Steve Darcis, capitaine de Coupe Davis, vu par sa maman: "C’est mérité après tout ce qu’il a donné pour l’équipe"
La maman de Steve Darcis, Marie-Agnès Thunus, évoque le parcours du nouveau capitaine de Coupe Davis.
- Publié le 14-09-2023 à 13h00
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Marie-Agnès Thunus est la maman de Steve Darcis, M. Coupe Davis, devenu capitaine de l’équipe belge. À l’occasion du barrage du groupe mondial I contre l’Ouzbékistan, ce week-end à Hasselt, Darcis va enfiler son nouveau costume pour la première fois. Sa maman évoque ce lien particulier de son fils avec la Coupe Davis.
Marie-Agnès, que représente pour vous et pour Steve ce premier match comme capitaine ?
C’est un peu présomptueux ce que je vais dire, mais c’est la rançon de la gloire. C’est mérité après tout ce qu’il a donné pour l’équipe nationale et l’esprit qu’il a véhiculé pendant des années. Avec ses performances, il est parvenu à créer un engouement autour de lui et de l’équipe. Le voir revêtir le costume de capitaine est donc logique.
D’où vient cette histoire d’amour avec la Coupe Davis ?
On n’en a jamais vraiment parlé. Sa première sélection en 2005, c’était un grand honneur pour lui. Avec les bons résultats réalisés dans cette compétition, souvent lors de matchs décisifs, la Coupe Davis a pris de plus en plus d’importance dans son esprit. Et de notre côté, nous avons joué à fond notre rôle de supporters. D’abord pour venir voir Steve puis aussi à la demande du regretté Julien Hoferlin qui, comme capitaine, souhaitait voir son équipe soutenue.
Quand Steve jouait pour la Belgique, sentiez-vous que c’était quelque chose de spécial pour lui ?
Oui, à chaque fois. Vous pouvez relire toutes ses interviews, il dit toujours qu’il a tout donné pour son pays et c’est la vérité. Quand il était en Coupe Davis comme joueur, il était transcendé, il aimait la vie de groupe. La présence des fans l’aidait aussi. Quand il était en compétition le reste de l’année, il était seul face au monde, aux adversaires. En Coupe Davis, c’était différent.
Y a-t-il une rencontre forte, émotionnellement ?
C’est bizarre, celle que je retiens est la plus pénible. La finale contre la France à Lille (en 2017). Comme responsable du groupe des supporters, j’avais eu beaucoup de travail au niveau de la préparation. L’investissement en temps et en énergie fut très important. Et quand Steve s’incline dans le match décisif contre Lucas Pouille (6-3, 6-1, 6-0), ce fut un très laid moment pour moi. Pour Steve, ce fut horrible. Cela va au-delà de la défaite, c’est la manière dont cela s’est passé. Il ne méritait pas d’en arriver là, de vivre une telle expérience. Comme maman, on connaît des moments difficiles quand son fils perd, mais à Lille, ce fut vraiment compliqué.
Pensez-vous que Steve sera stressé ce week-end ?
Oui je pense. C’est une nouvelle fonction où il va devoir coacher des gens avec qui il a joué. Humainement, il va apporter beaucoup. Il aura des copains sous ses ordres. Mais je trouve qu’il a pris de la bouteille dans sa manière de travailler. Je ne sais pas si Steve a contacté Johan Van Herck pour demander des conseils, mais ce qu’il a retenu, c’est qu’il n’y a eu aucune discussion concernant son nom. Il a fait l’unanimité.
Était-ce difficile pour la maman que vous êtes de voir son fils être frappé si souvent par les blessures ?
Vous savez, quand on est blessé on est seul au monde et Steve s’est souvent retrouvé seul au monde. Combien de fois je l’ai entendu dire, je suis encore blessé. Pourquoi a-t-il été aussi souvent blessé ? Je ne sais pas. Il se soignait, il n’était pas dans l’excès. J’ai toujours trouvé cela injuste. Parfois il revenait de plusieurs semaines de rééducation et il rechutait après quelques matchs. Il a vu des dizaines et des dizaines de kinés. Il a souvent dit, j’en ai marre, j’arrête. Cela durait dix minutes puis il repartait. Ces blessures ont écourté sa carrière. Le jour où il a dit stop, il l’a choisi tout seul. On ne l’a pas influencé.
Avec le recul, vous n’avez aucun regret par rapport à tous les sacrifices effectués ?
Aucun. Mais je suis persuadée qu’une partie de la réussite d’un joueur vient du soutien de sa famille. Si on ne l’avait pas suivi ou soutenu, je ne suis pas certaine qu’il aurait percé. Rien qu’au niveau de l’intendance. Le conduire à gauche à droite, préparer ses affaires, faire tourner des machines au milieu de la nuit, corder ses raquettes, coudre ses badges, m’occuper de ses notes de frais… Vous savez, j’avais une machine à laver juste pour les vêtements de Steve.
Il se sent bien dans son rôle d’entraîneur des plus de 18 ans à l’AFT ?
Je l’espère. Parfois je le trouve très exigeant avec ses joueurs. Mais il reproduit ce qu’il a connu. Julien Hoferlin pouvait se montrer très dur avec Steve, tout comme Yannis Demeroutis. Je vais vous raconter une anecdote. On était au tournoi des petits as à Tarbes et Steve fait le merdeux sur le terrain en jetant sa raquette une fois et en lançant un gros mot. Après le match, Julien me dit de donner à Steve les plus vieux vêtements qu’on a dans les valises. Il part avec lui et revient deux heures plus tard. Je n’ai pas reconnu Steve, c’était un tas de boue. Julien l’avait fait ramper dans la gadoue pour le punir.