Première Coupe du monde de handball pour la Belgique : "Ce ne doit être qu'une première étape"
Président de l’Union belge de handball depuis août 2020, Jean-François Hannosset est impatient de voir la Belgique disputer son premier Mondial. Les Red Wolves sont dans le groupeH avec le Danemark (champion en titre), Bahreïn et la Tunisie.
Publié le 12-01-2023 à 06h00
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Un peu plus de deux ans après sa prise de fonction à la tête du handball belge, Jean-François Hannosset a déjà atteint l’un des objectifs fixés : qualifier les Red Wolves pour un grand tournoi. Les regards étaient plutôt tournés vers l’Euro 2024 mais la mission est déjà accomplie avec cette participation à la Coupe du monde 2023 disputée en Pologne et en Suède. Pour ses grands débuts, la Belgique affrontera vendredi soir le Danemark, double champion en titre, et ses milliers de supporters. Après des années à admirer le modèle de réussite des Red Lions (hockey), les Red Wolves, qui pointent entre la 25e et la 35e place mondiale, ont posé la première pierre d’un édifice qu’ils espèrent tout aussi brillant dans les années à venir que celui des hockeyeurs.
Jean-François Hannosset, quel sentiment vous habite avant ce premier Mondial ?
Je suis heureux mais pas encore totalement comblé. J’éprouve aussi une certaine impatience car c’est une découverte.
Pour l’Union royale belge de handball (URBH), ce tournoi représente un coût énorme…
C’est simple, on estime qu’il équivaut à la moitié du budget annuel de notre fédération. Soit, pour 2023, entre 180 000 et 200 000 euros. On parle ici du coût brut, ce qu’on doit sortir de notre poche. Le coût net, qui se calcule en fonction des rentrées, est supportable. Évidemment, on ne s’y était pas préparé fort à l’avance. Il y a un an, on se demandait seulement comment pousser cette génération le plus loin possible. Heureusement, on peut compter sur des sponsors, l’intervention de l’Adeps et de Ostbelgien (NdlR : l’équivalent germanophone). On veut que ce coup d’essai devienne une transformation, et qu’on devienne des habitués. Ce Mondial ne doit être qu’une première étape.
Que touchent les joueurs pour ce Mondial ? Certains prennent congé pour pouvoir y participer.
Le montant des primes ne regarde que les joueurs mais, même au niveau international, elles ne sont pas du même niveau qu’en football. Hormis les grandes stars, aucun handballeur champion du monde ne pourra s’acheter une maison.
Quel sera l’objectif de l’équipe ?
Y être, c’est le principal. Maintenant, on veut aller le plus loin possible. Mais on espère aussi que ce tournoi et ses retombées impulseront de nouvelles inscriptions dans les clubs. L’un des buts lors de ma nomination était de passer de 12 000 à 15 000 membres. On tend aujourd’hui vers 13 000.
Que manque-t-il pour atteindre les 15 000 ?
Aller toucher les provinces moins impliquées comme le Hainaut, le Luxembourg et surtout Namur.
Se qualifier pour un grand tournoi était déjà l’objectif en 2011 lors de l’arrivée de Yérime Sylla à la tête des Red Wolves. Douze ans plus tard, que faire pour en faire une habitude ?
Si le hand en Belgique se met en tête que l’union fait la force, tout est possible. Le Danemark, petit pays, est double champion du monde en titre ; l’Islande a aussi un palmarès. On a de la qualité et, quand on voit l’ampleur physique que prennent nos joueurs partis et ceux amenés à partir, c’est positif. Et puis, on est dans une forme de continuité au niveau des joueurs. Avant, on avait l’impression qu’il fallait à chaque fin de campagne repartir de zéro, sur un nouveau projet. Ça a changé.
La dynamique est différente aujourd’hui ?
On a trouvé de la stabilité au niveau de la direction technique et Yérime a incité les joueurs à s’expatrier pour faire du hand leur métier. Évidemment, il faut toujours une petite dose de chance lors du tirage au sort des qualifications, mais d’un point de vue logistique et structurel, l’équipe est désormais bien établie au Elewijt Center, à Zemst, avec des salles spécifiques. On doit aussi se concentrer sur les générations suivantes. On a des gamins prometteurs et, pour leur progression, on a nommé des entraîneurs expérimentés, dont Bram De Wit (NdlR : ancien international belge) en U17.
Être professionnel en Belgique, c’est impossible ?
Effectivement. Pour l’instant, nos meilleurs joueurs vont chercher un meilleur niveau à l’étranger. Les développements sont toutefois sur la bonne voie, notamment avec la BeNeLeague. Je pense aussi à Visé avec Thomas Cauwenberghs ou à Pelt où Korneel Douven met une structure en place. Bocholt est toujours très bon et il faut qu’Hubo Handball (NdlR : né de la fusion entre Hasselt et Tongres) trouve ses marques. Sans oublier Eupen. Ce qu’il se passe là-bas avec les frères Kedziora et Jean-Luc Grandjean est intéressant. On voit donc de bonnes choses mais le championnat belge n’est pas prêt de devenir professionnel.
Que faudrait-il encore pour progresser ?
Se qualifier régulièrement pour de grands tournois pourrait lancer une vraie dynamique. Nos entraîneurs doivent être mieux formés techniquement, il faut aller chercher les jeunes mais surtout améliorer les infrastructures. J’avais émis l’idée d’organiser l’Euro féminin 2030 avec les Pays-Bas, l’Allemagne et le Luxembourg. Mais quand je regarde le cahier des charges, c’est quasiment impossible. Il nous faut une salle 12 000 places et seul le Palais 12 pourrait nous offrir cela.