Les secrets des corners carolos
Dimanche, le Sporting a encore marqué (et gagné) grâce à ses corners. L’analyste Sandro Salamone lève un coin du voile sur le travail précieux effectué en amont avec l’adjoint Frank Defays.
Publié le 16-01-2023 à 19h00
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Rebelote! Ce dimanche face au Cercle Bruges (2-1), comme à Eupen huit jours plus tôt (1-2), Charleroi s’en est remis à un corner pour émerger dans une rencontre quelque peu enlisée. "On les travaille toutes les semaines et je tiens à mettre à l’honneur Frank (Defays) et Sandro (Salamone). Ce sont eux qui s’occupent des phases arrêtées offensives", a salué Felice Mazzù.
Une arme précieuse
Puisque le Sporting éprouve certaines difficultés à produire et conclure des situations de but de plein jeu, les corners, coups francs et autres remises en jeu représentent une arme à exploiter tant que possible. En huit jours, cela a reporté cinq points, rien que ça. Et dire que, la saison dernière, Edward Still évoquait une "anomalie statistique" pour justifier le fait que son équipe avait dû attendre la onzième journée de championnat pour scorer sur corner.
"Certes, cela s’est répété, mais peut-être qu’ensuite, on restera six matchs de suite sans marquer de cette manière malgré la même conviction et la même application, tempère l’analyste Sandro Salamone. Pour être efficace sur une phase arrêtée, il faut que tous les paramètres soient alignés: un bon botté, une bonne course, éventuellement une erreur de l’adversaire et une bonne reprise. Si le gardien du Cercle avait détourné la tête d’Amir (NdlR: Hosseinzadeh), on ne serait pas en train de se parler."
L’Iranien, malgré son mètre 77, a effectué une course judicieuse et placé sa tête entre un défenseur et le gardien brugeois. "La taille n’importe pas, la zone et le déplacement sont plus déterminants. À la mi-temps, on lui a dit de faire une course dans le rectangle. Il avait le choix entre la première et la deuxième zone, il faut croire qu’il a bien choisi (sourire)."
Principes généraux et liberté d’action
Inévitablement, il y a une part de chance, mais la répétition des séances à l’entraînement favorise grandement le taux de réussite. "Avec Frank, on analyse les qualités de l’adversaire, le type de marquage (NdlR: en zone, individuel ou mixte) et les zones où on peut essayer de lui faire mal en fonction de nos propres forces, poursuit Salamone, que Mazzù a tenu à emmener à l’Union SG, puis à Anderlecht, et dorénavant à Charleroi après le départ de Nicolas Still. Ensuite, on imagine les combinaisons possibles et on les propose aux joueurs."
Des joueurs qui doivent être ouverts, appliqués… et créatifs. "On a des principes reconnaissables qui peuvent légèrement varier d’un match à l’autre, mais le jour J, même si les consignes sont placardées dans le vestiaire, on laisse une certaine liberté d’action aux joueurs. Même si on le met en pratique à l’entraînement, notre travail est principalement théorique. La vraie pratique appartient seulement aux joueurs, explique Salamone, véritable mordu. Et s’ils sentent durant le match qu’ils doivent tenter ceci ou cela, ils peuvent le faire. C’est essentiel qu’ils soient convaincus par ce qu’ils font." Le fait que le Sporting ait marqué de la sorte lors de la préparation hivernale (à Westerlo) et récemment en championnat, les conforte dans le bien-fondé de ces ballons arrêtés.
Prémisses en stage
Ces prémisses ont en réalité été forgées en amont, lors du stage en Turquie début décembre, lors duquel le staff a répété plusieurs combinaisons. Il était aidé par un drone et une tablette pour visualiser et corriger les courses. "Ne soyons pas prétentieux, on n’invente rien, on s’inspire et on adapte, reprend Salamone. La base, c’est évident la qualité du frappeur." Morioka s’en charge souvent – comme sur le corner décisif à Eupen – mais le Japonais joue nettement moins ces dernières semaines. Mbenza excelle dans cet exercice où il faut doser précision et puissance. "Gholizadeh peut également en prendre quelques-uns du gauche. Ilaimaharitra ou Hosseinzadeh aussi. On est riche à ce niveau-là." Un énième secret de la réussite actuelle.