Jean-Michel Saive préface les Jeux de Paris: “C’est magnifique de voir deux athlètes de pays rivaux s’enlacer”
À 500 jours du début des Jeux de Paris, Jean-Michel Saive, président du COIB, a fait le point pour nous.
Publié le 14-03-2023 à 08h36
Depuis l’intronisation de Jean-Michel Saive à la présidence, en septembre 2021, et l’engagement de Cédric Van Branteghem comme CEO, quelques modifications décoratives de très bon aloi ont été apportées au QG du Comité Olympique et Interfédéral Belge. Quelques retouches ont été opérées pour augmenter la dimension sportive des lieux. Il y a d’abord ce “Wall of Fame”, véritable tableau noir, où toutes les gloires, qu’elles soient belges ou pas, peuvent laisser leur signature. Il y a aussi cette table de ping-pong jaune sur laquelle on peut voir de chaque côté du filet un dessin représentant Jean-Michel Saive. “Ce n’était pas mon intention. Je n’ai pas un tel ego, sourit l’ancien pongiste. C’est une initiative de Cédric.”
Ça donne un certain cachet à l’endroit. “Oui, et puis ça permet au personnel de faire des parties de temps en temps, même si la couleur jaune ne permet pas de bien voir la balle”, poursuit-il en fin connaisseur.
Le tableau reprenant le nom de tous les médaillés olympiques belges est, lui, toujours bien présent dans le hall d’entrée. Puis, il suffit de lever la tête pour voir l’horloge qui décompte le temps restant jusqu’aux Jeux olympiques. Enfin, la pièce où Jean-Mi donne ses interviews a été aménagée “pour que l’on sente bien la riche histoire de cette institution”, précise-t-il. Au mur, on peut voir des photos de tous les anciens présidents du COIB. “C’était important pour moi de bien montrer que tous ces hommes ont compté dans le sport belge. Quand je lève la tête, je les vois tous et ça augmente ma responsabilité.”
C’est dans cette pièce que Jean-Michel Saive va nous parler pendant une heure du présent, mais aussi et surtout du futur. “Je ne suis pas du genre à contempler ce qui est fait. J’ai davantage le regard tourné vers l’avenir”, ajoute-t-il.
Nous voilà à 500 jours du début des JO de Paris 2024. Estimez-vous qu’il reste peu ou beaucoup de temps ?
”On pourrait se dire que l’on est encore très loin. Mais quand je vois à quelle vitesse tout va, disons que l’on sera très vite à Paris. Je ne sais même vous si Paris est plus proche que Tokyo est loin. On a à peine eu le temps de digérer les Jeux d’hiver 2022 qu’il faut déjà se projeter sur la prochaine échéance. Donc, ça va aller très vite. Ce cycle est très particulier. Il ne dure que trois ans et a été pas mal chamboulé avec la pandémie de Covid. Globalement, on n’a pas eu le temps de respirer. Habituellement, dans un cycle normal de 4 ans, l’année qui suit les Jeux est un peu calme. Ici, rien de tout ça. Que ce soit pour les athlètes, bien sûr, mais aussi pour le COIB. Il y a eu mon élection, puis l’arrivée de Cédric, il a fallu tout mettre en place dans le contexte compliqué que l’on connaît. Et début mars, nous avons fait un team-building de deux jours à Malines avec tous les membres du Conseil d’administration. Ce genre d’initiatives me semble primordial parce que nous formons une équipe. C’est ma conception du COIB et c’est également celle de Cédric. Lui et moi avons pratiqué un sport individuel dont nous nous sommes servis pour obtenir des résultats en équipe ou avec un relais.”
Avez-vous déjà hâte d’être à Paris 2024 ?
”Oui, mais en même temps le chemin pour y arriver s’annonce très excitant à plein de niveaux. 2023 est une année charnière pour les sportifs. Pour beaucoup, c’est l’année où il faut aller chercher sa qualification ou un bon classement mondial pour s’ouvrir les portes des Jeux.”
Comme voyez-vous votre rôle en tant que président du COIB par rapport aux sportifs jusqu’à Paris 2024 ?
