Pelé et la Belgique : une histoire d’amour
Avec Santos, le Roi a foulé les pelouses de notre royaume… pour des matchs de gala. Le Brésilien est ensuite souvent venu en Belgique…
Publié le 30-12-2022 à 06h00 - Mis à jour le 30-12-2022 à 09h06
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Pelé n’a jamais joué de match officiel en Belgique, mais a néanmoins laissé la trace de ses crampons sur notre sol. Avec Santos, pour des matchs de gala. Pour le Brésilien et son club, jouer des rencontres amicales en Europe était une activité lucrative. Comme les stars du show-biz en tournée mondiale…
Un sextuplé
En tournée avec Santos, de 1959 à 1973
Lors de ses tournées européennes de 1959 à 1973, Santos défia, en Belgique, le Standard, Anderlecht, Gand, le Beerschot ou l’Antwerp…
En 1959, un an après le titre mondial de la Seleção, le club de Pelé, qui va visiter 9 pays du Vieux Continent pour y jouer 22 matchs, fait escale en Belgique. Ses trois étapes en 5 jours sont sanctionnées de deux victoires, contre le Standard (1-0) et Anderlecht (4-2), et d’une défaite, face à La Gantoise (1-2), C’est Sclessin qui a l’honneur d’accueillir pour la première fois le Roi sur nos terres, le 26 mai 1959. Le lendemain, le 27 mai, le Stade Émile Versé, bondé, saluera son premier but en Belgique, lors de l’affiche Anderlecht – Santos. Victoire brésilienne 4-2 donc, avec un doublé de Pelé (les buts mauves sont l’œuvre de Stockman et Van der Boer).
La nouvelle histoire d’amour de Pelé avec la Belgique est notamment marquée par un sextuplé ! Le 31 mai 1960, Santos, encore en tournée européenne, était l’invité du Beerschot. 30 000 personnes se pressent au stade olympique pour admirer le Brésilien et ses équipiers… qui infligèrent une véritable punition (1-10) aux Anversois. Pelé marqua 6 buts, mais de son propre aveu le plus beau de la soirée fut signé Rik Coppens, une bicyclette que n’aurait pas reniée le Roi.
La dernière visite de Pelé en Belgique avec Santos date du 3 juin 1973, face au Standard.
Amigos belgas
Matchs de gala, pour Lucien et Paul
Après ces tournées européennes, Pelé est revenu en Belgique sans Santos, et a encore fait admirer ses dribbles dévastateurs. Le Brésilien s’était lié d’amitié avec Lucien Levaux, ancien mythique attaché de presse du Standard, décédé du Covid en 2020, qui était aussi délégué commercial de l’équipementier Puma. Lors du Mondial 70, le Liégeois avait réussi à convaincre la star de la Seleçao, aussi courtisé par Adidas, de rejoindre son rival allemand. Grâce à Levaux, Pelé est donc venu plusieurs fois en Belgique.
Notamment pour un match des vedettes, au Vélodrome de Rocourt en 1974, avec Raymond Kopa ou Ferenc Puskás, mais aussi le pilote de F1 Emerson Fittipaldi ou même Michel Drucker, dans une équipe "du reste du monde", face à une formation composée de stars belges, comme Arsène Vaillant, Roger Laboureur, Joël Robert ou Gaston Roelands… Pour une grande soirée caritative. Défaite 3-2 des Belges avec un triplé de Pelé : 2 buts pour le "reste du monde" et un pour les Belges, le Brésilien ayant changé d’équipe en seconde période…
Pelé fut aussi l’un des invités d’honneur des adieux de son autre ami belge, Paul Van Himst, le 26 mars 1975 au parc Astrid où les Mauves ont affronté une sélection mondiale sous les ordres de Rinus Michels, aux côtés de Cruyff, Rivera, Eusebio… 35 000 personnes célèbrent les adieux du "Pelé blanc" et admirent le "vrai" Pelé, grâce au… Standardman Lucien Levaux.
