Le mystère Amuzu
Francis Amuzu a les qualités pour faire une belle carrière mais tarde à les faire parler. Est-il enfin lancé ?
Publié le 10-05-2022 à 06h00
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Il court et brandit trois doigts devant lui. L’image de la célébration du hat-trick de Francis Amuzu a fait le tour du microcosme du football belge. Son retour dans le vestiaire a été célébré comme s’il venait d’offrir un trophée à Anderlecht. Chaque équipier l’a pris dans ses bras.
Simple explication: Amuzu est apprécié. Dans le groupe, il fait partie des ambianceurs. Il est de ces mecs bruyants mais nécessaires dans un groupe. "Je ne suis pas du genre à marquer à chaque match donc mes équipiers étaient contents", a-t-il souri.
Lorsqu’il a été lancé en décembre 2017, Francis Amuzu semblait être programmé pour réussir. Et pourtant, chaque été, c’est la même histoire. Il réalise quelques bons matchs puis disparaît progressivement.
Pourquoi a-t-il passé sa saison sur le banc?
Cette fois-ci, par rapport aux années précédentes, il parvient à renaître en fin de saison. Avec deux titularisations de rang, ce qui n’était plus arrivé depuis début octobre, il peut enfin obtenir un statut de joueur important. "Il a souvent eu le rôle ennuyeux de remplaçant de luxe, explique Kompany. Mais il a toujours été là pour l’équipe."
Le coach a ensuite justifié à demi-mot pourquoi il a remplacé Refaelov par Amuzu, laissant comprendre que la vitesse d’Amuzu faisait la différence face aux grands. Là où Refaelov est plus utile face à des blocs bas et bien organisés.
Amuzu a, avant les play-offs, été victime de son profil. À chaque match, il montait à l’heure de jeu et déstabilisait l’adversaire par son style tout en mouvement. Résultat: cinq buts en Pro League en sortie de banc. Pas un seul comme titulaire avant ce match à l’Antwerp.
Il doit aussi ce statut de supersub au fait qu’il a du mal à terminer les rencontres. Dimanche soir, il a une nouvelle fois dû quitter la pelouse victime de crampes.
Pourquoi a-t-il éprouvé du mal à être décisif?
Son triplé de dimanche soir doit le libérer mais n’en est pas moins l’arbre qui cache la forêt. Il jouera son 150e match pour le RSCA jeudi et pourtant, le nom Amuzu est encore trop souvent accompagné de "oui, mais". Exemple type: "Il fait la différence, mais ne donne pas la bonne passe."
À Anderlecht, on nous a souvent parlé d’un blocage mental. À partir du moment où il a dû prendre ses responsabilités et ne plus être un jeune talent à qui on pardonne les erreurs, il s’est fermé. Trop de réflexion tue la décision.
"Je dois rester calme, ne pas trop réfléchir. Quand le ballon arrive, je dois juste tenter un truc. J’avais un blocage mental à la finition."
Est-il enfin lancé? La question à un million est régulièrement revenue comme un boomerang. L’entourage du joueur nous a glissé avoir eu des échos positifs à ce sujet. À Anderlecht, on considère qu’Amuzu a franchi un cap mental ces dernières semaines et que son match n’est que la consécration d’un long travail, notamment réalisé avec Floribert Ngalula, un des adjoints de Kompany.
Quel est son avenir?
La situation d’Amuzu lui a toutefois pesé sur le moral. Anderlecht lui a fait comprendre depuis l’été dernier qu’un départ n’était pas à l’ordre du jour à moins d’une offre très conséquente. Problème: il n’a pas obtenu le temps de jeu qu’il espérait et n’a pu obtenir mieux qu’un statut de supersub.
Un bon match ne change pas son envie de changer d’air. Il accroît, par contre l’intérêt autour de sa personne. Il aura 23 ans à l’été et doit jouer s’il veut faire la carrière qui lui est promise depuis ses jeunes années mais que certains ont remise en doute à force de le voir stagner.
Anderlecht pourra difficilement lui offrir des garanties de temps de jeu. Refaelov est toujours sous contrat, le départ de Verschaeren n’est pas encore acté, Arnstad est en plein développement et Aït El Hadj veut se relever. Cela fait beaucoup de monde pour deux places.