Nadal veut et peut aller jusqu’au bout
Et si Rafael Nadal remportait un quatorzième Roland-Garros avant de tirer sa révérence ? C’est de l’ordre du possible.
- Publié le 02-06-2022 à 06h00
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Pour une fois, Rafael Nadal ne partait pas avec les faveurs des pronostics sur la brique pilée de Roland-Garros, mardi soir face à Novak Djokovic. Mais l’Espagnol a encore surpris tout son monde en venant à bout du N.1 serbe, au bout de la nuit parisienne. Une victoire qui s’est dessinée au terme d’une rencontre haletante de 4h12, en quatre sets.
Oui, Rafa, reste le maître incontesté de la terre battue. Et c’est amplement mérité.
L’Espagnol a l’art de jouer à un niveau auquel on ne l’attend pas. Agressif dès les premières balles, mettant une intensité rare, il s’est offert le premier set sur un 6-2 bien tassé mais loin d’être illogique. Impeccable sur le plan mental, il s’est aussi montré plus solide que le Serbe dans les moments importants.
Même après avoir perdu la deuxième manche 6-4 alors qu’il menait 3-0, il est resté concentré sur ses objectifs. Il a ensuite déroulé dans le troisième set (6-2) avant de renverser le N.1 mondial dans la dernière manche pour l’emporter au tie-break (7-6) alors qu’il était mené 3-0.
"Il a réussi à jouer son meilleur tennis aux moments clés, il mérite cette victoire, sans aucun doute", a souligné Novak Djokovic, qui perdra a priori sa première place d’ici au 13 juin, selon le vainqueur de Roland-Garros.
À l’instar de l’actuel N.1 mondial dans sa déclaration, les chiffres ne mentent pas: 57 coups gagnants contre 48, 43 fautes directes contre 53. Et dire qu’on a pensé que le huitième de finale marathon de Rafael Nadal face au Canadien Félix Auger-Aliassime (4h21) allait laisser des traces, qu’il allait subir physiquement… Il n’en a rien été.
Un baroud d’honneur pour son dernier RG?
Une question subsiste, désormais. Rafa peut-il soulever le trophée dimanche en finale? La réponse semble évidente: il veut et il peut aller jusqu’au bout.
Évidemment, Alexander Zverev (ATP 3) ne sera pas un oiseau pour le chat. L’Allemand, bien préservé jusqu’ici par toute l’agitation médiatique, l’attend de pied ferme ce vendredi en demi-finale. Forcément, les quatre heures passées sur le court par Nadal dans la nuit de mardi à mercredi vont peser. Quoi que, avec Rafa…
L’émotion du Majorquin en fin de rencontre, où on l’a vu essuyer quelques larmes, en disait long sur l’importance de cette victoire. On a peut-être assisté au dixième et dernier choc entre Djokovic et Nadal à Roland-Garros. De nombreux observateurs s’interrogent. Ses commentaires d’après-match ne constituent-ils pas des signaux d’une fin de carrière de plus en plus proche?
Nadal, qui fêtera ses 36 ans ce vendredi, ne le cache d’ailleurs pas, laissant entendre qu’il pourrait s’agir de son dernier tournoi à la Porte d’Auteuil. La faute à son corps, et à ce syndrome de Müller-Weiss qui lui procure des douleurs chroniques au pied droit.
"Je suis très clair à ce propos", a-t-il raconté en conférence de presse. "Je ne sais pas ce qui peut arriver après ici. J’ai ce que j’ai au pied et, si on n’est pas capable de trouver une solution, ça va devenir super-difficile pour moi. Je profite juste de chaque jour où j’ai la chance d’être là, sans trop penser à ce qui peut arriver dans le futur. Bien sûr, je vais continuer à me battre pour trouver une solution mais, pour le moment, on n’en a pas. Les trois derniers mois et demi n’ont pas été faciles pour moi. À Rome (NdlR: où il a été éliminé en huitièmes de finale, mi-mai, avec une importante douleur au pied), je n’avais pas mon médecin. Avec lui ici, je peux faire des choses qui aident. Ce n’est pas le moment de parler de ça mais je fais tout ce que je peux pour essayer de jouer ce tournoi dans les meilleures conditions possibles. Je ne sais pas ce qui peut arriver après, honnêtement."
Un 22eGrand Chelem?
Des propos qui ne rassurent pas dans le chef du roi de la terre battue. Mais qui laissent penser qu’il se donnera corps et âme pour remporter un quatorzième et dernier (?) titre dans "son" tournoi avant de (peut-être) tirer sa révérence. Après avoir écarté son plus grand rival, la voie semble royale vers son vingt-deuxième titre de Grand Chelem.
Reste à son médecin à jouer le faiseur de miracles.