Pelé ouvre le score sur penalty, c’est Anderlecht, emmené par Popol, qui s’impose 8-3. Sous le déluge, les stars internationales ont levé le pied sur un terrain transformé en bourbier, de crainte de se blesser…
Pelé et Van Himst s’appréciaient, et se respectaient. Ils se retrouvèrent en 1981, dans la peau de "footballeurs-acteurs", à l’affiche d’un film de John Huston, À nous la victoire, où ils donnaient la réplique à Sylvester Stallone…
Pelé a fait vivre l’enfer aux Diables
Un match, une leçon
Le premier rendez-vous d’Edson Arantes do Nascimento avec les Diables est un rendez-vous manqué. Le 25 avril 1963, la tournée européenne du Brésil, champion du monde 62, s’arrête au Heysel.
Mais l’attaquant de Santos s’est blessé quelques jours plus tôt face au Portugal. Et, au grand dam des 46 000 spectateurs présents, il ne foulera pas la pelouse bruxelloise. Il restera sur le banc. Une chance pour notre équipe nationale qui, sous la direction du directeur technique Constant Vanden Stock et d’Arthur Ceuleers, le coach, s’offre une victoire historique : 5-1 (triplé de Jacky Stockman, but de Paul Van Himst et d’Altaïr contre son camp, Quarentinha sauve l’honneur de la Seleção) ! La Belgique fait honneur à son surnom de l’époque, la "championne du monde des matchs amicaux"…
Cet exploit vaut aux Diables d’être "conviés" à Rio deux ans plus tard, à l’invitation du président de la fédération brésilienne, João Havelange, dont le papa était liégeois. La Seleção prépare le Mondial 66 en Angleterre, et veut se confronter à des styles européens… et a grandement envie de laver l’affront du Heysel.
Les Belges débarquent au Brésil diminués (Paul Van Himst, Wilfried Puis, Jef Jurion, Jean Cornelis, Laurent Verbiest et Paul Vandenberg sont blessés). Au Maracanã, le 2 juin 1965, devant plus de 100 000 personnes, et malgré le bon match de leur capitaine, Jean Nicolay, entre les perches, les Diables perdent pied en seconde période. Pelé prend sa revanche sur une victoire retentissante 5-0, avec un hat-trick du Roi dont le superbe but du 2-0 : il dribble quatre Belges et lobe Nicolay.
"Une action tellement géniale que j’ai relevé Pelé, avec qui j’étais entré en collision, et que je l’ai pris dans mes bras pour le féliciter, dit le gardien du Standard. Il s’est excusé d’avoir marqué mais m’a dit qu’il ne pouvait pas faire autrement. J’ai rarement rencontré une star aussi simple et aussi gentille."
Pelé VIP et VRP
Il a remis le Soulier d’or à Wesley Sonck
Pelé, une fois les crampons rangés, est souvent passé par la Belgique pour des voyages d’affaires, des campagnes publicitaires (Coca-Cola, Puma, Mastercard…) ou d’autres raisons.
En 1981, il est fait citoyen d’honneur de la commune bruxelloise de Saint-Josse-Ten-Noode par le bourgmestre de l’époque Guy Cudell !
En 1992, il est l’invité de l’Union belge dans le cadre d’une campagne de sensibilisation contre la violence dans les stades. Il en profite pour rendre visite aux jeunes de la RUS Auderghem. Les diablotins du club bruxellois virent débarquer une limousine blanche au stade du Rouge-Cloître d’où sortit le Roi pour signer des autographes. Idem un peu plus tard à Schaerbeek, au Parc Renan. Le Brésilien accepte d’être le parrain d’une campagne bruxelloise de lutte contre la drogue, "Oui au Sport, Non à la Drogue".
Fin 1999, il est encore de passage à Bruxelles, pour le tirage au sort de l’Euro 2000 au parc des expositions.
Début 2002, le Brésilien a remis le Soulier d’or 2001 à Wesley Sonck, au casino d’Ostende, à l’invitation du journal Het Laatste Nieuws, organisateur de l’événement, grâce au soutien de Mastercard, dont le Brésilien était l’ambassadeur.
"Rencontrer Pelé, c’était vraiment fantastique. Bien que je ne sois pas facilement impressionné, mais Pelé…, confesse l’ancien buteur du Racing Genk. J’ai probablement dit quelque chose comme ‘Merci beaucoup, c’est un honneur.’ Cette rencontre avec Pelé était presque plus spéciale que de remporter le Soulier d’or."
La dernière visite de Pelé en Belgique remonte à 2003 dans le cadre de la campagne "Love Life Again" lancée par Pfizer et son Viagra, pour sensibiliser contre les troubles de… l’érection.