Lespagnard: « Nafi peut encore progresser dans toutes les disciplines »
Thiam entre en lice dimanche, à Eugene. Roger Lespagnard, son coach, nous apporte son éclairage.
Publié le 16-07-2022 à 06h00
:focal(2464x1651:2474x1641)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/2NMRU2V3IBFPNPBN5IRMJD477A.jpg)
Pas facile de trouver ses marques sur un campus universitaire aux multiples bâtiments grouillant d’athlètes. Mais à l’impossible nul n’est tenu et Roger Lespagnard, au lendemain de son arrivée à Eugene, a accepté de nous rencontrer afin d’évoquer l’heptathlon de Nafi Thiam, qui débutera ce dimanche. En évoquant, en détail, chacune des sept épreuves qu’elle disputera.
100m haies
"Vous le savez: Nafi, estimant devoir pousser un peu plus, a voulu adapter son départ et passer en sept foulées au lieu de huit. J’ai essayé de lui faire comprendre que ce serait peut-être difficile et qu’il n’était pas question de faire marche arrière trois semaines avant les championnats, mais elle a tenu bon. Elle n’est pas mauvaise sur les haies. Le problème, c’est qu’elle a de grandes jambes et quand tu pars en longues foulées, il te faut un certain temps pour trouver le rythme. On verra bien ici si ce changement était positif. En tout cas, 13.50 comme meilleur résultat après quatre courses, ce n’est pas si mal que ça. Son record (13.34) a cinq ans, c’est vrai, mais le problème c’est qu’on ne peut pas tout travailler. Si elle fait 13.50 ici, je serais bien content."
Saut en hauteur
"Un record personnel à 2,02m, c’est exceptionnel. Et c’est donc aussi très embêtant parce qu’avec son dos, on n’a pas pu faire les exercices que nous voulions faire en charge de travail. Mais je respecte toujours ce que dit le corps médical car je ne tiens pas à ce que Nafi ne puisse plus bouger le dos pendant un mois ou deux, ce qui ruinerait notre programme. On s’est adapté, on a fait des exercices un peu différemment. A-t-elle atteint sa limite dans cette épreuve? À partir du moment où son dos la laisse tranquille, elle peut faire mieux, techniquement parlant. Mais ici elle ne le fera pas. Vu les circonstances, et un petit déficit de force pure, elle devrait tourner autour de 1,95m, une performance qui me contenterait."
Lancer du poids
"Dans cette épreuve, son problème de dos n’est pas un souci parce qu’on est placé et qu’on n’a pas mal. Il faut savoir qu’on lance avec les jambes. Mais son petit déficit de force fait qu’elle compense un peu avec les bras. Elle n’a pas fait de poids en compétition cette année, mais elle a lancé à l’entraînement et elle a fait de bonnes performances sans intention d’aller à fond. Son record (indoor) est de 15,52m mais elle peut faire un jour 16 mètres. Sans ses bobos de tendons notamment, elle aurait d’ailleurs déjà pu le faire."
200m
"En janvier, Nafi a souffert d’une petite déchirure de 6 ou 7 millimètres à l’arrière de la cuisse, lors du stage à Tenerife. On croit que ce n’est rien du tout mais il faut quand même faire attention pendant trois semaines! De ce fait elle a fait beaucoup de volume de course, vu qu’elle ne pouvait pas aller plus vite. Fin mai, elle a égalé son record de 24.37 à Oordegem. Je pense qu’elle peut encore gagner un dixième. Ce serait très bon: un dixième, c’est 10 points de gagnés. Et donc 60 unités par rapport à ce 24.90 des JO de Tokyo où il me semblait pourtant qu’elle avait bien couru. Elle a confiance aussi dans son 200m."
Longueur
"Elle a fait 6,63m sous la pluie cette année, elle peut donc faire 6,70m ici à Eugene. Nafi a un record à 6,86m, c’est une épreuve qui la motive! Elle peut faire 7m un jour, c’est certain. Elle a la vitesse. Mais il faut que tous les petits soucis qu’elle a rencontrés disparaissent."
Lancer du javelot
"C’est l’une de ses épreuves fortes, dans laquelle elle est bien et en confiance. Elle a un beau record, à 59,32m, et elle a lancé à 54 mètres sans problème à Tokyo. En travaillant très sérieusement la musculation des bras notamment, elle peut faire un jour 61 ou 62 mètres."
800m
"Avant, elle courait mais ne sentait pas bien en combien elle passait. On a fait tout un travail qui correspond à ce qu’elle voulait et elle est maintenant motivée par le fait qu’elle sait ce qu’elle doit faire. Ça lui plaît beaucoup. Elle n’a plus peur de partir parce qu’on sait que si elle passe dans ces temps-là, ça doit aller. Elle a compris qu’il fallait courir le plus naturellement possible. Son record est de 2.15.24, un chrono qu’elle a approché à Tokyo, mais elle pourrait faire 2.12 si les circonstances de la compétition l’exigeaient. Mais bon, il ne faut quand même pas se tuer pour rien (rires)!