Où s’arrêtera la folle ascension du perchiste Armand Duplantis ? “Je veux hisser le record du monde le plus haut possible avant la fin de ma carrière”
À 23 ans, le Suédois vient d’établir son septième record du monde à Eugene. Et sa marge est encore importante.
- Publié le 18-09-2023 à 19h16
- Mis à jour le 18-09-2023 à 19h19
Avec l’Éthiopienne Gudaf Tsegay, qui a déjà pris à Faith Kipyegon le record du monde du 5 000 m établi en juin à Paris (14.00.21), Armand Duplantis a été le grand protagoniste de la seconde journée des finales de la Diamond League à Eugene. Le perchiste a ajouté un centimètre à son record du monde, ce dimanche, et on ne peut vraiment pas dire qu’on n’avait pas vu sa performance arriver.
L’athlète de 23 ans, auteur de son premier record planétaire de l’année (6,22 m) lors d’une compétition en salle le 25 février à Clermont-Ferrand, avait en effet tenté de franchir 6,23 m dès le 4 juin, à Hengelo, lors de sa deuxième sortie de l’été.
Des 17 records de Bubka au 6m23 de Duplantis: l’évolution du record du monde du saut à la perche (infographie)Il s’y est à nouveau essayé le 2 juillet à Stockholm, puis encore le 26 août aux Mondiaux de Budapest, le 31 août à Zurich et le 8 septembre à Bruxelles, où il a échoué de très peu.

Avant donc de parvenir à ses fins dans l’Oregon où les conditions atmosphériques (22°C, 51 % d’humidité et peu de vent) étaient idéales et où il a trouvé rapidement les bons réglages techniques.
Le plus américain des Suédois (il possède les deux passeports), qui aurait voulu offrir un record du monde aux spectateurs du Mémorial Van Damme, a tiré les leçons de ce qui avait joué contre lui ce soir-là : en réduisant son concours au nombre minimum d’essais (pas de 5,92 m ni de 6,10 m tentés comme au stade Roi Baudouin), Magic Mondo s’est donné toutes les chances de réussir.
Les choses sont plus faciles quand on peut se présenter frais face au record du monde.
Et, après avoir effacé 5,62 m, 5,82 m et 6,02 m comme à l’entraînement, il en a été récompensé dès le premier essai à 6,23 m, même si la barre a tremblé après l’avoir touchée légèrement avec les genoux.
La magie d’Hayward Field
”C’était une compétition plus courte et donc plus agréable pour moi, explique le champion olympique en titre, qui est coaché par ses parents Greg et Helena. Les choses sont plus faciles quand on peut se présenter frais face au record du monde. Le format de cette finale de Diamond League (NdlR : sept perchistes en lice, dont notre compatriote Ben Broeders, 6e avec 5,52 m) était idéal pour moi et j’ai signé de très bons sauts.”
L’inspiration qui avait guidé Duplantis vers son premier titre mondial, en 2022 dans la magnifique enceinte d’Hayward Field réputée pour sa magie et où il avait franchi 6,21 m, ne l’a pas quittée pour son retour dans la petite cité universitaire.
”C’est une combinaison de plusieurs facteurs, mais cette enceinte a absolument tout : le côté historique, la touche moderne, la piste est vraiment rapide, la foule et l’énergie sont fantastiques. Tout cela correspond à ce dont j’ai besoin pour pouvoir battre le record du monde”, reprend le natif de Lafayette, en Louisiane, qui affiche désormais des épaules bien arrondies et quelques kilos de muscles en plus par rapport à ses débuts chez les seniors.
Façon Bubka
Armand Duplantis, qui n’a pas pour autant perdu ses qualités de vitesse, compte désormais sept records du monde à son compteur, ouvert le 8 février 2020 avec un saut à 6,17 m lui permettant de succéder à l’une de ses idoles, Renaud Lavillenie. Une évolution centimètre par centimètre, à la façon de Sergueï Bubka, qui lui rapporte gros et lui permet surtout, vu son âge et sa facilité technique, d’envisager de franchir un jour 6,30 m.

”Ma limite se situe encore plus haut, a-t-il indiqué après avoir reçu le trophée de vainqueur de la Diamond League. J’espère que je pourrai continuer à bien sauter et à faire monter la barre toujours plus. D’ici à la fin de ma carrière, je veux hisser le record du monde le plus haut possible, aussi haut que je peux sauter.”
Pour l’instant, je ne pense vraiment à rien d’autre qu’à profiter de ce moment.
Chez lui qui pratique la discipline depuis l’enfance, le saut à la perche est en quelque sorte une seconde nature.
”J’aime tellement le saut à la perche, et depuis tellement longtemps, sourit Duplantis. Si je suis capable d’amener la discipline à un autre niveau et si je peux attirer autant d’yeux que possible en sautant haut, alors j’aurai réussi ma part de boulot. Je suis content d’être là où je me trouve actuellement et je vais continuer à bâtir là-dessus. Mais, pour l’instant, je ne pense vraiment à rien d’autre qu’à profiter de ce moment et de ce que je viens de faire. C’est une formidable manière de terminer la saison !”
Et une belle façon aussi pour lui de se préparer à l’année olympique qui arrive…