INTERVIEW | Dimitri Lavalée: « Si la nouvelle direction du Standard était venue me voir... »
Trois ans après son départ du Standard pour Mayence (Bundesliga), Dimitri Lavalée retrouve le Standard, le club de son cœur, avec Malines. Entretien vérité.
Publié le 17-01-2023 à 06h00
Il y a des joueurs qui savent recevoir. C’est autour d’un dessert, qu’il a gentiment partagé avec nous, que Dimitri Lavalée s’est confié durant près d’une heure, dans les travées de l’AFAS Stadion. Sourire aux lèvres, celui qui vient de fêter ses 26 ans savoure la belle semaine malinoise (qualification pour les demi-finales de la Coupe de Belgique puis victoire importante face à Ostende), qui permet au KaVé (13e, 22 points en attendant les trois points du match arrêté à Charleroi). Le déplacement au Standard, ce mardi, sera forcément spécial pour le Soumagnard. Entretien.
Il n’est pas trop tard pour vous souhaiter une bonne année. Mais au vu de vos blessures de ces derniers mois, on va surtout vous souhaiter une bonne santé.
Merci, j’en ai besoin. Je touche du bois mais ça a l’air d’aller mieux. Le break de novembre m’a fait du bien et m’a permis de refaire une deuxième préparation. J’ai connu une fin d’année 2022 compliquée. D’abord une blessure au tendon d’Achille contre Westerlo. J’ai essayé de forcer. Une gêne est devenue une déchirure… avec une tendinite en même temps. Cela m’a coupé dans mon élan. Deux semaines après mon retour avec le groupe, au lendemain du match contre Anderlecht, je m’occasionne une petite fracture du métatarse sur un contact après 30 secondes...
Pas facile à accepter...
Un gros coup dur. Je comptais sur cet amical pour prendre du rythme. Au lieu de ça, j’étais à nouveau sur la touche. J’ai déjà connu des moments compliqués par le passé, mais pas avec les blessures. Je savais que ma première partie de saison était finie. L’objectif, ça a directement été la reprise post-Coupe du monde.
Objectif rempli!
Oui, même si je n’ai pas su jouer le premier amical car j’avais encore des petites douleurs. Mais depuis lors, ça tient le coup.
Vous avez eu peur de tomber dans un engrenage?
Oui. Quand on est blessé d’un côté, on a tendance à beaucoup travailler ce côté… en délaissant l’autre. Et souvent, au bout de quelques semaines, on subit la même blessure de l’autre côté. Ça fait peur. Mais grâce au staff médical, la direction et ma famille, qui m’ont beaucoup aidé, ça va nettement mieux.
Quand vous vous êtes blessé, Danny Buijs était le T1. À votre retour, c’était Steven Defour. Spécial.
Oui, mais le coach connaissait déjà le groupe de l’intérieur pour avoir joué avec une partie du vestiaire, et avoir été adjoint. Pour le groupe, c’était le meilleur choix. D’autant que Defour le coach est le même que lorsqu’il était joueur: toujours à 100%. Il ne s’arrête jamais et il dit les choses dont on a besoin, sans filtre.
Il vous considère comme un défenseur central alors qu’avant votre blessure, vous étiez souvent utilisé comme médian défensif.
Pour lui, cela semblait naturel. Dans mon esprit, c’est ma position aussi. En équipe de jeunes, c’est là où j’ai le plus joué, en pro aussi, même si j’ai pas mal joué médian défensif ces derniers mois, à Saint-Trond notamment. Par contre, back gauche, j’ai moins d’automatismes et que c’est un peu plus frustrant pour moi.
Je ne regrette pas d’avoir quitté le Standard. J’ai tenté l’aventure, je pensais faire un pas en avant.
Vous avez signé pour 4 ans, après 18 mois de prêt à Saint-Trond par Mayence. Cela n’a pas été compliqué de faire le pas en arrière de la Bundesliga à la Pro League?
J’étais prêt car j’avais accepté l’idée dès mon retour à Saint-Trond, en prêt. Je suis resté encore un an au Stayen, où j’ai fait une belle saison. Mais j’étais assez lucide: dans ma tête, il y avait 1% de chances que je retourne à Mayence. La direction et le coach avaient changé donc c’était beaucoup plus compliqué.
Vous n’avez jamais regretté d’avoir quitté le Standard pour signer là-bas, en janvier 2020?
Non. J’ai tenté l’aventure. Je pensais faire un pas en avant. Dans la vie, on ne peut pas tout réussir. Bien sûr, je prends ça comme un échec. Mais j’ai appris de mes erreurs.
Quelles étaient-elles?
