Les gymnastes de l'équipe nationale masculine font bloc en vue des Jeux olympiques de Paris : "On veut y envoyer un maximum de monde"
Rencontre au centre Adeps de Mons avec Maxime Gentges, Takumi Onoshima et Victor Martinez.
Publié le 04-04-2023 à 07h02
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Quatre jours après avoir passé un dernier test de sélection au centre Adeps de la Sapinette à Mons, Maxime Gentges (28 ans), Takumi Onoshima (23 ans) et Victor Martinez (20 ans) espèrent qu’ils feront partie de la sélection nationale pour l’Euro d’Antalya qui sera dévoilée ce mercredi après-midi. Les trois gymnastes francophones, que nous avons rencontrés, se savent évidemment à l’aube d’une année 2023 déjà décisive pour la participation de l’équipe masculine belge aux Jeux olympiques de Paris.
"Les compteurs sont remis à zéro !" lance Maxime Gentges, le plus expérimenté de la bande. "En Turquie, on doit faire partie du top 13 pour aller aux championnats du monde en équipe. J’ai fait toute ma préparation dans ce sens-là, c’est-à-dire en cherchant à maximiser mes points forts et en essayant de trouver des combinaisons avec d’autres gymnastes pour que la Belgique puisse présenter l’équipe la plus compétitive possible."

Le gymnaste de Malmedy qui, en dépit de finales en Coupe du monde à Doha et à Stuttgart, avait fait le choix de se faire opérer du ménisque dès l’an dernier afin d’être pleinement compétitif en 2023 ("et parce que cela me trottait dans la tête, j’avais de petites appréhensions lors de la réception"), a effectué "un simple retour" à l’occasion des Mondiaux de Liverpool en novembre dernier.
J'ai rarement été dans d’aussi bonnes conditions avant une compétition majeure.
"Et cette année, la saison a assez bien débuté, reprend Maxime Gentges. À Cottbus, contre des gymnastes qui jouaient leur place en inviduel à l’Euro et avaient leur pice de forme pour cette Coupe du monde, j’ai atteint une finale. Je savais que j’en avais le potentiel mais vu notre planification, c’était encourageant pour une première compétition."

Détendu, celui qui fait figure de grand frère pour la jeune génération estime "avoir rarement été dans d’aussi bonnes conditions avant une compétition majeure."
Et d’expliquer : "Les entraîneurs ont poussé mais sans aller au-delà de la limite, cela a été bien géré. La planification est très importante. Si on me demande de faire mes mouvements au maximum trois mois avant une compétitition majeure, j’en suis incapable. Ce n’est pas comme cela que ça se passe, il y a des cycles à respecter, avec la préparation physique notamment. On doit être souple, fort, léger et il faut combiner tout cela au même moment. Personnellement, j’ai fait une bonne préparation et j’ai l’impression que je monte en puissance de semaine en semaine. On sait qu’on a toutes nos chances de faire partie du top 13 et j’espère atteindre mon pic pour les championnats d’Europe."
Les qualifications individuelles et par équipe le même jour, c’est un peu mal foutu, je trouve. Mais bon c’est la réalité de notre sport !
Une compétition où il accepte tout à fait, "comme les autres gymnastes qui feront partie de l’équipe", de mettre un peu ses ambitions personnelles en retrait.
"Sur le concours général, j’aurais peut-être davantage de chance d’arriver à me qualifier mais notre ambition est d’aller aux Jeux en équipe, d’y envoyer un maximum de gymnastes et d’y faire des résultats. Pour amener ces résultats, c’est bien de travailler en équipe, que chacun se pousse. Personnellement, il n’est pas non plus certain que je participe en tant que généraliste aux Mondiaux, donc ça me ferme une porte de qualification pour les JO. C’est ce qui est un peu particulier dans notre sport, les qualifications individuelles et par équipe se déroulent le même jour, en même temps, alors que parfois on doit se mettre au service du collectif et qu’on ne peut pas participer au concours individuel. C’est un peu mal foutu, je trouve, mais bon c’est la réalité de notre sport !"
Takumi Onoshima, un régime qui marche fort
Le Bruxellois Takumi Onoshima a, lui aussi, vécu une année 2022 contrastée.
"J’avais fait une première finale à Stuttgart, un bon résultat, raconte-t-il. Ensuite pendant les tests de sélection pour les championnats d’Europe, je m’étais blessé au poignet, ce qui m’avait mis hors course. J’avais reçu une infiltration, ce qui m’a permis de continuer à m’entraîner. À Munich, j’étais réserve et malheureusement pour Victor, il s’est blessé lors de l’entraînement sur podium. J’ai donc été appelé la veille de la compétition. Ce qui, honnêtement, m’a aidé : j’étais venu avec ce que j’appellerais une non-préparation mentale et cela m’a enlevé la pression que d’habitude tout le monde s’impose. J’ai alors fait une de mes meilleures performances en compétition. L’équipe a su faire un top 12 et se qualifier pour les Mondiaux."

Une compétition que le gymnaste belgo-japonais a découverte à Liverpool.
"De manière générale cela s’est bien passé pour moi mais ce n’était certainement pas parfait. Je peux encore m’améliorer dans tous les domaines et c’est d’ailleurs le but poursuivi cette année. J’ai ressenti aux Mondiaux que j’avais une faiblesse au niveau physique, que je ne tenais pas assez sur le fond et j’ai entamé un régime alimentaire plus adapté avec une prise de masse. Je commence à en ressentir les effets bénéfiques."
Victor Martinez veut tourner le dos aux blessures
Des hauts et des bas, Victor Martinez en a connus, lui aussi, en 2022.
Après sa formation militaire fin 2021, début 2022 "pour pouvoir me consacrer ensuite à fond à la gymnastique", le jeune athlète sous contrat à la Défense a remporté un premier titre de champion de Belgique seniors, au mois de mai, à l’occasion de sa première participation.
"C’était l’événement marquant de mon année. Je n’étais pas parti pour gagner, je n’avais fait que quatre mois de préparation en repartant pour ainsi dire de zéro et c’était donc une bonne surprise ! explique-t-il. Mais je suis peut-être revenu un peu vite après ma formation militaire et c’est surtout cela qui a fait que les blessures sont arrivées."

Sélectionné dans l’équipe belge pour les championnats d’Europe de Munich, il n’a pu défendre ses chances en raison d’une blessure au dos.
"Cela a été vraiment compliqué à digérer mais c’est malheureusement un problème avec lequel je vis en permanence. J’ai toujours vécu avec un dos en carton. Ce n’est pas oublié, il faut que je gère cette fragilité dont je souffre et qui m’a suivi pendant toute mon adolescence. La solution ? Énormément de gainage et de stretching."
J’ai toujours des hauts et des bas avec mon dos mais je peux revenir sur les six agrès à fond.
Son objectif de revenir en forme avant les saisons 2023 et 2024 a toutefois été atteint.
"Ma blessure m’a un peu freiné dans ce processus mais le reste n’était pas mal. J’ai toujours des hauts et des bas avec mon dos mais je peux revenir sur les six agrès à fond. Si je suis au top de ma forme, mes performances aideront forcément l’équipe. Je suis tout le temps dans la gestion, dans la prévention. Ce n’est pas simple mentalement, non, mais je ne suis pas le seul à gérer cela, on y réfléchit en équipe."
Une notion qui semble être le mot d’ordre pour le restant de cette saison dans l’optique des Jeux olympiques...