"C’est aussi beau de gagner sans être le plus fort"
Wout van Aert a pris la mesure de Mathieu van der Poel et de Tadej Pogacar après une course magnifique.
Publié le 24-03-2023 à 21h10 - Mis à jour le 24-03-2023 à 21h35
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Comme l’an dernier, Wout van Aert a enlevé le Grand Prix E3, obtenant son premier succès sur la route depuis le 28 août, à la Bretagne Classic. Une lacune comblée après sept mois et qui tombe à pic, neuf jours avant le Tour des Flandres, qui reste, avec Paris-Roubaix, le grand objectif de son printemps.
Il y a 12 mois, le coureur de Jumbo-Visma, qui avait terminé sur la ligne d’arrivée à Harelbeke en compagnie de son équipier Christophe Laporte, dégageait une impression d’invincibilité. Pourtant, quelques jours plus tard, il avait été rattrapé par la Covid-19 et ses rêves s’étaient envolés.
Cette fois, van Aert n’était pas le plus fort, van der Poel et Pogacar l’ayant mis en difficulté notamment sur les pentes du Vieux Quaremont. Mais il s’est imposé malgré tout.
"C’est différent en effet, disait-il. L’an dernier, j’étais plus au sommet de ma forme et une seule attaque avait décidé de la victoire. En plus, nous étions arrivés à deux. Cette fois, c’était plus sur la défensive mais c’est aussi beau de gagner sans être le plus fort."
Cette victoire, van Aert l’a acquise notamment parce que, contrairement à ce qui s’était produit lors du Tour des Flandres 2020 ou au Mondial de cyclo-cross, début février, il a lancé lui-même le sprint et de loin.
"Pas si loin que cela, aux 250 mètres, je pense, mais nous avions le vent dans le dos, ça a été rapide", souriait-il après coup.
Deviendra-t-il, dimanche prochain, le 13e à réussir le doublé G.P. E3-Ronde la même année ? "Je suis bien placé pour savoir que ce n’est pas une garantie de succès dans une semaine, disait van Aert après la course. J’aime mieux ne pas être le plus fort et ne pas m’imposer que l’inverse… C’est une victoire importante, déjà parce que je gagne volontiers mais aussi parce que ma préparation hivernale n’a pas été exactement comme je le voulais. Or, je suis quelqu’un qui aime s’en tenir au plan établi et les dernières semaines n’avaient pas été les plus faciles."
"Je ne suis obligé à rien"
Peu après avoir franchi la ligne, le coureur de Jumbo-Visma n’a pu s’empêcher de pousser un cri en direction de la caméra : "Je ne suis obligé à rien", lâcha-t-il avant de sourire.
Van Aert n’avait guère apprécié les déclarations de plusieurs observateurs affirmant qu’après le début de saison et Milan-Sanremo, il était contraint à gagner à Harelbeke.
Ce qu’il fit, même si, au plus fort de la pente du Vieux Quaremont, le Campinois a plié, lâché quelques mètres à ses deux rivaux. Mais il n’a jamais rompu, revenant sur eux. Il a aussi été en proie à des soucis mécaniques, sa chaîne a dû être lubrifiée en pleine course. Il n’en tire aucune excuse.
"Non, ce n’est pas pour cela que j’ai souffert dans le Quaremont, disait-il. Au contraire, je n’arrivais pas à passer sur les développements les plus importants. C’était seulement une question de jambes. J’avais été surpris par l’accélération de Pogacar, je bouche le trou, j’étais limite dans la partie la plus pentue, c’était le moment le plus dur de la course, mais Tadej et Mathieu se sont un peu regardés. Après, je savais qu’il y avait de grandes chances qu’on aille au bout à trois car les côtes n’étaient plus aussi pentues."
Exceptionnel Pogacar
Pogacar sera un protagoniste du Tour des Flandres, c’est certain, comme van der Poel. "C’est une victoire particulière pour moi avec ce podium aux côtés de Mathieu et Tadej et moi au milieu, riait encore le coureur anversois. Ça donne aussi plus de stress d’arriver en leur compagnie et plus de satisfaction de les battre. C’est exceptionnel de voir ce qu’un vainqueur du Tour de France peut réaliser ici. Il rend la course plus dure, il n’est pas le plus explosif mais il accélère de plus en plus et ça se poursuit très longtemps (sourire)."
Alors qu’ils avaient largement dominé le week-end d’ouverture, les Jumbo-Visma ont cette fois dû abandonner leur leader, qui sera à Gand-Wevelgem dimanche. "À cause des circonstances, on n’a pas pu profiter du surnombre. On a perdu Edoardo Affini, Tiesj (Benoot) a eu des soucis mécaniques et Dylan (van Baarle) était mal positionné quand c’est parti, puis il a chuté. C’est dommage mais c’est la course. Heureusement, Nathan (Van Hooydonck) était très fort et il m’a aidé au maximum."