”Je dois pouvoir être présent pour eux sans être trop pesant. C’est une question du juste milieu à trouver parce que certains athlètes demandent beaucoup d’attention et d’autres préfèrent rester dans leur bulle. Mais ils savent tous qu’ils peuvent compter sur Cédric et moi quand ils en ont besoin. Nous avons vécu les Jeux comme acteurs et savons, donc, de quoi nous parlons. Nous veillons aussi à organiser des stages pour eux. Il y a ceux des jeunes, à Vittel notamment, celui de Belek pour les Jeux d’été et, en septembre, nous organiserons pour la première fois un stage réservé aux sports d’hiver en… hiver. Il aura sans doute lieu en Norvège.”
Le prix des places pour les Jeux de Paris est trop élevé ? Voici comment on peut aussi voir les JO gratuitementQuels sont les grands dossiers à mener à bien avant les Jeux de Paris ?
”Il y aura d’abord les Jeux Européens à Cracovie avec une grosse centaine d’athlètes belges. Pour pas mal de sportifs, ce sera une échéance importante sur la route des Jeux. En juillet, il y aura les EYOF d’été à Maribor. Puis, il y aura les différents stages que nous organisons, dont celui de Belek. Et puis, il faudra finaliser le projet de la Belgium House à Paris. Ça fait déjà beaucoup, mais il ne faut pas oublier d’autres projets en Belgique.”
Vous parlez du stage annuel à Belek. En quoi est-il plus important pour les athlètes l’année qui précède les Jeux ?
”Je ne sais pas s’il est plus important que les autres années. Ce qui fait sa force, c’est qu’il est récurrent. Les athlètes et leurs coachs sont demandeurs, parce qu’il y a une émulation naturelle en partageant sa propre expérience avec des athlètes qui pratiquent d’autres disciplines. Ce contact, ce partage est fondamental. Il permet de côtoyer des gens venus d’autres horizons, comme c’est le cas aux Jeux. Et puis, il y a des choses à prendre et à apprendre des autres. Dans ce genre de stages, les gens se tirent vers le haut.”
Avez-vous déjà vu des installations sportives des Jeux 2024 ?
”Non. En revanche, je suis allé voir l’endroit où nous aurons la Belgium House, qui sera un endroit clé pour toute la délégation belge et les supporters. Heureusement, malgré le Covid, nous avons pu aller voir différentes possibilités et choisir les salons Hoches. Londres 2012 est la référence car la Belgium House y avait été élue meilleure ‘maison d’un pays’ par la BBC. À Paris, il y aura un engouement colossal.”
Cet engouement ne s’oppose-t-il pas à un frein, celui du prix des places pour assister aux Jeux de 2024 ?
”Peut-être, mais ce n’est pas si simple. Pour moi, c’est très bien que le CIO ait pris une seule plate-forme mondiale pour gérer tout ça. Avant, c’était un peu l’anarchie et il y avait pas mal de dérives avec certains comités olympiques. Effectivement, il faut être bien informé et bien suivre la procédure sinon on peut s’y perdre.”
Mais il faudra être riche pour assister à ces Jeux ?
”Oui et non. Il y a quand même des prix abordables. Et n’oublions pas que certains sports seront gratuits. Le Comité organisateur ne peut pas brader les prix non plus. Comme l’a rappelé Tony Estanguet, les Jeux sur le sol français, c’est une fois tous les cent ans. Les frais d’organisation sont également colossaux. Et puis, si vous allez dans un parc d’attractions, cela vous coûtera des sous aussi… Au COIB, nous sommes encore en négociation avec le Comité organisateur pour l’achat de places.”
En tant que président du COIB, quelle est votre position par rapport à une éventuelle participation des athlètes russes sous bannière neutre ?
”C’est un épineux dossier parce que, en plus, nous sommes européens. Mais l’essence même du mouvement olympique est de contribuer à la paix par le sport, que tous les athlètes puissent participer aux Jeux quelle que soit leur nationalité. C’est magnifique de voir deux athlètes issus de pays dont les rapports sont tendus s’enlacer après une compétition.”