Le dopage existait déjà aux JO d’Olympie
À travers l’enquête menée par un Alexandrin, «Meurtre aux Jeux olympiques» écrit par Violaine Vanoyeke raconte avec brio les premiers jeux antiques.
- Publié le 27-07-2016 à 08h01
Venus des différentes cités grecques, et de plus loin encore, les athlètes qui vont s’affronter aux jeux d’Olympie s’entraînent pendant un mois dans la ville neutre d’Elis, dans le Péloponnèse. Rosalis, responsable de Victoire, une école des sportifs d’Alexandrie, disparaît soudainement. Les soupçons d’Alexandros, l’enquêteur, et du chef de la police, Raminos, se portent sur son compagnon, Costas. Qui affirme qu’elle est rentrée en Égypte, les femmes ne pouvant être présentes sur le sol olympique. Mais alors pourquoi, son singe Kipiou, qui ne la quitte jamais, est-il resté sur place?
Mêlant ses héros fictifs à d'autres réels – le pharaon égyptien Ptolémée II Philadelphe ou Bilistiché, une athlète prestigieuse qui fut sa compagne –, Meurtre aux Jeux olympiques recrée avec précision et passion ces jeux antiques qui rassemblent différentes disciplines. Et où il est – déjà – question de surentraînement, de tricheries et même de dopage, ainsi que de transferts de sportifs entre clubs.
Violaine Vanoyeke, quelles ont été vos sources?
Depuis trente-cinq ans, je récolte lors de fouilles de la documentation des objets, des bas-reliefs, des stèles, etc., autour du sport. Dans l’Antiquité, quatre grands jeux sont organisés alternativement. À Olympie, on a retrouvé des haltères de différentes formes, à Corinthe, un système de départ assez sophistiqué, à Némée, des bas-reliefs représentant des femmes dans des courses de chars, et à Delphes, des listes de vainqueurs de ces compétitions parmi lesquels figure le nom de la fille du roi de Spartes. On savait qu’à Olympie, des courses féminines avaient lieu en septembre, trois mois après les masculins. On apprend donc que les femmes participent à d’autres types d’épreuves.
Pourquoi les jeux d’Olympie se sont-ils imposés?
Au IIIe siècle avant J.C., époque à laquelle se situe mon livre, le monde du sport s’est professionnalisé. Alexandrie, la cité la plus importante, mise d’avantage sur Olympie que sur les autres jeux. Et c’est là que se rendent les rois, empereurs, savants, etc. Les installations et les épreuves sont aussi les plus nombreuses. Et contrairement à Delphes, seule concurrente sérieuse, son accès est très aisé.
Pourquoi les athlètes concourent-ils nus?
L’explication la plus fréquente est liée au premier vainqueur de la course du stade, la plus prestigieuse, qui, en courant, a perdu son pagne. On y a vu un signe des dieux et il a été décidé que tous les athlètes seraient nus. Les entraîneurs l’étaient également depuis que Kallipateira s’était habillée en homme pour assister à la victoire de son fils. Mais en se précipitant sur le stade, elle avait perdu son déguisement.
Il est question de tricheries, de dopage, etc. Rien de vraiment nouveau aujourd’hui.
Dès que Solon, au VIIIe siècle avant J.C., a décidé de récompenser royalement les vainqueurs, toutes les magouilles ont commencé. On a trouvé des tentatives de dopage avec des épices, des herbes ou du sésame donné à ses chevaux, ce qui entraînait l’exclusion, voire même la condamnation de l’athlète. On a aussi l’exemple d’un excellent coureur qui, corrompu pour de l’argent, s’est laissé dépasser par ses concurrents.
Violaine Vanoyeke, «Meurtre aux Jeux olympiques», Le Masque, 288 p., 6,90€