Kim Gevaert: "L’athlétisme est un exemple pour la parité"
Kim Gevaert occupe ses fonctions de directrice du Mémorial Van Damme depuis un gros mois. Entretien.
Publié le 08-03-2022 à 06h56
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/OIUUEF46PVH2XJREPQ7VP3T6EA.jpg)
"Maintenant, je dois veiller à avoir mon téléphone près de moi parce qu’il sonne souvent."
Kim Gevaert affiche, comme d’habitude, sa bonne humeur. Il y a un gros mois, la meilleure sprinteuse belge de tous les temps a pris la succession de Cédric Van Branteghem à la direction du Mémorial Van Damme. Par sa présence à un tel poste, la championne olympique (avec le relais 4x100m aux JO 2008) défend indirectement la cause des femmes.
Cela tombe bien : ce mardi, c’est la Journée internationale des droits des femmes. "Il est important de nous mettre à l’honneur à cette occasion parce que nous ne sommes pas toutes logées à la même enseigne", dit-elle avant d’accorder sa première interview depuis son entrée en fonction.
Kim, comment êtes-vous devenue directrice du Mémorial Van Damme?
Le lendemain de l’annonce du départ de Cédric Van Branteghem pour le COIB, on m’a demandé si ce poste m’intéressait. J’ai été un peu surprise parce que je ne m’attendais pas à ce que l’on propose cette fonction à une maman de quatre enfants. Et pourtant! Ils avaient vraiment l’air décidé à ce que ce soit moi. Cela s’est fait très vite. J’ai suivi mon intuition. Je me suis dit que même si ça allait me demander de faire quelques aménagements dans ma vie, j’allais accepter. Pour le moment, mon quotidien n’a pas trop changé mais mon agenda se remplit de plus en plus au fil des jours.
Pourquoi avoir accepté?
Ce meeting a toujours occupé une place spéciale dans ma vie. J’adore l’atmosphère qui y règne. Le Mémorial Van Damme est un événement très spécial pour Bruxelles et pour la Belgique. C’est un meeting de grande valeur. Durant ma carrière sportive, j’y ai vécu des moments d’intense émotion, comme ma victoire sur 200 mètres en 2004 alors que j’étais encore fatiguée des Jeux olympiques d’Athènes. La présence du public m’avait poussée à me surpasser.
Vous ne vous attendiez pas à ce que l’on fasse appel à vous, mais si vous avez accepté, c’est que vous vous sentiez prête à relever ce défi?
Oui, car c’est une suite assez logique. Je ne franchis pas un pas énorme. J’aurai des nouvelles tâches, je voyagerai davantage, j’aurai plus de contacts avec les sponsors mais ce ne sera pas un saut dans l’inconnu. Depuis l’arrêt de ma carrière sportive en 2009, je contribue modestement à la vie du Mémorial Van Damme. J’y ai une évolution linéaire et, maintenant, je vais pouvoir utiliser tout ce que j’ai appris, comme athlète et comme dirigeante. Par ailleurs, je vais pouvoir apporter encore un peu plus ma pierre à l’édifice.
Vous dites avoir été surprise qu’on pense à vous pour ce poste. Expliquez-vous.
Je pensais qu’on me voyait plus comme une maman qui s’occupe de ses enfants à la maison. Cela reste quand même un milieu assez masculin.
Êtes-vous leader dans l’âme?
Naturellement, je ne cherche pas à prendre le leadership. Dans la vie de tous les jours, je ne vais pas chercher à imposer mes idées. Mais quand il faut le faire, je peux répondre présente; je l’ai déjà fait dans le passé. Ce poste ne me fait pas peur du tout. Je ne suis pas stressée. Sans doute, le serai-je davantage la veille du prochain Mémorial Van Damme (NDLR : le 3 septembre 2022).
Quelle directrice voulez-vous être?
Je veux être quelqu’un qui échange avec son entourage et donne confiance à son équipe. Le Mémorial Van Damme est un train qui roule déjà très bien. Je ne vais pas arriver et tout changer, je vais prendre ma place en douceur.
Diriger le Mémorial ou sprinter, quelle est la situation la plus stressante?
À la fin de ma carrière, un sprint ne me stressait presque plus. Je savais ce que je devais faire. Pour le moment, je suis en train de découvrir mes nouvelles fonctions mais je le fais sans crainte. Ce n’est que du bonheur pour moi.
Vous êtes la première femme à occuper ce poste au sein du Mémorial Van Damme
Oui, et c’est très bien qu’une femme remplisse cette fonction désormais. Cela correspond à l’évolution de la société. La femme y prend de plus en plus de place et il faut que cela augmente encore. Dans ma carrière, je n’ai pas rencontré de problème lié au fait d’être une femme. J’ai toujours senti beaucoup de respect à mon égard. En ce sens, l’athlétisme est un fer de lance. Il sert d’exemple en termes de parité. Mais il faut continuer dans cette voie car toutes les femmes du monde n’ont pas la même chance que moi.
Peut-on imaginer que vous occupiez un jour des fonctions au sein du COIB?
Ce n’est pas impossible car j’aime le mouvement olympique. Je pense que c’est important de s’investir dans son sport. Mais n’y pensons pas maintenant, je viens à peine d’arriver à la direction du Mémorial Van Damme et ça me va très bien comme ça.
Comment ont réagi vos enfants (de 12, 11, 9 et 4 ans)?
De façons très différentes. Deux ont été très fiers. Un a pleuré en me disant que je ne serais plus jamais là. Et la dernière a été très contente. Elle dit qu’elle va enfin pouvoir voir le feu d’artifice qui clôture la soirée le jour du Mémorial.