Jef Brouwers, psychologue du sport : "L'Union a géré l'échec au mieux"
En battant Anderlecht dimanche, l’Union SG a encore démontré une belle gestion mentale. Éclairage avec Jef Brouwers, psychologue du sport.
Publié le 17-05-2022 à 06h00
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En une semaine, les joueurs de l’Union Saint-Gilloise ont dû se montrer très fort mentalement. Ils ont dû digérer leurs deux défaites en quatre jours face au FC Bruges, sacré champion de Belgique, dimanche. Et ils ont aussi dû trouver les ressources pour se remobiliser et valider leur deuxième place. Ce qu’ils ont réussi à faire en s’imposant dimanche au Lotto Park face à Anderlecht (0-2). Jef Brouwers (photo en médaillon), psychologue du sport, fait le point sur la gestion de l’aspect mental des Unionistes.
Peut-on dire que l’Union a parfaitement répondu présente mentalement après l’échec subi face aux Brugeois?
Je trouve que les Bruxellois ont joué ce dimanche comme ils jouaient avant leur double confrontation face à Bruges. Mentalement, c’est difficile d’être en tête toute la saison puis de perdre le titre sur la fin. Des situations similaires existent dans la vie de tous les jours quand une personne fait face à un échec comme un poste qui lui passe entre les doigts à la toute fin d’un processus de sélection. Il faut réussir à gérer cet échec au mieux. C’était donc un défi phénoménal à surmonter pour les Unionistes et ils ont montré à Anderlecht qu’ils avaient une grande force mentale.
Quel rôle Felice Mazzù a joué dans cette bonne gestion mentale tout au long de la saison?
Mazzù est un entraîneur qui sent bien ses joueurs, qui a un respect total envers eux et qui n’attaquera jamais l’un d’eux s’il rate une occasion. C’est un coach qui prend chaque joueur dans sa globalité, via une approche très humaine. Le fait de leur donner plusieurs jours de congé après une belle performance en est le bon exemple: il sent bien les joueurs et sait donc exactement comment agir. Il sait qu’en prenant ce genre de décisions, il obtiendra les meilleurs résultats possibles. Ils ont géré l’aspect mental de manière exemplaire. Les joueurs sont restés dans leur bulle depuis le début du championnat et peuvent être fiers de ce qu’ils ont réalisé même si la déception est légitime. Le fait de ne pas avoir été champion peut avoir un impact sur le long terme dans la tête des joueurs mais ils doivent essayer de fermer ce dossier le plus vite possible. Et Mazzù est la bonne personne pour faire face à cette situation.
Comment expliquez-vous que, malgré un solide mental, l’équipe a craqué face à Bruges?
Les joueurs étaient face à une situation complètement nouvelle, avec un gros enjeu. Quand un footballeur fait face à quelque chose d’aussi important, cela a inconsciemment une influence sur son état dans l’approche du match. Le cerveau n’aime pas quand on lui dit «ce match est très important». Or, ce sont justement les moments dans lesquels il faut répondre présent. Et cet aspect inconscient peut prendre une grosse place. L’Union n’a pas eu une faiblesse mentale pendant le double affrontement car cela a été généré de manière automatique par le cerveau. Les joueurs semblaient calmes mais l’aspect «je dois gagner» a sûrement joué un rôle. À Bruges, Schreuder a apporté beaucoup de calme dans le groupe aux moments où il fallait faire la différence. Ce n’est alors plus une question de football mais bien une question de gestion des émotions des joueurs.