Marie Benoit à Roland-Garros, c’est le jour J: "Je me suis battue pour y prendre part"

Ce mardi 23 mai 2023, la joueuse de tennis Marie Benoit (Eupen, arrondissement de Verviers) disputera le premier tour des qualifications pour Roland-Garros à Paris, face à la Russe Erika Andreeva (18 ans). Interview avec la Belge, 221e mondiale (WTA).

Marie Benoit.
Marie Benoit. ©Ennio Cameriere

Grâce à son excellent début de saison qui l’a notamment emmenée vers la victoire dans le 60000 dollars de Vero Beach (États-Unis) en janvier, Marie Benoit a obtenu son billet d’entrée pour les qualifications de Roland-Garros. À 28 ans, la joueuse soutenue par la Fondation Hope and Spirit entend bien profiter au maximum de sa deuxième visite sur les courts de la Porte d’Auteuil. "Je me suis battue pour y obtenir ma place et j’ai hâte d’y rejouer après l’édition 2021 qui s’était disputée sans public et sous d’autres conditions à cause du Covid. Cette fois-ci, je n’ai pas pu jouer de tournoi préparatoire en raison d’un pépin physique. C’est un peu embêtant parce qu’il a fallu adapter mon programme mais cela fait partie du sport. Je serai prête pour Roland-Garros", nous expliquait l’Eupenoise il y a quelques jours. Entretien.

Vous êtes actuellement 221e au ranking mondial après avoir effectué une première pige dans le top 200 il y a quelques semaines encore. Est-ce que ce cap est plutôt symbolique ou compte-t-il vraiment pour vous ?

Cela fait plaisir de passer en dessous de la barre du top 200. Mais, pour moi, ça signifie surtout les qualifications des tournois du Grand Chelem. Donc, ça engendre quelque chose de positif. Maintenant, si je suis 201e ou 190e, ça ne change rien. Les adversaires seront toujours aussi dangereuses.

Avez-vous l’impression d’avoir passé un palier cette saison ?

Oui, je pense. J’ai retrouvé plus de stabilité, et j’apprends de plus en plus sur moi-même. Je suis aujourd’hui bien entourée au sein d’une équipe qui me plaît.

Le reste de l’année, vous évoluez sur le circuit secondaire. Est-ce facile, notamment sur le plan financier ?

Ce n’est pas facile tous les jours, à moins de gagner des 25000 ou des 60000 dollars chaque semaine (rires). Il est clair que quand on dispute des tournois du Grand Chelem, on obtient des rentrées financières un peu plus sûres. Personnellement, je ne peux pas me permettre de prendre un manager, par exemple. On s’occupe donc de ses voyages soi-même et de toute l’organisation annexe comme les réservations d’hôtels. Mais je suis bien soutenue par la fondation et par mon club d’Eupen. Je leur en suis reconnaissante. Au-delà de l’aspect financier, c’est aussi les rassemblements, le partage, l’aide humaine offerte qui est parfois plus importante que l’aspect financier.

Serez-vous accompagnée sur place ?

Il y aura mon coach ainsi que d’autres membres de l’équipe car Roland-Garros est proche et donc accessible. Mes parents et mes deux frères feront également le déplacement. J’ai hâte de pouvoir partager ces moments avec des personnes qui me tiennent à cœur. Je veux en profiter à fond et savourer l’expérience parce que j’ai travaillé dur pour y être.

Vous allez à Roland-Garros avec de réels objectifs de qualification pour le tableau principal ?

Bien sûr ! Maintenant, la saison s’étale sur onze mois. Le travail doit continuer quoi qu’il arrive. Le tournoi de Roland-Garros est une période jouissante de l’année mais ce n’est pas une finalité. Derrière, il y aura aussi Wimbledon ; puis, il faudra encore assurer quelques points pour l’US Open. Je n’oublie pas cependant que c’est grâce aux autres tournois disputés le reste du temps que tu arrives en Grand Chelem. Toutes les compétitions sont importantes et il faut être performant toute la saison.

Qu’attendez-vous de Roland-Garros 2023 ?

Profiter des moments passés sur le court mais aussi de mon temps libre avec mes proches et les gens que je connais à Paris. Tous les tournois du Grand Chelem ont du charme mais Roland-Garros, en plus d’être sur terre battue, ça me ramène à mes souvenirs d’enfance. C’était un peu le seul tournoi que l’on pouvait suivre à la télévision. Même s’il fallait étudier… (sourire).

Son entraîneur: "Elle a des armes et doit en prendre conscience"

On a interrogé Xavier Le Gall, le coach de Marie Benoit, sur les progrès réalisés par sa protégée ces derniers mois.

"La progression est significative en termes de classement, note le Français. Mais, au-delà, ce qui est intéressant, c’est qu’elle a évolué en termes de niveau de jeu. C’est la conséquence de pas mal de changements dans sa structure d’entraînement, dans son style de jeu. L’été dernier, il y a eu aussi une grosse remise en question de sa part. À l’époque, elle n’était pas loin de tout stopper. À partir de ce moment, elle a pu progresser. Doucement mais sûrement. On a exploré pas mal de nouvelles pistes au niveau de son agressivité sur le court, dans ses frappes mais également sur le plan tactique. Les premiers résultats intéressants sont tombés en fin de saison passée, comme son titre à Coxyde et sa finale à Eupen. Ces résultats se sont confirmés avec deux titres cette saison, dans un 60000 dollars et un 25000. En dehors du tennis, elle a aussi trouvé une certaine stabilité."

Marie Benoit doit maintenant capitaliser sur tout le travail réalisé. "Elle doit s’affirmer et prendre confiance en elle, en ce qu’elle fait. Elle a des armes ; il faut qu’elle en prenne conscience et qu’elle les applique en match pour aller titiller les meilleures. Sur le terrain, elle doit se montrer plus agressive, oser frapper plus fort, mettre plus d’intensité physique et affirmer son jeu de gauchère."

Et Xavier Le Gall, par ailleurs président et directeur technique de la Fondation Hope and Spirit, de souligner que Marie Benoit mérite ce qui lui arrive. "Il y a eu beaucoup d’investissement personnel de sa part, financier aussi. Certains ne la voyaient pas aller aussi loin. La Fondation, Daniel Meyers et moi-même croyons en elle."

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