Je suis resté sans jouer durant six mois avant d’arriver à Mayence, suite à la situation Covid. Je me suis préparé seul mais j’aurais peut-être dû faire plus car l’écart entre la Pro League et la Bundesliga est énorme. C’est le premier constat. Le deuxième, c’est que les Allemands avaient recommencé leur championnat avant de reprendre le nouveau. Cela a encore augmenté mon retard. Avec ce recul, je n’étais peut-être pas préparé de la meilleure des manières. Je suis également arrivé dans un contexte où sportivement et extra-sportivement, tout n’était pas rose. Et j’ai été vite mis de côté.
Ce choix de partir a été entouré, à l’époque, de pas mal de critiques. Cela a aussi été le cas de votre retour en prêt à Saint-Trond, qui a suscité quelques moqueries. Cela vous a fait mal?
Oui, évidemment, Cela touche, je mentirais en disant l’inverse. Mais j’arrive à faire la part des choses et à prendre le recul pour ne pas être trop affecté. Je m’étais préparé à ces critiques, je savais qu’elles allaient arriver. Quand j’ai signé à Mayence, j’ai accepté qu’on crache sur moi. Le choix était fait en connaissance de cause et je n’ai pas voulu parler. Je savais que le club donnerait sa version pour se défendre et que j’allais me prendre une pluie de critiques. Cela fait partie du jeu. Et en faisant le pas en arrière à Saint-Trond, je savais que ça allait encore amener plus de critiques. Encore une fois, je l’accepte. Mais je n’ai jamais été surpris. Le plus important, c’est que je suis en harmonie avec les choix que j’ai fait. Et j’avance.
Cela reste spécial pour vous de revenir au Standard?
Oui, forcément. J’y ai passé 15 ans de ma vie, c’est là que j’ai grandi. J’ai vécu tellement de choses...
La dernière fois, avec Saint-Trond, vous n’avez pas été sifflé par Sclessin. Un soulagement?
J’avais préparé l’hypothèse avec mon coach mental (Laurent Moor), qui a souvent les bons mots. Il m’avait mis en garde. Il n’y a finalement pas eu de sifflets, donc j’ai été agréablement surpris. Cela m’a un peu libéré.
Désormais, les messages que je peux recevoir des supporters sont plus positifs que négatifs.
Vos relations avec les fans du Standard, tendues à votre départ, se sont donc calmées?
Oui, assurément. C’est du passé, pour tout le monde. Le changement de direction a joué aussi. Désormais, les messages que je peux recevoir des supporters sont plus positifs que négatifs.
Le fait que la direction ait changé, justement, a modifié votre regard sur le club?
Je n’ai jamais eu aucune rancœur envers le Standard, à proprement parler. J’inclus les supporters, les joueurs et les personnes qui travaillent au club. Je garde de bons souvenirs. Je porterai toujours le Standard dans mon cœur. Quand j’étais blessé en première partie de saison, je suis retourné à Sclessin voir quelques matchs avec des amis.
Quel est votre avis sur ce nouveau Standard?
C’est un peu tôt pour juger, surtout quand il y a autant de changements. Il faut accepter que ça prenne un peu de temps. On voit de bonnes idées, l’une ou l’autre erreur aussi. Mais le club semble sur le bon chemin.
Si la nouvelle direction était venue frapper à votre porte l’été dernier, vous auriez répondu?
Oui, j’ouvrais toutes les possibilités. À partir du moment où la direction a changé, j’aurais été plus ouvert qu’à l’époque, c’est clair.
Une partie de vous serait tentée de retourner dans le club de votre cœur?
Oui, c’est possible. Dans la vie, il ne faut jamais dire jamais. Peut-être que je rejouerai un jour pour le Standard, mais peut-être pas.
L’étranger me tente toujours.
Cela reste le club qui vous a offert votre plus belle émotion, avec ce match à Francfort en Ligue Europa.
Le plus beau souvenir de ma carrière. Le stade était plein, 40 000 personnes, dans une ambiance de dingue. C’était la Coupe d’Europe, à l’extérieur. Pour des débuts, le contexte était incroyable. Et j’ai été élu homme du match, malgré la défaite (2-1). Pour moi, c’était un début rêvé. Avant la rencontre, je m’étais fait 36 000 scénarios dans ma tête. Et celui-là, c’était le dernier.
Terminons en évoquant l’avenir. Que peut-on vous souhaiter.
Mon premier objectif, c’est de jouer l’Europe avec Malines. Pourquoi pas via la Coupe de Belgique? Il reste deux matchs. Puis à plus long terme, l’étranger me tente toujours. Je n’ai pas été dégoûté et je n’ai pas envie de rester sur un échec. Cela reste un objectif.