On a suivi la journée marathon de Remco Evenepoel, le Sportif de l’année
Le cycliste brabançon, champion du monde en octobre, a vécu un vendredi riche en sollicitations et émotions.
Publié le 06-01-2023 à 23h39
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On ne va pas se mentir, c’était attendu. Après ses victoires à Liège-Bastogne-Liège et au Tour d’Espagne, ainsi qu’au championnat du monde, Remco Evenepoel s’est vu décerner ce vendredi soir le titre de Sportif belge de l’année. Son deuxième après celui de 2019. “C’est toujours une immense fierté parce que d’autres l’auraient aussi mérité, a-t-il réagi. Bart Swings est quand même champion olympique, ce n’est pas rien.” Ce trophée est le septième qu’il a reçu cet hiver. “Ils me font tous plaisir, bien sûr, mais j’avoue un faible pour le Trophée National du Mérite Sportif parce que tu ne peux l’avoir qu’une seule fois durant ta carrière. J’ai aussi été flatté d’avoir été élu Belge préféré par un journal et une télévision flamands. Et puis, le Vélo d’Or, c’est comme le Ballon d’Or, ça veut tout dire que tu es considéré comme le meilleur cycliste du peloton.”
Cette distinction de Sportif belge de l’année est venue couronner une journée riche en obligations mais aussi en émotions. On l’a rembobinée dans ses pas.
"Bart Swings est quand même champion olympique, ce n’est pas rien."
10h : arrivée à Plopsaland
Arrivé à Bruxelles tard la veille, Remco Evenepoel a rejoint La Panne dès l’aube. C’est, en effet, à Plopsaland que ses équipiers et lui étaient présentés à la presse, aux sponsors et au public. Patrick Lefevere aurait bien choisi un autre endroit pour fêter son 68e anniversaire mais le parc d’attraction est un lieu cher à Vic Swerts, le patron de Soudal, et donc nouveau big boss du Wolfpack.
11h35 : séquence émotion
Dans le théâtre où ont pris place les familles des cyclistes, les partenaires financiers de l’équipe et la presse, Remco Evenepoel attendra près de deux heures avant d’enfin monter sur scène. C’est qu’il a d’abord fallu présenter les quinze coureurs membres de l’équipe de développement et donner la parole aux nombreux sponsors, signe que la santé financière de Soudal Quick-Step est bonne. Rompu à ce genre d’obligations, Evenepoel dira tout naturellement : “Cet hiver, on a privilégié les remises de prix aux interviews. Il fallait faire des choix parce qu’il y avait trop de demandes. On a bien géré ça.”
Assis au premier rang, il ne pourra s’empêcher d’avoir les yeux mouillés à la vue d’images émouvantes de sa victoire à Liège-Bastogne-Liège en avril dernier. Il s’agit, en fait, là de dix-huit minutes sorties d’un documentaire fait sur la saison 2022 qui sera visible dans un avenir proche sur Amazon Prime.
13h08 : les vainqueurs de la Vuelta à l’honneur
Le temps de sécher quelques larmes et Evenepoel est appelé sur le podium au même titre que certains des équipiers qui l’ont épaulé durant la Vuelta. “Certains manquent à l’appel parce qu’ils sont un peu malades”, lancera le présentateur, avant que Fausto Masnada fasse un pas en avant. “En principe, l’équipe qui a roulé la Vuelta sera presque la même au Giro”, lance l’Italien. Si l’on doit le croire, c’est une bonne nouvelle pour Pieter Serry, Rémy Cavagna, Dries Devenyns, Ilan Van Wilder, Louis Vervaeke et Mauri Vansevenant. Le nouveau venu Jan Hirt devrait remplacer numériquement Julian Alaphilippe, attendu au Tour de France. Masnada a-t-il vendu la mèche ? Remco Evenepoel ne réagira pas mais il a reçu le feu vert de son patron pour choisir lui-même cinq gregarios pour l’échéance de mai.
13h40 : le champion fait face à la presse
C’est l’heure de rencontrer les médias. Dix minutes pour la presse écrite francophone, autant pour son homologue flamande avant d’enchaîner radios et chaînes de télévision. Comme à son habitude, il excellera dans ce domaine. Et de commencer par donner des nouvelles de son état de forme. “Je suis là où je le voulais. Entre Noël et Nouvel An, j’ai fait une grosse semaine d’entraînement parce que je savais que j’allais avoir des sollicitations ce week-end. Je sais qu’il me faut une bonne base et je l’ai.”
“Je ferai le Tour de San Juan, l’UAE Tour, le Tour de Catalogne et Liège-Bastogne-Liège.”
