Dario Gjergja avant le début de l'Euro : «Toujours intéressant de se mesurer aux meilleurs»

Dario Gjergja, coach à succès, va vivre sa première expérience d’un grand tournoi avec les Belgian Lions.

Interview  Benoît Peeters
 Quatre ans après sa nomination à la tête des Belgian Lions, Dario Gjergja se retrouve face à un gros défi à l’Euro.
Quatre ans après sa nomination à la tête des Belgian Lions, Dario Gjergja se retrouve face à un gros défi à l’Euro. ©belga

Lorsque la Brabançonne retentira dans l’Arena de Tbilissi ce jeudi pour l’entrée en lice des Belgian Lions à l’Euro face à la Géorgie, celle-ci résonnera peut-être de manière plus vive qu’à l’accoutumée aux oreilles de Dario Gjergja qui va prendre part à son premier grand tournoi international en tant que sélectionneur de l’équipe nationale belge. "Je ne dirais pas que c’est l’événement le plus important de ma carrière. Mais c’est un honneur et une vraie fierté de pouvoir vivre cette expérience en représentant la Belgique."

Un pays où il a déjà connu tant de succès en 14 ans (un titre comme assistant à Charleroi en 2008 et 11 titres consécutifs avec Ostende entre 2011 et 2022, en plus de 7 sacres en Coupe de Belgique). À 47 ans, le Croate d’origine est le coach à avoir remporté le plus de trophées dans l’histoire du basket belge. C’est donc assez logiquement qu’il a été désigné pour succéder à Eddy Casteels à la tête des Belgian Lions il y a quatre ans. Son premier objectif a été de qualifier la Belgique pour un cinquième Euro consécutif. Ce qu’il a réussi avec brio. Les Belgian Lions sont aussi toujours en lice pour une qualification historique pour le Mondial 2023. Son bilan est donc plus que positif jusqu’ici.

Mais la mission la plus difficile s’annonce maintenant dans un Euro de très haut niveau. "Je ne ressens pas de pression particulière. La seule pression qui existe est celle que je me mets moi-même. Depuis que je suis coach, le plus important a toujours été d’aider mes joueurs à devenir plus forts et de bonnes personnes."

Dario Gjergja, avec quel sentiment abordez-vous cet Euro ?

Je suis évidemment heureux qu’on soit là après un long parcours qui a commencé il y a quatre ans par un tour pré-qualificatif suivi d’un autre tour de qualification. Atteindre l’Eurobasket reste une super expérience pour notre pays et c’est important de pouvoir y prendre part le plus régulièrement possible pour continuer à lutter avec les meilleures équipes du continent. Quand on voit qu’un pays comme la Lettonie n’est pas représenté, on peut être fiers de figurer sur la liste des participants. Ce genre d’événement offre de la visibilité à notre nation et nos joueurs sur le plan international. Plusieurs joueurs ont pu acquérir des statuts importants au sein de leur club à l’étranger, comme par exemple Retin Obasohan ou Ismaël Bako. Ils vont pouvoir se mesurer aux meilleurs joueurs européens et c’est toujours intéressant. C’est une expérience bénéfique à la fois pour eux mais aussi pour l’équipe nationale.

Quels objectifs vous fixez-vous ?

Vu la qualité de la concurrence, on n’a pas d’autre choix que de prendre match après match et voir où cela nous mènera. Il ne sert à rien de se projeter, il faut rester réaliste et savoir à quel genre d’adversaires on a affaire. Dans ce genre de tournoi, avec cinq matchs en sept jours, il faut pouvoir passer à autre chose et tourner le bouton très vite après chaque rencontre. L’objectif sera de rester le plus consistant possible et éviter les passages à vide comme cela a parfois été le cas durant la préparation. Il est important aussi que chaque joueur connaisse son rôle et s’y tienne afin de créer la meilleure alchimie collective possible.

Comment avez-vous vécu le retrait de Sam Van Rossom juste avant le début de la préparation (NDLR : le club de Valence lui a fait signer un contrat d’un an à condition qu’il ne joue pas en équipe nationale) ?

Ce fut un gros coup dur pour nous d’apprendre son forfait. On a perdu un leader et un joueur d’expérience évoluant au haut niveau européen. Pour un pays comme la Belgique, c’est une grosse perte. Je peux en partie comprendre l’inquiétude de son club car Sam a maintenant 36 ans et il s’était blessé à l’entraînement lors de son dernier passage en équipe nationale au mois de novembre 2021. Mais je trouve néanmoins cela injuste de lui imposer cette condition quand on sait tout ce qu’il a donné à Valence ces neuf dernières années. J’aurais aimé que les dirigeants du club espagnol montrent un peu plus de respect envers lui en le laissant mettre un terme à sa carrière internationale via la grande porte en jouant un dernier beau tournoi, plutôt que d’y mettre fin de manière aussi soudaine. C’était à prendre ou à laisser, je trouve ça dommage…

Où en est-on dans le processus de développement de l’équipe nationale pour l’avenir ?

Le réservoir belge s’est agrandi ces dernières années mais il y a encore du travail à faire pour impliquer plus de jeunes talents dans le processus de l’équipe nationale si on veut continuer à rivaliser dans le futur. Veiller à investir dans l’encadrement est aussi important pour pouvoir continuer à grandir. Mais il faut que tout le monde soit sur la même longueur d’onde afin de dégager les moyens et la structure nécessaires au bon développement de nos joueurs. Je ne parle pas juste des Belgian Lions mais aussi des sélections de jeunes. Organiser des camps plus réguliers durant les vacances scolaires pourrait par exemple être une bonne piste de réflexion dans ce sens. C’est avec ce genre d’initiative que l’on peut optimiser le suivi et la progression des jeunes joueurs. On a besoin d’investir encore plus dans le processus de détection et de formation, y compris dans les clubs.

Justement, en parlant des clubs, comment jugez-vous l’évolution au sein de la ligue en Belgique ?

C’est dommage de voir le niveau général de la ligue baisser ces dernières années sans laisser la place suffisante aux jeunes belges. Prenez la génération U20, qui a réalisé de belles performances cet été (NDLR : la Belgique a terminé à la 8e place du championnat d’Europe A), ce sont des gars qui doivent maintenant avoir du temps de jeu dans leur club en division 1 pour passer des paliers. Voilà pourquoi je milite depuis longtemps pour qu’il y ait plus de clubs belges au sein de l’élite. Cela offre des places en plus pour les joueurs du cru. Mais encore une fois, il faut pour cela que tout le monde adopte une vision commune dans le but d’augmenter la qualité et la quantité des joueurs belges sur nos parquets. En outre, avec plus de joueurs belges sur le terrain, je suis persuadé que les spectateurs reviendraient plus nombreux dans les salles car ils pourraient s’identifier plus facilement au projet des clubs.

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