UAE Tour: Remco Evenepoel leader en sniper
Le champion du monde Remco Evenepoel a attendu les derniers hectomètres de la montée de Jebel Jais pour aller chercher les six secondes de bonification de la seconde place, derrière Rubio, et s’emparer du maillot de leader.
Publié le 22-02-2023 à 17h00 - Mis à jour le 22-02-2023 à 17h17
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La patience est mère de toutes les vertus. Tombé tout petit dans une marmite bouillonnante de talent, Remco Evenepoel avait quitté l’Argentine fin janvier avec cette petite maxime fluotée au bas d’une page de son carnet de route. Sur les pentes de l’Alto Colorado, où était jugée l’arrivée de l’étape reine du Tour de San Juan, le champion du monde avait alors été piégé par son impétuosité et de bonnes sensations l’invitant à l’offensive à près de 10 kilomètres du sommet. Un mouvement de course que le Brabançon, toujours aussi franc et sincère dans son analyse, avait lui-même qualifié "d’un peu stupide" et de "leçon pour la suite".
Un sprint impressionnant
En élève appliqué, le coureur de Soudal Quick-Step a déjà assimilé les enseignements de celle-ci, ce mercredi, sur l’ascension de Jebel Jais (19km à 5,6 %), théâtre du final de la troisième étape de l’UAE Tour.
Derrière le Colombien Rubio, qui s’est offert en solitaire son premier succès professionnel le jour de son 25 anniversaire, Evenepoel a en effet attendu les derniers hectomètres pour décrocher de sa roue le maillot rouge Plapp au prix d’un sprint impressionnant lui permettant d’aller chercher les six secondes de bonification offertes par la deuxième place, en plus de l’écart d’une seconde qu’il avait opéré à la pédale.
"J’ai compris en Argentine à quel point la patience pouvait parfois s’avérer importante, souriait le Belge de 23 ans à sa descente du podium. Il faut parfois parvenir à se contenir et rester calme afin de concentrer ses forces sur une seule attaque dans les derniers kilomètres. J’ai un temps pensé passer un peu plus tôt à l’offensive mais le vent soufflait de face… Sans l’incident mécanique dont a été victime mon équipier Peter Serry, nous aurions peut-être pu espérer nous rapprocher un peu plus de Rubio et ambitionner la victoire d’étape, mais chapeau au Colombien car celui qui parvient à résister en solitaire sur une montée de cette nature mérite son succès. J’ai entendu que c’était son anniversaire ce mercredi et je passerai à sa table pour un morceau de gâteau (rires)…"
De plus en plus explosif
En véritable sniper, Remco Evenepoel n’aura donc eu besoin que d’une seule et unique accélération pour opérer une frappe chirurgicale. "Au fil des années, je deviens de plus en plus explosif, analysait encore le coureur originaire de Schepdaal. Lors des camps d’entraînements, je vois maintenant que je suis capable de battre des bons puncheurs ou encore de régler au sprint des gars rapides comme Yves Lampaert par exemple. Cela ne constituera sans doute jamais ma qualité première, mais c’est un réel atout que de pouvoir miser sur une pointe de vitesse intéressante. Je demande régulièrement des conseils à mes équipiers plus expérimentés ou au staff sur les axes de travail que je pense encore améliorables. Car s’il est vrai que j’apprends les choses assez vite, il y a encore de nombreux domaines dans lesquels je dispose toujours d’une marge de progression."
Sans capteur de puissance
Nouveau leader du classement général, le dossard 1 sait donc désormais qu’il dispose d’une arme supplémentaire dans son arsenal. "Est-ce que je vais opérer de la même manière dimanche sur la montée finale de Jebel Hafeet (NdlR : 10,7km à 6,8 %) ? Je ne sais pas, parce que cette ascension est plus courte mais aussi plus raide que celle de mercredi à Jebel Jais. Il ne s’agit pas du même effort. Le punch que j’avais dans les jambes sur cette troisième étape me donne confiance pour la suite, mais il faudra tout de même tenir à l’œil des grimpeurs comme Adam Yates (NdlR : dixième du général à 1:10). Je n’oublie pas qu’en 2020, il s’était imposé à cet endroit avec plus d’une minute d’avance sur Tadej Pogacar… Attention à lui s’il est dans une super journée, mais peut-être qu’il va décider de se concentrer sur la victoire d’étape. De mon côté, je vais peut-être m’alléger de quelques grammes d’ici dimanche. Mon capteur de puissance ne fonctionnait pas ce mercredi et je me suis donc fié exclusivement à mes sensations. Et comme cela m’a plutôt bien réussi..." Ça maintient de belles perspectives d’ici l’épilogue de ce Tour des Émirats arabes unis prévu dimanche.