Il se dit prêt à en découdre et énumère son programme jusqu’au Tour d’Italie. “Je ferai le Tour de San Juan, l’UAE Tour, le Tour de Catalogne et Liège-Bastogne-Liège.” Pas de Tirreno-Adriatico, donc, ni de Flèche wallonne. “Je veux aborder le Giro comme j’avais appréhendé la Vuelta : avec plusieurs stages en altitude. J’en prévois au moins deux. Sans doute à Tenerife.”
En 2023, il passera dès lors de nouveau beaucoup de temps seul. Ce n’est pas pour le déranger. Au contraire, même ! “J’aime ces périodes où j’alterne entraînement intensif et longue sortie calme. J’en ai besoin pour évacuer tout le stress inhérent à la compétition.” Ce stress, il le gère plutôt bien mais il a conscience qu’il risque d’être encore plus présent avec le maillot irisé sur le dos. “C’est sûr que cette tunique donne des responsabilités. Il faut s’en montrer digne. À Binche-Chimay-Binche, j’étais un peu plus nerveux que d’habitude. C’était la première fois que je le portais.”
Il arborera cette tenue arc-en-ciel au cours du Tour d’Italie, dont il garde un souvenir mitigé après son abandon de 2020. “Collectivement, il constituera une étape en plus dans la construction de l’équipe sur un grand tour.” Et individuellement ? “Je veux gagner une étape. En ce qui concerne le classement général, un podium serait un rêve mais cela dépend de tellement de facteurs que c’est imprévisible.” Et d’ajouter : “Je sais que certains estiment que le Tour de France est le plus important. Mais je mets les trois grands tours sur un pied d’égalité.”
15h : le cyclisme belge à l’avant-plan
Tels des gladiateurs entrant dans l’arène, les membres du Wolfpack se sont alors présentés devant un public venu en très grand nombre. “Cela démontre, encore une fois, que le cyclisme est plus populaire que jamais en Belgique, se félicite Evenepoel. Il y a quelques années, on ne parlait que des Diables rouges. Grâce à Wout van Aert, d’autres et moi, le cyclisme belge est à l’avant-plan. J’espère que cela va durer.”
"Il y a quelques années, on ne parlait que des Diables rouges. Grâce à Wout van Aert, d’autres et moi, le cyclisme belge est à l’avant-plan. J’espère que cela va durer.”
17h : en route pour Anvers !
Le temps de signer quelques maillots, de prendre la pose pour des selfies et Remco Evenepoel prenait la direction du Kinepolis d’Anvers. “On en a encore pour deux heures de route”, sourit-il, pas mécontent d’avoir reçu une paire de chaussures arc-en-ciel, offerte par le sponsor Safety Jogger, qui mettra prochainement aux enchères un second exemplaire de cette paire au profit de #itstartswithus, le projet écoresponsable de l’équipe.
19h15 : arrivée sur le tapis rouge
Accompagné d’un membre du staff du Wolfpack, Remco Evenepoel est arrivé juste à temps pour assister au gala dont il fut évidemment l’une des vedettes. “Ça a relativement bien roulé mais ce ne fut pas évident de me changer dans la voiture”, lança-t-il après avoir rejoint Oumi, sa femme, et son papa, venus en droite ligne du Brabant flamand. Avec le sourire et toujours la même disponibilité, il s’arrêta une nouvelle fois pour la presse. Le temps de répéter qu’il ne se voit pas “faire du cyclo-cross l’hiver même si j’adore voir le spectacle entre van Aert, van der Poel et Pidcock”.
22h : direction Schepdaal
Après les photos et une nouvelle séance d’interviews, il était temps de rentrer à Schepdaal, à une petite heure de route. Il profitera de son samedi pour faire un peu tourner les jambes dans les chemins brabançons et, qui sait, mangera-t-il un morceau de la galette des rois à laquelle il n’a pas eu droit ce vendredi ? Dimanche, il ira faire un tour au café “De Rustberg”, le local officiel de son principal club de supporters où une fête sera organisée en son honneur. Il sera alors déjà temps de se concentrer sur sa première échéance sportive de 2023 : le Tour de San Juan. Si celui-ci ne débute que le 22 janvier, Remco Evenepoel arrivera déjà sur place mardi. Même s’il n’y a que quatre heures de décalage avec la Belgique – ce qui est beaucoup moins que les 9 heures avec Wollongong où il n’était arrivé que six jours avant le chrono des Mondiaux -, le champion du monde ne veut rien laisser au hasard. “J’aime débuter ma saison en Argentine car ce n’est pas la course la plus difficile, assure-t-il. Le contexte est idéal pour entamer ma montée en puissance pour les échéances à venir.” Avant de prendre part à une épreuve qu’il a remportée en 2020, l’ancien footballeur donnera le 13 janvier le coup d’envoi du match entre Boca Juniors et Everton de Chile. C’est la rançon de la gloire.