Théo Leoni (Anderlecht) raconté par son papa : “Il signerait à deux mains pour la carrière de Deschacht”
Théo Leoni est devenu l’un des Anderlechtois les plus populaires.
- Publié le 10-11-2022 à 06h00
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Une première montée au jeu contre Eupen, puis une première titularisation à l’Antwerp, Théo Leoni vient de vivre la plus belle semaine d’une carrière professionnelle officiellement débutée il y a… cinq ans, quand il a signé un premier contrat à 17 ans. C’est dans la maison familiale de Gerpinnes que Michaël Leoni nous a raconté la trajectoire étonnante de son fils.
Son premier amour
Théo adore aussi le tennis. À même pas 2 ans, il avait déjà une petite raquette et ses balles en mousse. Il attendait derrière la porte que je rentre du travail pour qu’on joue dans le salon. Je l’avais inscrit dans un centre de mini-tennis. Son prof était épaté par la capacité de Théo à assimiler les consignes. Il comprenait directement les nouvelles prises de raquette. Je ne sais pas s’il aurait pu faire carrière dans cette discipline mais il serait devenu un bon joueur. Son gabarit ne l’aurait quand même pas aidé, quand on voit les monstres sur le circuit actuel. Mais il continue d’aimer le tennis. Il s’est levé plusieurs fois avec moi la nuit pour regarder des Federer – Nadal. Il aime aussi le basket, mais c’est quand même le foot qui a pris le dessus. Il regarde tout, c’est une encyclopédie vivante.
Son arrivée à Anderlecht
Anderlecht est rapidement venu aux nouvelles. Une fois, deux fois, trois fois, mais on a dit non. Théo était encore fort jeune. Finalement, à 11 ans, Jean Kindermans nous a téléphoné. Il avait besoin d’un numéro 10 pour sa génération 2000. Théo était son plan A, mais il en prendrait un autre si on refusait encore. On a discuté avec Théo et il a décidé qu’il était prêt à saisir cette chance. Le Standard était là aussi, mais Théo a toujours préféré Anderlecht.
Sa progression
Théo s’est imposé directement à Anderlecht. Quand j’ai prévenu Didier Beugnies, le directeur technique de Charleroi, qu’on partait à Anderlecht, il nous a félicités, mais Théo ne pouvait plus s’entraîner là-bas. Il a donc directement pu commencer à Anderlecht. Le week-end qui suivait, il y avait un tournoi en Allemagne avec le Bayern Munich et Théo a directement remporté le trophée du meilleur joueur. Il s’est imposé comme titulaire dès le départ comme numéro 10. C’est en U17 que son coach, René Peeters, a eu l’idée de le reculer dans le jeu. Théo a beaucoup de coffre et il savait aussi courir pour l’équipe, en plus d’avoir des qualités du numéro 10. Il a progressé dans son jeu défensif. Ce qui est amusant, c’est que Théo a toujours adoré Pirlo, aussi un numéro 10 qui a fini plus bas. Le Club brugeois a fait part de son intérêt à ce moment-là, mais Théo voulait rester à Anderlecht.
Son équipier Remco Evenepoel
Dans la génération 2000, il y avait plusieurs très bons joueurs, même si Théo est le dernier encore à Anderlecht. Lutonda (Waalwijk), El Kababri (sans club), Nzita (Beerschot), Ngonge (Groningue)… Et puis il y avait le phénomène Remco Evenepoel, qui est arrivé en U15. Physiquement, c’était déjà dingue. Je me souviens d’un test VMA pour toute l’équipe autour du terrain. Théo et Remco étaient les deux derniers à tenir le rythme, tous les autres étaient épuisés au sol. Ils ont fait cinq-six tours ensemble puis Théo est tombé de fatigue. Remco a continué tout seul et c’est le préparateur physique qui lui a demandé d’arrêter. On se demandait s’il était humain !
Son caractère
Théo a toujours été un garçon mûr, calme et gentil. Je peux même vous dire que je me suis un jour demandé s’il n’était pas trop bon pour le milieu du foot. Ne fallait-il pas être un sale gamin pour percer ? Mais Théo n’a jamais changé. Je ne sais pas de qui il tient, parce que sa maman, d’origine espagnole, et moi, d’origine italienne, sommes plus volcaniques. Il a quasi toujours reçu le brassard de capitaine, ce n’est pas anodin. Il est aimé par ses équipiers. Il est vite populaire. Théo est aussi un bon garçon à la maison. Pour l’instant, il vit toujours avec nous à Gerpinnes, mais il cherche un appartement à Bruxelles.
Son développement physique
On a entendu l’expression ‘tard mature’dès son premier entraînement à Anderlecht. Le coach m’a expliqué le concept. Il faut dire que Théo était fort petit à 12 ans. Il a grandi après et il est devenu ‘normal mature’à 16-17 ans. Je ne savais même pas que l’expression existait. Il avait rattrapé son retard physique, mais, à cet âge-là, il y avait beaucoup de joueurs déjà adultes physiquement. Théo, lui, n’était pas prêt pour faire des débuts très précoces, comme on a pu le voir pour des garçons comme Julien Duranville ou Jérémy Doku. On a laissé grandir Théo sans brusquer les choses. Il ne fallait pas l’envoyer en salle de musculation et lui faire perdre toute son explosivité. Hubert Lemaire, le préparateur physique des jeunes, s’est très bien occupé de lui.
Sa patience avant les débuts pros
Il a signé son premier contrat pro en 2017. C’est Jean Kindermans qui avait tout organisé. Mais il lui avait expliqué qu’il faudrait un peu plus de temps, même s’il avait déjà 17 ans. Par la suite, Théo a passé cinq années dans le noyau Espoirs, ce qui doit être un record. Voir des garçons nés bien après qui faisaient leurs débuts pros n’était pas toujours simple, mais il a toujours eu la foi. Tous les entraîneurs l’aimaient beaucoup. Emilio Ferrera l’a fait monter directement quand il est arrivé. Jonas De Roeck le faisait toujours jouer. Puis Craig Bellamy était fan. Et enfin Robin Veldman en a fait un de ses joueurs de base pour emmener l’équipe en Challenger Pro League. Voir que tous ces entraîneurs de haut niveau faisaient confiance à Théo nous aidait à patienter. Le jour allait finir par arriver. Il y a eu plusieurs offres d’autres clubs de D1, amenées par son agent Jean-Marc Schellens, mais Théo voulait vraiment percer à Anderlecht. C’est un vrai Mauve. Il a un parcours difficile qui ressemble à celui d’Olivier Deschacht. Si vous lui tendez un papier pour avoir la même carrière, il signe directement. Il a beaucoup de respect pour cette légende du RSCA.