nombreux qu’il y a un an pour celle d’Arnaud De Lie. Un signe que le statut du jeune coureur wallon a énormément changé en à peine douze mois. De néo pro, il est directement passé au rang de leader. Ce vendredi, il fut, avec Caleb Ewan et le nouveau patron Stéphane Heulot, la personne la plus demandée lors du media day de Lotto-Dstny, organisé à Denia, en Espagne, où la formation belge est actuellement en stage. Entretien avec le Taureau de Lescheret, toujours fidèle à lui-même : à la fois jovial et spontané, mais aussi très déterminé à confirmer son excellente première saison au plus haut niveau.
Arnaud, comment se passe votre préparation hivernale ?
”J’ai fait un bel hiver, je n’ai aucune crainte par rapport à ma condition. Je suis également très content de mon poids. Je suis même un peu étonné car je n’ai pas pris un kilo pendant l’hiver. Pourtant, j’ai quand même bien fêté ça ! Je m’entraîne pour être bien pendant les classiques. Pour la période de fin février à début avril. Je travaille la résistance, les bosses de deux minutes… Cette année, je préfère avoir moins de succès qu’en 2022, mais avoir des grandes victoires. Je préfère plus la qualité à la quantité. Il y aura des belles opportunités sur les classiques du printemps et après. Comme au Grand Prix de Plouay. Ou à celui de Québec. ””
Cela veut dire que vous avez changé votre préparation par rapport à l’an passé ?
”Oui. L’hiver dernier, j’avais fort axé le travail sur le sprint. Mais je constate que je suis devenu plus fort dans ce que je travaille mais aussi dans les sprints… J’ai aussi changé d’entraîneur. J’ai une très bonne relation avec le nouveau. Je sens que je suis devenu plus fort. Je suis très vraiment heureux de ma condition actuelle, je sens une nette progression par rapport à l’an passé.”
Avec cette forme, vous allez déjà jouer la victoire à Valence, sur votre première course, le 22 janvier ?
”Disons que ce sera un test. Car cette épreuve n’est pas facile. Mais j’espère passer les difficultés pour arriver au sprint. Et essayer de gagner, oui. J’ai envie que cela débute ! J’ai envie de remettre le dossard, sentir l’adrénaline de la course. Gagner tout de suite, c’est super important pour la confiance. Mais aussi pour montrer aux adversaires que je suis bien là… J’ai quand même un petit doute pour Valence ou le Grand Prix de la Marseillaise. Mais je crois que je pourrai faire quelque chose à l’Étoile de Bessèges… Je ferai ensuite Almería, Kuurne et le Samyn avant d’aller à Paris-Nice et à Sanremo.”
Que vous allez découvrir, comme d’autres grandes classiques du printemps…
”Je viserai des résultats sur des courses comme Gand-Wevelgem, que j’ai déjà disputées. Sanremo, ce sera plus pour apprendre. C’est si long, il faudra bien s’économiser, chaque détail va compter pour garder de l’énergie. Mais tout est possible. Même à Sanremo. On a déjà vu beaucoup de surprises en cyclisme. Mais il faudra que je sois dans une de mes meilleures journées pour passer le Poggio, la Cipressa ou les capos.”
J'ai une très bonne relation avec Caleb Ewan.
Vous serez aligné plusieurs fois avec Caleb Ewan sur les classiques. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
”Beaucoup d’équipes font ça sur les grandes épreuves : rouler avec deux leaders. Moi, je l’ai déjà dit, je ne me considère pas comme un sprinter même si j’ai une bonne pointe de vitesse. Je n’hésiterai pas à travailler pour lui si je sens que je suis cuit. Nous avons une bonne relation. Il n’y a pas de tension entre nous. On sait où on va et ce qu’on vaut.”
Lire aussi > Caleb Ewan se réjouit de rouler avec De Lie: “Arnaud me retire de la pression”Votre relation avec lui a changé après votre première saison chez les pros ?
”Je crois que l’an passé, quand je suis arrivé dans l’équipe, je le regardais en début de saison un peu comme un fan… Maintenant je le vois plus comme un coéquipier. Nous avons une très bonne relation, qui s’est encore améliorée pendant le team building.”
