« Le Maroc a été plus offensif que Martinez »
Le papa du Genkois El Khannouss a rendu visite à son fils, à l’hôtel du Maroc à Doha.
- Publié le 26-11-2022 à 06h00
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Le 5 octobre 2021, Pula, Croatie. Les U18 de la Belgique battent les Croates 1-2, notamment via un but de… Bilal El Khannouss. Le 27 novembre 2022, Doha, Qatar. L’équipe A du Maroc affronte la Belgique en Coupe du monde. Un des jokers marocains s’appelle… Bilal El Khannouss, devenu l’une des révélations de notre Jupiler Pro League avec Genk. Avec ses 18 ans et 193 jours, Bilal est le 9e joueur le plus jeune de ce Mondial. Il devance de justesse son ex-coéquipier à Anderlecht, Zeno Debast. "C’est un rêve qu’on est en train de vivre".
Mohamed, son papa, n’en revient toujours pas que son fils participe au tournoi de foot le plus prestigieux au monde. Malgré tous les problèmes administratifs que son épouse Karima et lui doivent régler pour les voyages des membres de la famille – ils seront une dizaine à être présents dans l’Al Thumama Stadium – il a pris son temps pour partager ses émotions.
"Je viens de voir Bilal pendant une petite heure, dit Mohamed, qui est aussi le frère d’Ahmed, conseiller communal à Molenbeek, à sa sortie du Wyndham Doha West Bay Hotel où loge l’équipe nationale du Maroc. Il est déjà le petit protégé de Zyiech, Hakimi et tous les autres grands noms de l’équipe nationale. Ils l’ont pris sous leurs ailes. À Tanger, où sont nos origines, c’est la folie. Tout le monde m’appelle. Mais je reçois aussi un tas de messages de gamins, notamment de Molenbeek, qui me disent tous:" Bilal nous représente au Mondial ! On est avec lui ! ".
Leur rencontre
Contrairement à la Belgique, le Maroc ouvre donc régulièrement ses portes aux familles. Mohamed explique: "J’ai fait des photos avec tous les joueurs. Ils l’adorent, comme un petit frère. Ils sont tous venus me dire combien il était bon aux entraînements. Même le coach Regragui est venu me voir ; il est resté cinq minutes chez moi. Il m’a dit que dans sa carrière, il n’a jamais vu un jeune de 18 ans à une Coupe du monde pour le Maroc. Je lui ai donné l’exemple de Hakimi au Mondial 2018. Mais non, Hakimi avait 19 ans ! Bilal est le plus jeune !".
À entendre tous ces compliments, on croirait que Bilal pourrait recevoir du temps de jeu contre la Belgique. Contre la Croatie, il est resté tout le match sur le banc. Mohamed: "Je n’ai pas osé poser la question au coach… Je ne veux pas me mêler de cela ou mettre la pression sur lui", explique le paternel.
Son choix
Mohamed nous l’assure: c’est son fils et personne d’autre qui a fait le choix pour l’équipe nationale du Maroc plutôt que pour la Belgique. "C’est un choix de cœur. Cela aurait pourtant aussi pu être la Belgique, à laquelle il est très attaché. Mais le Maroc a été très offensif et n’a pas voulu le laisser s’échapper. Des U18, il est passé aux U21, aux U23 et en équipe A en un rien de temps. Entre ça et un entretien avec Roberto Martinez à Tubize, il n’y a pas photo".
"Et c’est vrai que ses grands-parents l’auraient voulu ainsi. Mon papa est décédé il y a dix-sept ans, c’était un mordu du foot. Et l’année passée, j’ai enterré mes beaux-parents et ma maman en l’espace d’un an et demi (Ndlr: il se bat une première fois contre les larmes) Ah, s’ils avaient su ça…"
Et si Bilal monte au jeu et marque contre la Belgique ? "Là, vous allez très loin… Je crois qu’il lèverait les mains comme quand on marque contre son ex-club. Il a beaucoup de respect pour la Belgique et il est très humble".
Sa sélection
Sa sélection pour les 26, Bilal l’a apprise avant le dernier match de championnat de Genk à Anderlecht, son ex-club. "Vous ne vous imaginez pas ce que cela nous a fait. J’ai eu des larmes. Des émotions. Des frissons. Mais je ne les ai pas montrées, je ne suis pas comme ça. Même maintenant, en parlant de ce sujet, je suis ému. (Ndlr: il a les larmes aux yeux.) Il faut savoir que j’ai commencé avec lui quand il avait 4 ans. Du Crossing Schaerbeek, on est allés à Anderlecht pour ses 6 ans. J’ai fait tous les déplacements, tous les tournois. Dans la pluie et le froid. Je suis allé à Tokyo et en Lettonie avec Anderlecht". Avant de partir à Genk…
Mohamed: "Je vais être sincère avec vous, je ne voulais pas qu’il quitte Anderlecht. Ce n’était pas loin de la maison – on habite Strombeek-Bever. Il était bien accompagné à l’école. Ah, ce départ… J’en rigole encore: c’était un sujet de dispute entre mon épouse et moi. J’avais dit que je le suivrais n’importe où. Elle, par contre, elle a l’instinct d’une maman. Quand son fils part à 100 km d’elle, elle pleure".
Les El Khannouss ne veulent pas cracher sur Anderlecht. "Disons que El avait besoin d’un nouveau défi".
La révélation à Genk
Son départ à Genk n’a pas été décidé du jour au lendemain. "Cela faisait longtemps que Genk le voulait. Cela a été dur pendant les quinze premiers jours. On l’a d’abord mis à l’internat, mais ma femme ne dormait pas les nuits. Puis il est allé en famille d’accueil. Maintenant, depuis deux ans, il a son appartement à Genk". Et niveau football, Bilal cartonne. " Bilal fait rêver les jeunes mais pas que… il y a beaucoup d’intérêts (dont l’Ajax et d’autres grands clubs comme le PSV et l’AZAlkmaar).