«J’ai toujours veillé à ce que ma fille garde les deux pieds sur terre»
Elle était à Washington pour suivre le titre WNBA remporté par sa fille. Sonja Tankrey, la maman d’Emma Meesseman, revient sur cet exploit. Cette ancienne joueuse internationale de basket-ball (élue joueuse de l’année en Belgique en 1982) est une personne clé dans la carrière d’Emma.
Publié le 14-10-2019 à 11h34
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Sonja, aujourd’hui, quel est votre sentiment sur ce qu’a réalisé Emma?
Beaucoup de fierté évidemment. Mais là je vous avoue que je suis très fatiguée, comme Emma. Une fois le match terminé jeudi dernier, j’ai ressenti un sentiment de grand vide. Toute la pression qu’on a eue durant cette période-là est retombée d’un seul coup. Les demi-finales ont également été très stressantes.
Quand êtes-vous arrivée aux États-Unis?
Je suis allée rejoindre Emma le 25 septembre, le jour où elle rentrait de Las Vegas après la victoire donnant accès à la finale. C’était juste avant le début de la finale. Je lui avais dit quelques semaines avant que si elle arrivait en finale, j’essayerais de venir. J’ai finalement assisté aux cinq manches.
Une Européenne qui remporte le titre de MVP en WNBA, c’est incroyable. Vous avez douté par rapport à cela en connaissant le sentiment très nationaliste des Américains?
Non je n’ai pas douté. Dans la salle, on entendait les gens scander le nom d’Emma pour le titre de MVP. Même Elena Delle Done (NDLR: élue MVP de la phase régulière), qui est la superstar des Mystics, trouvait que le titre devait revenir à Emma.
Vous avez pu avoir accès aux vestiaires au moment du titre ?

Au début, c’était bizarre. La sécurité était fort présente avec un cordon autour du terrain. J’étais à côté de la maman d’Elena Delle Done et je lui ai dit : «On va aller voir nos filles». Mais on n’a pas pu directement. On m’a d’abord répondu: «On n’a pas la preuve que vous êtes la maman d’Emma...» Finalement, on a pu approcher, mais pas dans les vestiaires. Ce qui était comique, c’est qu’ils avaient protégé les vestiaires avec du plastic pour les jets de champagne et toutes les joueuses devaient mettre des lunettes de ski pour ne pas prendre du champagne dans les yeux. Nous, en Belgique, on s’en fout de prendre du champagne sur la tête et en Belgique, on met aussi le coach dans la douche, là, cela n’existe pas.
Selon votre sentiment, Emma est plus fière de son titre en WNBA que son titre de championne d’Europe avec Ekaterinbourg ?
Pour moi, elle est aussi fière des deux. Le sentiment est le même. L’Euroligue reste une compétition très difficile avec un Final Four toujours compliqué. Et il ne faut pas perdre de vue que de nombreuses joueuses de WNBA jouent l’Euroligue.
Que préfère Emma, sa vie à Ekat’ en Sibérie ou celle à Washington ?
Emma adore Washington (NDLR: elle a d’ailleurs confié: «Après Ypres, ma ville, c’est Washington») et elle adore déambuler dans les rues. Mais elle aime aussi sa vie en Russie. Elle aime faire des sorties avec les Russes, elle arrive d’ailleurs aujourd’hui à parler un peu en russe. Et Emma est aussi fan d’escape room en Russie.
On a toujours mis en avant le côté humble d’Emma malgré ses titres. En tant que maman, vous avez toujours veillé à cela?
Il faut rester les deux pieds sur terre. Que tu sois une petite ou une bonne joueuse, tu as encore tant de choses à apprendre. Quand j’entends les parents demander à leur enfant combien de points ils ont marqué, je souris. Mais à quoi cela sert... Je m’offusque quand j’entends des parents donner de l’argent à leur enfant au point marqué. Ça ne sert à rien. C’est quand même mieux de gagner en équipe. Quand tu vois quelqu’un qui est libre sur le terrain, tu lui donnes la balle. Et c’est comme cela qu’on a toujours éduqué Emma.
Votre carrière de joueuse professionnelle vous a aidé par rapport à cela?
J’ai aussi toujours été comme cela. Tu vois des parents qui mettent leur enfant sur un piédestal et puis cela ne se passe pas comme prévu, et ils tombent de très haut. C’est dommage.