Trop court, Remco a dû laisser filer Vlasov
Bousculé sur le chemin empierré, Evenepoel a craqué dans le dernier kilomètre. Il a perdu le leadership et sans doute la course.
- Publié le 05-02-2022 à 06h05
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L’étape reine de ce Tour de Valence a tenu toutes ses promesses. La journée avait commencé de manière assez particulière. Surtout pour l’équipe BikeExchange qui avait dû quitter la course suite à deux cas de Covid-19 dans ses rangs. Arrivé la veille de Belgique, Patrick Lefevere, lui, se réjouissait de voir son protégé en jaune. Le midi, au départ à Alicante, il avait estimé avoir vu un Remco différent. “Il est devenu un homme. Cela se voit dans sa morphologie, pas seulement dans la tête”, avait glissé l’homme fort de Quick-Step Alpha Vinyl, heureux que son poulain ait attendu le moment parfait pour placer l’attaque décisive lors de la journée initiale menant à Torralba del Pinar, dans l’arrière-pays valencien.
Le sexagénaire flandrien a moins goûté ce qu’il a vu ce vendredi vers Tibi, petit village situé au cœur de la Sierra Maigmo. Tom Steels et lui avaient conduit le seul véhicule du Wolfpack autorisé à rallier l’arrivée. Cela n’a pas porté chance à Evenepoel. Le Brabançon a, en effet, perdu son maillot jaune de leader que lui a ravi Aleksandr Vlasov, qui pointait au départ à 19 secondes de lui au classement général.
Le Russe, principal rival de notre compatriote, est passé à l’offensive aux deux tiers du secteur empierré long de 1,7 borne. Il restait 600 mètres lorsqu’il se porta à l’avant. Ses adversaires ne le revirent plus. Après s’être accroché, les mains serrées sur le guidon, pendant la majeure partie de la montée, Evenepoel dut se résoudre à laisser filer le leader de la Bora-Hansgrohe.
Certains diront que, comme l’an dernier au Giro, l’ancien footballeur a montré ses limites sur un terrain rêvé pour les amateurs de mountainbike. Pourtant, il s’est assez bien débrouillé sur ce secteur si atypique. Au moment de retrouver le bitume à une borne de la ligne, il n’avait pas cédé énormément à Vlasov. Certes, rouler sur de la terre battue, passer son temps à éviter les cailloux afin de ne pas crever, ne l’enthousiasmera sans doute jamais, mais au sortir de ce passage, l’idée qu’il bouche le trou sur son rival demeurait valable.
Le voilà à 32 secondes!
Las! C’est le contraire qui s’est produit et le Russe a accentué son avance jusqu’à lui reprendre 41 secondes. En ajoutant les dix autres de bonification dévolues au vainqueur du jour, Evenepoel en a perdu 51 lors de cette journée compliquée. Parti le midi avec un viatique de 19 secondes sur l’ancien pion d’Astana, le natif de Schepdaal pointe, désormais, à 32 secondes du Russe.
S’il n’a pas volé sur les pierres, c’est dans le dernier kilomètre qu’il a perdu le plus de plumes. Il s’est, en effet, fait dépasser par six concurrents. Par moments, il semblait à l’arrêt alors que les autres roulaient.
À moins qu’il s’agisse vraiment d’un moins bon jour, cet effondrement n’est pas de nature à rassurer sur le chemin du Tour d’Espagne où il devra, en principe, se coltiner, en plus, Primoz Roglic et Tadej Pogacar, les deux meilleurs spécialistes de courses à étapes du peloton. Remco a-t-il payé au prix fort le passage dans les graviers et les changements de rythme qu’imposait cette montée irrégulière ou n’est-il simplement pas encore à son pic de forme? Un peu des deux sans doute.
Lui n’est pas inquiet (voir ci-dessous) et il l’a répété plusieurs fois depuis la reprise : le Tour d’Algarve (du 16 au 20 février) constitue son premier vrai objectif de la saison. Il entend, donc, y être plus fort que sur les routes levantines.
Remco n’a que vingt-deux ans et, hormis l’extraterrestre Pogacar, ils ne sont pas nombreux à lui être supérieurs au même âge.