Sportifs de l'Année : la folle saison de Remco Evenepoel
Grand favori pour le titre de Sportif belge de l’Année qui sera décerné ce vendredi soir, le cycliste brabançon a construit son fabuleux exercice en deux temps.
Publié le 06-01-2023 à 07h54 - Mis à jour le 06-01-2023 à 15h00
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Quand il a posé les pieds sur le sol belge ce jeudi, il a dû apprécier la douceur presque printanière qui règne sur notre pays. Si ce n’est l’absence de la mer qu’il longe lors des sorties quotidiennes qu’il effectue, il aurait presque pu se croire sur la Costa Blanca où il s’est installé en novembre avec sa femme Oumi. Ce déménagement est venu clore une année fabuleuse, dont le point d’orgue fut son mariage avec la belle Marocaine en octobre dernier.
“Cela a été un exercice exceptionnel. Je n’ai que 22 ans et il me sera difficile de faire encore aussi bien”, répète à l’envi le phénomène brabançon. Les exploits répétés de Remco Evenepoel en font le grand favori ce vendredi soir au titre de Sportif belge de l’Année, récompense dont il a déjà été honoré en 2019, à l’issue d’une première campagne remarquable au sein du peloton professionnel (NdlR : il avait, notamment, gagné la Clasica San Sebastian).
Sportifs de l'Année: les nominés
Sa fabuleuse cuvée 2022, le prodige de l’équipe Soudal-Quick Step l’a façonnée étape par étape. Aucun grain de sable n’est venu encrasser la mécanique. “J’ai réussi tout ce que j’ai entrepris. C’est comme si j’évoluais sur un nuage”, image-t-il pour résumer de nombreux mois en lévitation.
Ce long chemin jusqu’au triomphe irisé de Wollongong le 25 septembre s’est fait en deux temps.
“J’ai réussi tout ce que j’ai entrepris. C’est comme si j’évoluais sur un nuage.”
1. La montée en puissance jusqu’à la Doyenne
Il y a d’abord eu cette montée en puissance jusqu’à Liège-Bastogne-Liège, chef-d’œuvre rendu possible par une attaque somptueuse dans la Redoute. Il avait lancé cette ascension début février au Tour de Valence. Sa deuxième place finale derrière Aleksandr Vlasov ne leva pourtant pas tous les doutes à son sujet. Il avait, notamment, concédé 40 secondes au Russe après un passage difficile sur des chemins pentus et empierrés. “Je me suis alors demandé s’il avait vraiment les ressources pour briguer la victoire dans une course de trois semaines”, rappelle Patrick Lefevere. Son succès, quinze jours plus tard, au Tour d’Algarve renforça l’idée qu’il pouvait se montrer irrésistible dans une épreuve de… sept jours, mais apporta d’autant moins de garanties quant à sa capacité à dominer un grand tour qu’il ne fut pas en réussite à Tirreno-Adriatico (11e du général) où il connut une défaillance.
Début avril, lors d’un tour du Pays basque très relevé, il gagna en maturité et sortit grandi mentalement d’une course finie à la 4e place. “Ce n’était pas celle que je voulais. J’étais déçu de finir au pied du podium.” Dans la foulée de cette déception, des larmes coulèrent. Mais Remco Evenepoel était sur la bonne voie. Et il dira après coup qu’il n’aurait pas pu rêver meilleure préparation pour les classiques ardennaises, son objectif du printemps. “Quand Remco est déçu, il a une faculté à bosser encore plus dur”, nous confie-t-on dans son entourage.
2. Liège, le début du festival

Et comme il utilise désormais sa fougue à meilleur escient – “Il reste toujours un attaquant, mais a progressé dans sa lecture de la course”, précise Lefevere –, il s’offre un bijou sur la Doyenne. Irrésistible, il écœure la concurrence. “Gagner cette course a constitué une délivrance pour moi. J’ai compris que si je travaillais bien, j’étais capable d’atteindre mes objectifs.”
Ce succès marque un tournant dans la carrière du jeune loup. Non seulement, il entre dans une autre catégorie, celle des vainqueurs de monuments, mais son capital confiance monte en flèche. Les rares doutes qu’il pouvait encore nourrir se sont envolés. Et son Tour de Suisse seulement achevé à la 11e place du classement ne changera plus rien à la donne. “J’y ai connu une journée difficile, mais je savais que j’étais sur le bon chemin.” Avant, il avait écrasé le Tour de Norvège et gagné (en solitaire évidemment) la Gullegem Koerse. Et à son retour de Suisse, il deviendra champion de Belgique du contre-la-montre. Ensuite, il repartira en stage. “Pour effectuer un gros travail en altitude dans l’optique de la Vuelta.” “Remco est un coureur qui adore les stages. Il aime s’entraîner”, dira Lefevere.
“J’ai compris ce jour-là que j’étais prêt pour le Tour d’Espagne.”
Evenepoel ne sortira de sa bulle que pour remporter la Clasica San Sebastian à l’issue d’un nouveau grand numéro. “Même si je ne savais pas comment j’allais réagir en troisième semaine, j’ai compris ce jour-là que j’étais prêt pour le Tour d’Espagne.”
La suite sera… parfaite. Il quittera la Vuelta tout de rouge vêtu et, sur sa lancée, donnera un véritable récital au championnat du monde de Wollongong. Cette folle année se traduira en récompenses individuelles. Du Trophée National du Mérite Sportif au Vélo d’Or, il a reçu tous les prix disponibles jusqu’ici. Logiquement, Wout van Aert et Bart Swings, les deux autres nominés, ne devraient pas l’empêcher d’être élu Sportif belge de l’année pour la deuxième fois. Déjà.