Pro League - Hoefkens renvoyé par le Club Bruges : Comment le héros de la Ligue des champions a pris la porte
Carl Hoefkens (44 ans) a connu six mois fous entre exploits et mauvais matchs.
Publié le 29-12-2022 à 06h00
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Intrinsèquement, un bilan de 1,9 point par match n’est pas si mauvais que cela. Se qualifier en Ligue des Champions peut carrément être targué de miracle. Cela n’a pas suffi à sauver la peau de Carl Hoefkens. L’ancien défenseur du Club a été démis de ses fonctions ce mercredi. La faute, notamment, à une fin d’année loupée. Les Blauw en Zwart ont été ridiculisés et éliminés de la Coupe par Saint-Trond (1-4) et n’ont gagné qu’un seul de ses cinq derniers matchs en Pro League.
La récente période de creux n’explique pas à elle seule le renvoi du coach qui a sorti le Club Bruges des poules de la Ligue des champions pour la première fois de son histoire.
L’homme du Club
"La bonne personne au bon moment." C’est avec ces mots que la direction brugeoise a annoncé la nomination de Carl Hoefkens à la tête de l’équipe championne de Belgique suite au départ d’Alfred Schreuder à l’Ajax.
Après les exploits de Philippe Clement, ancien de la maison comme Hoefkens, il semblait naturel de rapidement donner sa chance à un garçon aussi bien apprécié humainement que footballistiquement au sein du club. "Et je n’ai pas hésité une seule seconde lorsque le job m’a été proposé", a-t-il expliqué en préparation de sa première saison de T1. Il était pourtant déjà dans une situation compliquée avec De Ketalaere et Lang annoncés sur le départ.
Une série incroyable
Ses débuts sont mauvais. Malgré la victoire, son équipe est dominée par Genk puis bousculée par Eupen et Zulte Waregem. Après ce 4 sur 9 peu glorieux, les premiers doutes naissent à son sujet. Son management humain ne pose pas question, sa gestion tactique bien.
Le 14 août, alors qu’il est arrivé avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête et la boule au ventre à Louvain, Hoefkens mène son équipe à la première victoire d’une série incroyable: sept victoires de rang dont deux en Ligue des champions et seulement deux buts encaissés.
De la mi-août à fin octobre, Bruges ne perd que deux fois. Les Blauw en Zwart obtiennent 35 points sur 45 et ne semblent pas près de s’arrêter.
Mannaert sort du silence et évoque les débuts de son coach après la victoire historique sur le terrain de Porto et le nul arraché sur le terrain de l’Atletico Madrid. Le CEO souligne le travail du staff après "des mois difficiles." Il précise dans la foulée qu’il voyait "enfin vers quoi il voulait tendre."
Des félicitations teintées d’une pointe de critique. Une preuve que les doutes étaient bien présents dans la tête de la direction malgré les analystes la poussant à faire signer un contrat à long terme à Hoefkens. La qualification pour les 1/8es de finale de la C1 – une première – a mis les doutes de côté mais ne les a jamais balayés.
"Sa participation à la superbe campagne en Ligue des Champions ne doit pas être sous-estimée. Mais les choix que nous avons faits l’été dernier ne nous ont pas permis d’être assez compétitifs en Pro League ainsi qu’en Coupe de Belgique ", dit Mannaert au moment de prendre congé de son coach.
Mignolet-dépendant
Deux points gênent les dirigeants. Le premier est le manque de constance sur le sol belge. Les lendemains européens sont catastrophiques. Bruges prend des claques face au Standard (3-0) et à Westerlo (0-2). Hoefkens concède avoir "observé un relâchement" au sein de son groupe et voit l’Antwerp s’échapper en tête de la Pro League.
Le second est sa dépendance à Simon Mignolet. Durant la longue période positive de son équipe, le gardien de but des Diables rouges était en état de grâce. Quasiment invincible, enchaînant les arrêts et les clean-sheets (10 en 15 matchs), Big Si a sauvé les meubles à de nombreuses reprises.
L’arbre qui cache la forêt. Car durant ce long laps de temps, Bruges n’a que rarement été aussi convaincant. En tout cas largement moins que dans un passé récent en Pro League. Mignolet ne pouvait décemment pas réaliser des miracles toutes les semaines. La base s’est étiolée.
La dernière victoire d’Hoefkens en Pro League, face à Ostende (4-2, le 29 octobre) est poussive et marque le début de la fin pour le coach. Sous pression lors du dernier match avant la trêve, il laisse filer un avantage de deux buts face à l’Antwerp.
Pour la première fois de l’année, il ne s’est pas relevé de cette contre-performance. La gueule de bois de la Coupe du monde – la préparation s’est déroulée avec une équipe décimée vu les nombreux joueurs partis au Qatar – fait mal avec une élimination honteuse face à Saint-Trond (1-4) en Croky Cup.
Après une nouvelle désillusion face à OHL – Bruges a laissé filer la victoire dans les arrêts de jeu – la direction a tranché. Malgré l’attachement fort à Hoefkens, un serviteur de longue date du Club, il a été renvoyé.
Le moment de prendre du recul et de poser un choix fort
Mais est-ce uniquement de la faute du coach ? Certainement pas. Le Club Bruges se cherche et devait poser un geste fort pour avancer. Le club est structuré comme aucun autre en Belgique mais paie au prix fort ses succès et ses trois titres de rang. En 18 mois, le Club a vu partir trois entraîneurs. Deux ont voulu relever un nouveau défi (Clement à Monaco et Schreuder à l’Ajax) et le dernier a pris la porte.
Sportivement, il y a un travail de stabilité à effectuer.
Le moment est venu de poser le bon choix pour faire franchir un nouveau cap à Bruges. S’il veut se maintenir dans le subtop européen, le Club doit également corriger certains défauts.
Apporter une continuité sera un premier défi. Le vestiaire brugeois est rempli de gros ego qu’il faudra gérer et dont il faudra tirer le meilleur sur tous les fronts et même dans les matchs les moins excitants. Le profil du nouveau coach sera, en cela, une clé. Il faut dire que les joueurs n’ont pas toujours rendu la tâche facile à Hoefkens.
Peut-être le coach a-t-il aussi été trop brave et droit dans ses bottes. Il a parfois posé des choix forts, comme ce fut encore le cas en écartant Skov Olsen pour le dernier match, mais s’est également vu imposer un mercato de dernière minute avec l’arrivée de joueurs comme Boyata et Yaremchuk qui n’ont pas apporté la plus-value prévue.
Le Club est une nouvelle fois à un tournant de son histoire et aura peu de temps pour renverser la situation s’il veut oser rêver de titre et d’une brillante campagne européenne.