Le Tour des Flandres n’est pas à votre programme. Pourquoi ?
”Parce que j’ai déjà un programme très chargé. Et puis il faut tenir compte de la bataille des points. Je suis quasiment sûr de ne pas pouvoir y faire un résultat. Le Ronde est tellement dur, avec tant d’enchaînements de monts qui demandent beaucoup d’énergie mentale. Je préfère laisser ma place à un homme qui pourra aider l’équipe et me concentrer sur la Flèche Brabançonne ou Paris-Roubaix.”
Que vous vouliez vraiment faire…
”Oui ! Je l’affectionne depuis tout petit. J’ai vraiment envie de la découvrir chez les pros. On a déjà vu beaucoup de surprises sur cette épreuve…”
Je ne veux pas faire de Grand Tour cette année.
Vous aussi ferez Wevelgem, Waregem, Roubaix et la Brabançonne. Quel sera votre programme après les classiques ?
”Je reprendrai sûrement sur une classique allemande au début du mois de mai (NdlR : le Grand Prix de Francfort). Et j’ai envie de retourner aux Quatre Jours de Dunkerque, car j’ai une revanche à y prendre par rapport à ma chute de l’an passé (NdlR : il devrait aussi faire le Tour de Suisse). En été, je ferai à nouveau le Tour de Wallonie, que j’avais bien aimé. Le Tour de France, c’est bien trop tôt ! Je ne veux pas faire de Grands Tours cette année. On ne met pas la charrue avant les bœufs. Je veux d’abord passer un palier sur des épreuves comme Paris-Nice.”
Le Mondial, vous y pensez ?
”Je ne sais pas. Avec les pros, je pense que c’est trop prématuré. Je n’y ai pas ma place, il y a tellement de talents en Belgique comme Wout van Aert, Evenepoel et d’autres… Chez les espoirs, ce n’est pas mon souhait, car je ne me considère pas comme un espoir. Mais tout cela peut encore changer. Si Sven Vanthourenhout me dit que j’y serai leader et que j’ai de grandes chances de devenir champion du monde, j’irai ! Pour l’Euro, on verra…”
Ce n'est pas difficile pour moi d'être leader
La bataille des points sera encore là. Et donc la pression aussi…
”Oui, mais ce sera le cas chaque saison. C’est bien aussi : car il faut être obligé de prester : personne ne peut se reposer sur ses lauriers. Le but reste de faire des résultats. Et de gagner. La pression ne m’empêche pas de dormir. Ce n’est pas difficile pour moi d’être leader. Au contraire, j’aime bien ça !”
De votre riche première saison, qu’avez-vous surtout appris ?
”Que je dois plus faire confiance à mes coéquipiers. Je n’avais pas l’habitude d’avoir autant une équipe qui roulait pour moi avant. Je sens aussi que mes coéquipiers ont plus confiance en moi. On a un groupe solide. De ma première à Kuurne, j’aurai quasiment chaque fois la même équipe avec Van Moer, Campenaerts, Grignard, Frison, Beullens, De Buyst, Vermeersch. C’est un groupe de costauds et très motivé. On s’entraîne ensemble. On a su créer une atmosphère de classiques. J’ai aussi appris que je dois plus attendre, rester calme. En fin de saison, j’étais déjà moins stressé. Car au début, j’y allais, je bourrais dedans ! Bon, cela a quand même bien marché. Mais oui, je vais essayer d’avoir plus souvent la zen attitude…”
Un Taureau zen, alors…
”Oui… Ce surnom m’a toujours un peu suivi. Chez les jeunes, on m’appelait déjà 'le Buffle', car j’avais vingt kilos en plus que les autres. Comme j’ai bien marché directement chez les pros, ce surnom de 'Taureau' est arrivé. Cela ne me dérange pas. Au contraire, j’aime bien. Il y avait le 'Gorille de Rostock', maintenant il y a le 'Taureau de Lescheret'. J’aime en jouer. C’est aussi ça le vélo, le sport : rendre les gens heureux.”