Pourquoi tant de «hate» envers les sportifs sur les réseaux sociaux? Une étude donne une idée de l’ampleur du phénomène

Le harcèlement dont les sportifs professionnels sont l’objet sur Twitter, Instagram ou Facebook ne désemplit pas. Les syndicats de sportifs demandent de l’action.

Les footballeurs belges Faris Haroun ou Obbi Oulare , l’ancien défenseur international anglais Rio Ferdinand, son plus jeune équipier des Three Lions Marcus Rashford , la joueuse de tennis Ysaline Bonaventure, la star absolue du football féminin, Megan Rapinoe, la star de NBA Stephen Curry, les Diables rouges Romelu Lukaku et Christian Kabasele , etc., etc. La liste est longue. Interminable, même. Elle comprend tous ces joueurs ou joueuses qui ont dénoncé à un moment ou un autre les messages de haine dont ils sont l’objet sur leurs réseaux sociaux.

1600 messages en trois mois

Pourquoi tant de «hate» envers les sportifs sur les réseaux sociaux? Une étude donne une idée de l’ampleur du phénomène

Un phénomène qui n’est pas neuf, mais qui ne parvient pas à être endigué, malgré la mise en alerte de tous ceux-là et de bien d’autres. Le syndicat mondial des joueurs de foot (FIFPRO) et ses homologues de NBA (NBPA) et WNBA (WNBPA) ont mené pour la première fois une étude internationale sur la nature et l’importance de ces abus en ligne visant les sportifs professionnels.

Grâce à un programme informatique monté pour l’occasion, "Threat Matrix", ils ont passé en revue toutes les publications sur Twitter visant une liste de quatre-vingt joueurs et joueuse de football et autant de basketteurs et basketteuses, toutes et tous de premier plan, quelle que soit leur origine. Romelu Lukaku fait partie de ceux-là. L’étude a été menée avant que le Diable ne décide en janvier 2022 de supprimer son compte Twitter, après avoir été la cible de nombreux messages racistes ou injurieux, dans la foulée de ses déclarations sur sa situation à Chelsea.

 Quelques exemples désolants des messages abusifs envoyés par des utilisateurs de Twitter ou Instagram.
Quelques exemples désolants des messages abusifs envoyés par des utilisateurs de Twitter ou Instagram. ©

Bien que ce scannage ne portait que sur trois mois et 160 cibles, donc, il a permis d’identifier 1558 publications haineuses, ciblées par des mots-clés ou des émoticones clairement racistes ou injurieuses. Une moyenne de dix par sportif à laquelle il ne faut pas s’arrêter puisque certains sont plus épargnés que d’autres, et, surtout parce que l’on ne parle ici que des posts publics, non pas des messages envoyés par le biais des messageries personnelles.

3% de comptes suspendus seulement

Plus inquiétant, encore: 87% des messages en question sont toujours visibles, preuve que le "nettoyage" des réseaux est largement insuffisant, malgré de grandes déclarations. Et que le sentiment d’impunité règne. Les auteurs de l’étude ont analysé les publications qui ne sont plus visibles et constaté que dans 3% des cas seulement, les comptes des auteurs de ces messages ont été suspendus.

Ces posts de haine portent le plus souvent un message homophobe (près de 600 cas), raciste (près de 400) ou sexiste (300), mais pas que.

"Malgré le fait que ces abus soient devenus une évidence et qu’il y ait une réelle expertise technique dans les sociétés qui gèrent ces plateformes, très peu de choses ont été faites pour les contenir", regrette-t-on à la FIFPRO. "Nous attendons de ces réseaux qu’ils éradiquent ces abus grâce à une technologie qui supprimerait ces messages (NdlR: automatiquement). Les gouvernements ont commencé à réagir et les sportifs et sportives ne veulent plus considérer ces abus comme faisant partie du boulot…"

Car, si certains pensent parfois que l’argent gagné par un sportif de tout haut niveau le rend intouchable et insensible, ils se trompent. "Les joueurs apprennent à camoufler leur vulnérabilité et l’impact réel que ces abus en ligne ont sur eux, mais cela ne devrait pas être nécessaire", poursuit-on à la FIFPRO. "L’argent ne protège en rien la santé mentale des joueurs." Une évidence qu’il faut hélas rappeler.

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