Ben Abdelkader, madame l’ambassadrice
Seule Bruxelloise du noyau des Cats, la joueuse d’origine marocaine se veut autant un symbole de la capitale que du travail, une valeur qu’elle vénère, ou de ses origines.
Publié le 22-09-2022 à 11h36 - Mis à jour le 23-09-2022 à 11h23
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De retour dans le noyau des Belgian Cats depuis le début de l’année civile et le tournoi qualificatif pour cette Coupe du monde australienne, Hind Ben Abdelkader (27 ans) a déjà repris ses aises dans un maillot de l’équipe nationale qu’elle n’avait pourtant plus enfilé depuis 2016. Un trop long tunnel pour celle qui a longtemps incarné l’un des plus grands espoirs de notre basket et auquel la Bruxelloise veut définitivement tourner le dos. « Je suis désormais à nouveau sélectionnée par le coach et heureuse d’être de retour dans le groupe », lance ainsi la meneuse qui préfère ne pas s’épancher sur les relations autrefois tendues avec la fédération et les raisons sous-jacentes à ce qu’elle avait qualifié en 2019 de « rupture de confiance ».
Aussi rapide et chirurgicale dans ses réponses qu’à la distribution du jeu des Cats, Hind Ben Abdelkader s’est livrée pendant la durée d’une mi-temps sur son parcours, son identité, ses valeurs et ambitions.
Le travail en religion, Kobe Bryant en modèle
"Pas mal de gens me parlent souvent de mes qualités sur le parquet et du talent naturel que je posséderais mais je préfère toujours mettre en avant le travail. J’ai été élevée autour de cette valeur et crois très fort en celle-ci. Je pense même avoir parfois un côté ‘workholic’(rires)… Depuis toute jeune, j’ai voulu faire du basket-ball mon métier et savais qu’il me faudrait me donner les moyens de mes ambitions. Je suis partie à 18 ans à peine aux États-Unis pour évoluer en NCAA après avoir été repérée par des scouts lors d’un Euro. Franchir seule l’Atlantique à cet âge-là n’a pas constitué un problème pour moi car c’est que je voulais au plus profond de moi afin d’apprendre, de progresser et de me confronter à un autre basket. Mes parents en avaient d’ailleurs conscience et m’ont toujours soutenue dans mes choix. Cela m’a forgé un caractère, m’a construit et m’a aussi permis de signer mon premier contrat pro dans la foulée en Espagne. Lorsque j’étais enfant, ma chambre était tapissée de posters de joueurs mais j’ai toujours voué une admiration très spéciale à Kobe Bryant. Il est, à mes yeux, l’incarnation de la détermination et de la force de travail ultime. Il a poussé la chose tellement loin qu’il est devenu une source d’inspiration pour des gens extérieurs au basket."
Des débuts avec… Youri Tielemans
"Ce sont mon grand frère et ma grande sœur qui m’ont donné envie de jouer au basket. J’ai assez naturellement pris leur sillage et ai évolué dès mes débuts en club, au Racing Jet puis à Ganshoren. Dans ce premier cercle, j’ai d’ailleurs côtoyé Manu Lecomte, qui joue désormais en équipe nationale masculine avec les Lions, mais aussi… Youri Tielemans. Il se débrouillait bien dans mes souvenirs. Il est plus jeune que moi de deux ans mais nous évoluions dans la même équipe (NDLR : le Diable rouge avait sauté deux générations pour évoluer dès 5 ans avec les 7 ans). J’étais la seule fille de ce groupe mais j’en garde un super souvenir. Le temps faisant son œuvre, j’ai totalement perdu le contact avec Youri."
L’ambition d’un retour en WNBA
"J’ai eu la chance d’évoluer à Indiana en 2018 et j’aimerais beaucoup retrouver la WNBA dans les prochaines années. La ligue américaine, cela a quelque chose d’un peu iconique tant chez les garçons que chez les filles. Je ne dirais pas que le niveau y est nécessairement meilleur qu’en Europe car les clubs qui jouent, par exemple, l’Euroligue sont extrêmement compétitifs, mais le jeu y est différent. Aujourd’hui de nombreuses joueuses évoluant sur notre continent combinent leur compétition avec la WNBA car les championnats ne se jouent pas au même moment de l’année. J’aimerais en faire de même dans le futur."
Un symbole de diversité
« C’est vrai que les Diables rouges sont souvent présentés comme un symbole de la diversité de notre pays. À terme, ce serait beau que les Cats en deviennent, d’une certaine manière, le pendant féminin et une sorte d’inspiration pour les jeunes filles issues de l’immigration. Je suis fière de mes origines marocaines et de mes racines bruxelloises; j’aimerais beaucoup que le basket féminin se développe davantage dans la capitale. Il y a des clubs en suffisance mais pour attirer davantage de jeunes vers les parquets, cela peut être par des journées dans les écoles, d’initiations. Les Cats constituent une belle vitrine pour le basket féminin et il serait dommage de ne pas surfer sur cette vague. »