Charleroi : l'an zéro du renouveau ?
Trois constats découlent de la victoire tardive mais méritée du Sporting, samedi fin d’après-midi au Kehrweg. Celle qui doit enclencher le renouveau sous Mazzù.
Publié le 09-01-2023 à 06h00
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Dominateur mais finalement mené contre le cours du jeu après un but évitable concédé sur un coup franc de Peeters repris de la tête par Lambert, Charleroi a surmonté collectivement l’obstacle eupenois (1-2) pour se relancer (22 points). Plusieurs enseignements peuvent être tirés après cette victoire.
1. Le retour du "Felice Time" Deuxième match pour Felice Mazzù depuis son retour sur le banc du Sporting et premier nouvel épisode du “Felice Time”. Si arracher la victoire dans les dernières minutes, vieille habitude née lors de la première période de l’entraîneur à Charleroi (2013-2019), procure un sentiment intense et renforce la cohésion, cela démontre que les Zèbres ont peiné à surmonter un adversaire inférieur durant la grande majorité du match. "Le ‘Felice Time’n’existe pas. On ne décide pas de marquer à la 89e minute parce que sinon on pourrait le faire tout le temps, tempérait Mazzù. C’est juste une question de mentalité, une volonté d’y croire, d’aller vers l’avant sans crainte et d’essayer d’exploiter chaque possibilité."
Avec 17 tirs, dont 4 cadrés, et de nombreuses situations de centres ou de but, Charleroi aurait dû se mettre à l’abri bien plus tôt. Moser a sauvé un face-à-face devant Mbenza (11e). Dans l’autre sens, Koffi a évité le 2-0 devant Peeters (53e). "Il n’y a pas de vérité dans le football. Tu peux avoir plus d’occasions, dominer, mais ne pas gagner. C’est l’exemple type en première mi-temps. Eupen n’existait pas, mais menait 1-0, résumait le capitaine Marco Ilaimaharitra, dont le retour dans l’entrejeu a fait un bien fou. Depuis que Felice est revenu, le mot d’ordre est le positivisme. On a montré qu’on était un groupe, aussi grâce aux joueurs qui sont montés."
Selon Damien Marcq, buteur sauveur de la tête sur un corner de Morioka (1-2, 89e), ce supplément d’âme qui permet le "Felice Time" – s’il existe – porte la griffe de Mazzù. "C’est sa manière de fonctionner. Tout le monde est concerné et donne le maximum pour sortir de cette situation le plus rapidement possible. Tout le monde est venu célébrer avec les supporters. C’est un bon signal."
Ces trois points mérités offrent un fameux soulagement. Ils rassurent tout un club, une équipe, mais ne doivent pas occulter le deuxième constat.
2. Besoin d’un buteur Le scénario de samedi confirme la nécessité absolue pour Charleroi de transférer un buteur confirmé d’ici fin janvier. "Je n’ai pas envie de parler de ça ce soir (lisez samedi, NdlR), a évacué Mazzù. Certes on a eu besoin de phases arrêtées pour marquer (NDLR: le premier but carolo découle d’une rentrée en touche après laquelle Ilaimaharitra a parfaitement isolé Nkuba, seul devant Moser, 55e), mais elles font partie du football. Je suis fier de la mentalité et du contenu proposé par mes joueurs."
Le Sporting a largement dominé la première mi-temps, un peu moins la seconde après que l’équipe d’Edward Still, souvent en 4-4-2, a resserré les boulons. Mazzù a entamé le match avec deux de ses trois attaquants sur le banc (Badji et Benbouali) et le troisième en tribune (Descotte). Son idée d’empiler les profils vifs et créatifs (Gholizadeh et Mbenza en pôle) était bonne, on a vu de belles combinaisons, mais peut aussi être assimilée à un manque de confiance envers ses buteurs théoriques. Benbouali, à sa montée à la pause, devait servir de point d’ancrage, mais il s’est blessé après 26 minutes. Les nombreux centres carolos – quand ils étaient réussis – n’ont pas été exploités. Il manque encore un renard, un buteur, un "tueur".
3. Des cadres revigorés À l’image d’un Ilaimaharitra ravivé et d’un Marcq solide défensivement, plusieurs joueurs semblent ravivés depuis le retour de Mazzù. Les franches accolades se sont multipliées en après-match, aussi avec Kayembe, Zorgane ou Nkuba. "On connaît tous la relation que j’ai avec lui. Il m’a lancé en Belgique, on a vécu de très bons moments avant qu’il parte à Genk, louait Ilaimaharitra, que Mazzù aurait souhaité emmener à Anderlecht l’été dernier. Notre relation a toujours été identique, très courtoise. Il sait comment je fonctionne et inversement. On est des personnes très humaines, ça ne peut que fonctionner. Avant son retour, ma situation n’était pas évidente. J’ai accepté les choix de l’ancien entraîneur, je ne lui en veux pas. J’ai eu une discussion avec Mazzù quand il est revenu. Il a autant besoin de moi que moi j’ai besoin de lui, donc on va avancer ensemble."
Damien Marcq savourait également : "J’ai accumulé beaucoup de frustration sur cette première partie de saison. Ma célébration, c’est tout ça qui ressort. Cette communion, c’est un peu un renouveau et cela permet de libérer tout le monde."
Ce sera à confirmer, évidemment. Et les cadres devront éviter tout emballement. "Cette victoire va nous permettre de recommencer la semaine positivement, mais on n’a rien fait. Il faut faire plus", disait Ilaimaharitra. "Il faudra remettre en semaine à l’entraînement les ingrédients de la semaine dernière, dont énormément d’intensité, ajoutait Damien Marcq. À nous, les anciens, de continuer à pousser les autres au quotidien. Ça ferait du bien de confirmer à domicile dimanche prochain contre le Cercle Bruges."