La Pro League détient le record du nombre de C4 cette saison
Dans le Top 10 européen, aucun championnat n’a viré plus d’entraîneurs que la Belgique jusqu’à présent dans la saison 2022-2023.
Publié le 25-10-2022 à 06h00
Un triplé pour prendre la tête. Avec les licenciements d’Edward Still (Charleroi), de Bernd Storck (Eupen) et de Felice Mazzù (Anderlecht) en moins de 24 heures, la Pro League est devenue le championnat du Top 10 européen où on vire le plus d’entraîneurs, en dépassant l’Allemagne et la France (voir infographie).
Une première place qui n’est pas très flatteuse pour la réputation de notre compétition. Avec seulement dix-huit clubs (contre parfois vingt ailleurs), cela signifie qu’un tiers des formations belges ont déjà limogé leur entraîneur. C’est énorme mais la Pro League a déjà fait mieux. Ou plutôt pire. En 2017, à la même date, il y avait déjà eu… sept coachs mis à la porte (Marquez à Saint-Trond, Kristinsson à Lokeren, Vanderhaeghe puis Custovic à Ostende, Vanhaezebrouck à Gand, Ferrera à Malines et Weiler à Anderlecht). Pour arriver à douze à la fin d’une saison macabre en mai 2018.
Les quatre dernières saisons, la moyenne était de quatre licenciements à cette époque de l’année. Mais être déjà à six aujourd’hui n’est pas une surprise. Pour deux grandes raisons.
1. Les trois descendants font peur à beaucoup de clubs
La Pro League repassera à seize clubs la saison prochaine. Il faut donc faire le ménage cette année avec trois descentes sèches. Sans barrage ou tour final pour avoir une ultime chance donc. Ce format inquiète beaucoup de dirigeants. Des formations qui, en théorie, se considèrent comme un membre du ventre mou se voient subitement comme un descendant potentiel. C’est ce qui explique, par exemple, la panique au Cercle Bruges avec le C4 de Thalhammer, pourtant révélation de la saison dernière.
Parmi les six clubs qui ont viré leur coach, l’équipe la mieux classée actuellement est le Cercle Bruges, justement, à la neuvième place. C’est donc la colonne de droite qui est nerveuse, même si on ne peut pas faire d’Anderlecht et de Charleroi des candidats à la relégation. En tout cas pour l’instant.
Les clubs connaissent le prix d’une descente en deuxième division. Si on a souligné les performances des promus ces dernières années (Louvain, Beerschot, Union SG, Westerlo), on peut aussi remarquer que plusieurs relégués ont tendance à s’engluer à l’étage du dessous (Beveren, Lierse). Voire disparaître pour de bon (Mouscron, Lokeren). De quoi céder plus facilement à la panique dans les bureaux des directions. Ou en tout cas d’être moins patient.
2. La mode des contrats en CDI favorise les C4
Ces dernières années, une tendance est apparue dans le football professionnel belge : la signature de contrat à durée indéterminée pour les entraîneurs. Ce n’est pas anodin. Limoger un coach en CDD coûte deux fois plus cher qu’un coach en CDI. Même si une clause spécifique sur le montant de la rupture de contrat peut être insérée, il est en général moins cher de virer avec un CDI. Ce qui n’est pas anodin en ces temps de crise.
Cela dit, le limogeage d’un entraîneur en Belgique, qu’il soit en CDI ou en CDD, n’est pas ce qu’il y a de plus cher. On est loin des sommes atteintes dans les grands championnats.
Jose Mourinho a ainsi déjà palpé… 91 millions d’euros rien qu’avec ses indemnités de licenciement durant sa prestigieuse carrière. Notre Pro League navigue plus dans des eaux où on parle en centaine de milliers d’euros.