Dakar: pour Jean-Marc Fortin, Audi part "grand favori"
Tenant du titre avec Al Attiyah, le Hutois Jean-Marc Fortin emmène encore l’armada Toyota Overdrive en Arabie saoudite.
Publié le 31-12-2022 à 06h00
:focal(2395x1605:2405x1595)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/5XZL5NWRUJHBZHUSHVXDIAWZN4.jpg)
Pour la 45e fois, la quatrième déjà aux Émirats, le Dakar va occuper l’espace sportif médiatique de la première quinzaine de janvier. Le prologue est programmé ce samedi 31 décembre du côté de Sea Camp, tandis que les concurrents verront l’arrivée seize jours plus tard à Damman (le 15 janvier), au terme de 14 spéciales totalisant 4 706 km chronométrés, avec une journée de repos à Riyad, le 9 janvier.
L’organisateur David Castera promet une édition 2 023 plus sélective, avec plus de navigation et surtout plus de sable et de cordons de dunes. Ce qui n’est pas pour déplaire aux tenants du titre, le Qatari Nasser Al Attiyah (quadruple vainqueur de l’épreuve), dont le Toyota Hilux sera à nouveau couvé par Overdrive. Une écurie hutoise qui a débarqué sur le sol arabe avec 11 voitures de course, 31 véhicules d’assistance et 115 personnes. À la tête de cette armada, l’ex-copilote et ex-associé de Grégoire de Mevius, Jean-Marc Fortin. Un "Boule" toujours aussi enthousiaste à l’idée de reprendre du désert. Et qui n’a jamais sa langue en poche. Difficile de trouver meilleur interlocuteur pour présenter la grande aventure d’ASO.
Jean-Marc, tout d’abord que pouvez-vous nous dire du parcours ?
Tout d’abord qu’il est nettement plus long (Ndlr: 14 spéciales donc, pour 12 en 2021 et 2022 par exemple) et plus compliqué que celui des années précédentes. On va y aller crescendo. Après une première semaine au nord-ouest de Riyadh avec pas mal de navigation et l’envie de Castera de perdre des mecs, on va enchaîner trois jours de dunes avec la redoutée étape marathon dans l’immense désert baptisé Empty Quarter. Il y a aura pas mal de franchissement, ce qui fait les affaires de notre pilote vedette qui s’ensable rarement. Mais attention, sans boîte de vitesses, les buggys Audi y seront avantagés avec une puissance constante et énormément de couple. Stéphane Peterhansel s’est d’ailleurs imposé à Abu Dhabi.
Au niveau du plateau, on prend les mêmes qu’en 2022 ?
Pour les candidats au podium oui, en ajoutant peut-être le Hunter BRX de Guerlain Chicherit qui s’est récemment imposé au Maroc. Mais le rapport des forces en présence par contre a changé.
À l’avantage de qui ?
Clairement d’Audi qui découvrait l’épreuve en janvier dernier avec ses buggies semi-électriques et revient pour remporter l’épreuve. Désormais, ils ont gagné en expérience et surtout en fiabilité. Ils possèdent deux des trois meilleurs pilotes de la discipline avec le Français Stéphane Peterhansel qui a remporté 14 Dakar à moto (6) et en auto (8) et l’Espagnol Carlos Sainz, triple vainqueur de l’épreuve. Et un budget en rien comparable à celui de Toyota ou Prodrive. Ils mettent tous leurs moyens là-dedans contrairement à Toyota également engagé en WRC et en endurance (WEC).
« Quatre noms sortent du lot »
Quel est l’ordre de grandeur des différences de budgets ?
Le Dakar est aujourd’hui le seul programme sportif officiel d’Audi en attendant la F1. Leur budget pour cette épreuve oscille entre 20 et 30 millions€, alors que Prodrive et nous en dépensons entre 6 et 7, soit quatre fois moins.
Vous avez dit semi-électrique, pourquoi ?
Car ce sont des engins hybrides. Un moteur thermique issu du DTM tourne en permanence entre 4 000 et 7 500 tours minutes pour charger la batterie servant à alimenter les deux moteurs électriques. Ils embarquent tout de même 340 litres d’essence par étape…
Existe-t-il comme en endurance une BOP ou équivalence des technologies ?
Pour la première fois, oui, nous avons une BOP. Il n’est dans l’intérêt de personne qu’une marque survole la concurrence. Dès lors, toutes les deux spéciales, la BOP pourra être revue et corrigée. Audi risque donc de cacher son jeu lors des premières étapes.
Vous ne partez pas battus, tout de même ?
Non, pas du tout. Mais nous ne sommes plus les favoris. Notre principale force aujourd’hui c’est l’homogénéité de notre équipage de pointe (Al Attiyah/Baumel). Ils roulent ensemble depuis 7 ans. Ils ont des automatismes que d’autres n’ont pas, je pense notamment à Sébastien Loeb et Fabian Lurquin (buggy Prodrive-BRX).
Qui voyez vous l’emporter ?
La victoire se jouera comme d’habitude entre quatre hommes: Sainz, Peterhansel et Nasser (Al Attiyah) qui n’ont été battus qu’à une reprise depuis 2010 (en 2014 par Nani Roma) auxquels j’ajouterais Sébastien Loeb qui court toujours après son premier succès sur le Dakar. Voir un autre que ces quatre-là sur la plus haute marche du podium constituerait une grosse surprise.
La réglementation obligera à partir de 2026 tous les pilotes prioritaires à rouler avec un véhicule hybride plus écologique. Où en est Toyota dans le développement de ce véhicule ?
C’est dans les cartons. Ils travaillent sur un moteur à hydrogène. Mais, compte tenu de la longueur des spéciales, il y aura toujours du thermique, comme chez Audi. Le full électrique ou full hydrogène n’est pas pour demain.