Les clubs sportifs wallons et bruxellois auraient besoin de 41 millions d’€
Face à la hausse des coûts de l’énergie, des locations et de l’indexation, les clubs sportifs sont dans le rouge.
Publié le 22-01-2023 à 15h08
:focal(545x372:555x362)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/ZPQH3YLCPNFKNMP4EQOBTHHRCA.jpg)
Ils sont un millier à avoir répondu au questionnaire soumis, courant octobre, par l’association interfédérale du sport francophone.
Après la crise du covid, l’AISF voulait prendre le pouls du secteur alors que la crise énergétique commençait à frapper le pays. Un millier de réponses sur les 7000 questionnaires envoyés, c’est en tout cas jugé suffisant pour tirer des tendances.
Et celles-ci font écho aux difficultés rencontrées par le reste de la société belge en ce début d’automne. «En moyenne, les dépenses liées aux factures énergétiques ont augmenté de 109 %, soit 8 700 € de dépenses supplémentaires par club», met en avant le rapport publié par l’AISF.
En réalité, la crise énergétique a frappé les clubs sportifs de 3 façons.
La plus importante est la hausse du prix de l’énergie. Elle a touché la moitié des clubs. Les clubs ont aussi dû faire face à augmentation des prix de locations. Pour tenter de faire face à la crise, près d’un complexe sportif sur trois a dû augmenter son tarif de location. Une hausse qui représente 45 % de la hausse des coûts imputable aux clubs. Dernier facteur qui alourdit la facture: l’augmentation du côté de l’encadrement, de l’ordre de 21 %. Ce dernier ne concerne toutefois qu’un club sur quatre.
L’association a sorti sa calculette pour estimer le coût pour l’ensemble des clubs: facture énergétique (31 millions), tarifs de location (4,7 millions) et encadrement (5,3 millions). Et voilà une ardoise de 41 millions.
Une note particulièrement salée qui conduit près d’un quart des clubs à augmenter leur cotisation en moyenne de 16 %. «Mais comme pour les piscines, la solution ne passera pas par l’augmentation des tarifs à répercuter auprès des sportifs eux-mêmes», souligne explique Florian Giraudo, directeur adjoint de l’association.
C’est vers le monde politique tous les regards se tournent.
La situation inquiète en tout cas les responsables de clubs. À peine 21 % d’entre eux sont peu ou pas inquiets du tout.
Si l’association interfédérale du sport francophone salue l’aide accordée par la ministre Valérie Glatigny, en charge du sport à la Fédération Wallonie-Bruxelle, elle regrette la lourdeur de la procédure.
Le cabinet de la ministre s’étonne de cette remarque: : « Les modalités d’octroi de ces aides étaient bien évidemment connues de l’AISF lorsque nous l’avons concertée sur les conditions à réunir pour bénéficier de ces aides et l’association ne les a pas contestées.»
Si les conditions d’octroi ont été changées, par rapport à l’aide covid, c’est parce « certaines fédérations s’étaient plaintes de la surcharge administrative que générait la gestion des aides fédérations par fédérations, tel que cela avait été appliqué pendant la pandémie.
L’objectif était de ne plus passer par des intermédiaires afin de toucher directement les bénéficiaires potentiels.
Il est indispensable que les aides bénéficient aux clubs qui en ont le plus besoin. On sait que certains clubs, par exemple ceux qui ont des contrats énergétiques variables, sont plus impactés que ceux qui ont des contrats énergétiques à taux fixe.
Dans ce contexte, une subvention automatique forfaitaire pour tous ne serait pas vraiment équitable.»
«Une réflexion sur le modèle économique de nos clubs sportifs»
Valérie Glatigny, la ministre des sports en Fédération Wallonie-Bruxelles a bien pris connaissance de l’enquête de l’AISF auprès des clubs sportifs. Une aide de 4 millions est sur la table. «Le formulaire permettant de solliciter ces aides a été envoyé à tous les opérateurs concernés (les clubs) mais également aux fédérations sportives pour qu’elles puissent le relayer auprès de leurs membres, ainsi qu’à l’AISF», indique le cabinet.
Les clubs ont jusqu’au 28 février pour entrer leurs demandes d’aide portant sur la période du 1er octobre 2022 jusqu’au 31 décembre 2023. Ces aides sont en réalité des avances qui pourront être transformées en subventions«si l’opérateur répond aux conditions».
Pour l’ensemble des aides, une évaluation est prévue dans le courant du 1er trimestre 2023. Mais le cabinet souligne que «les retours dont nous disposons ne corrèlent pas à ce stade l’enquête menée par l’AISF. Nous referons néanmoins un point sur la situation dans les toutes prochaines semaines avec l’ensemble des fédérations sportives.»
Cette succession de crises qui fragilisent l’ensemble du secteur sportif interpelle tant l’AISF que la ministre: «cela doit nous inciter à mener une réflexion à moyen et long terme sur le modèle économique de nos clubs sportifs, afin de le rendre plus résiliant. J’ai donc demandé au Conseil supérieur des sports de relancer le groupe de travail sur le modèle économique des clubs».