Gigounon, l'entraîneur de Goffin, l'assure: "Nous sommes excités par cette nouvelle saison"

Germain Gigounon veut retrouver le vrai Goffin, celui qui prend les balles tôt, coupe les trajectoires et domine l’échange.

Christophe Verstrepen
Gigounon, l'entraîneur de Goffin, l'assure: "Nous sommes excités par cette nouvelle saison"
Gigounon sait que Goffin doit retrouver ses moyens pour être au meilleur niveau. ©JC Guillaume

Si David Goffin a connu une saison 2021 frustrante, c’est aussi le cas de son entraîneur, Germain Gigounon. Le jeune coach de 32 ans sait qu’il a reçu, il y a un an, une merveilleuse opportunité en s’occupant de la destinée de son pote et que de nombreuses interrogations sont nées suite à cette collaboration entre amis. C’est pour cela que le Binchois espère retrouver un Goffin en pleine possession de ses moyens en 2022, afin de faire taire les sceptiques et d’aider le Liégeois à retrouver son meilleur niveau.

Quel est le bilan de votre première année de collaboration avec David Goffin?

Cela n’a pas été une année simple. David a connu deux blessures importantes : l’entorse de la cheville sur le gazon puis son problème au genou qu’il traînait depuis le début de la saison. Malgré ces pépins, il y a eu des choses intéressantes, comme le titre à Montpellier. J’ai aussi récolté pas mal d’enseignements pour pouvoir évoluer en 2022, pour aller dans le bon sens.

Est-ce que le fait de travailler avec un joueur qui n’était pas au top de sa forme a fait naître des frustrations?

C’est certain, mais cela fait partie de la vie d’un sportif de haut niveau et il faut vivre avec. On a vite compris que ce serait compliqué et c’est la raison pour laquelle on a vite mis un terme à la saison 2021 pour repartir sur une bonne préparation avec trois mois d’entraînements. Maintenant, on va regarder vers l’avant et pas trop vers l’arrière.

Cette saison, c’était compliqué pour vous de mettre en place un vrai travail, car David devait souvent se soigner ou faire attention?

Oui, on a rarement pu réaliser de grosses journées, avec deux entraînements, car il y avait toujours ce genou qui était compliqué à gérer. Ici, depuis le début de la préparation, on a pu remettre en place ces journées avec des doubles séances. On a plus de temps pour s’entraîner mais on demeure à l’écoute du corps de David. Pour l’instant, tous les voyants sont au vert.

Lors de cette première année de travail en commun, êtes-vous parvenus à bien séparer votre relation d’amitié en dehors des courts et celle de coach-joueur sur les terrains?

Oui. Cela s’est fait naturellement, dès le début. On sait bien séparer les deux relations. Sur le terrain, on fait le boulot. Mais je reste persuadé que cela représente un plus de bien connaître David depuis des années. On peut parler librement et il avait besoin de cela.

Pendant cette préparation vous avez notamment travaillé du côté de Valence avec David Ferrer. Comment s’est déroulée cette collaboration?

David connaissait Ferrer du circuit et moi j’ai travaillé chez l’Espagnol quand j’étais en fin de carrière. Comme on avait trois mois devant nous, je ne voulais pas qu’on reste dans une routine en Belgique ou à Monaco. Le but était de trouver des endroits différents pour s’entraîner. Je savais qu’on pouvait se rendre chez David Ferrer pour vivre une expérience enrichissante avec une personne qui a vécu beaucoup de choses sur le circuit et qui a entraîné Zverev. Cela ne pouvait qu’être intéressant pour David (NDLR : Goffin) et moi. Avoir un avis extérieur et échanger avec quelqu’un qui connaît le tennis, cela ne pouvait déboucher que sur du positif. On pouvait aussi travailler en extérieur avec des bons partenaires. La semaine dernière, nous sommes partis à Tenerife. C’est important pour la tête de changer d’endroits et cela permet aussi de rencontrer d’autres joueurs et d’autres coachs pour discuter. Cette démarche est très positive.

Au niveau du jeu de David, vers quoi voulez-vous l’amener?

Je veux qu’il retrouve un tennis très offensif qui est le sien. Je veux voir un joueur qui prend la balle tôt, qui coupe les trajectoires pour dominer l’échange. C’est la nature première de David et c’est comme cela qu’il joue quand il se sent bien. En 2021, avec son manque de confiance et ses pépins physiques, David n’a pas pu être ce joueur. Je suis conscient qu’il va falloir des matchs pour se mettre dedans et retrouver ce David offensif.

L’état de son genou, vous devez encore en tenir compte dans vos séances?

C’est un élément qu’on doit toujours garder à l’œil en poursuivant le travail musculaire qui a été mis en place. Mais, David comme moi, nous sommes excités par cette nouvelle saison et on espère qu’il va pouvoir se lâcher en enchaînant les matchs et en retrouvant de la confiance.

Est-ce que le nouveau classement de David, 39e mondial, va changer quelque chose dans sa programmation, dans sa manière d’aborder les tournois?

Théoriquement, il ne sera pas tête de série en Australie, sauf s’il y a des retraits. Ce qui change la donne pour les premiers tours. Mais on sait que David est capable de battre énormément de monde. L’année dernière, en étant tête de série, cela ne s’est pas spécialement bien passé. Je pense qu’il n’y a pas de science exacte. Concentrons-nous sur son jeu. Ensuite, on verra les tirages.

Avec cette première année au plus haut niveau, avez-vous découvert des aspects du métier que vous ne connaissiez pas?

On découvre toujours de nouvelles situations à gérer, qu’elles soient bonnes ou pas. C’est ce qu’on nomme l’expérience.

Comme jeune coach, possédez-vous des références, continuez-vous à vous former?

J’essaie de regarder comment fonctionnent d’autres entraîneurs. C’est dans mon tempérament. Je discute beaucoup avec des collègues. Je regarde ce qui se fait, ce qui existe. Je ne pense pas copier quelqu’un. J’ai des trucs à moi et j’apprends aussi au quotidien. Avec les années qui passeront, ce sera encore plus marqué. Je sais ce qui m’intéresse et ce qui m’intéresse moins dans le coaching.

Utilisez-vous beaucoup la vidéo?

Surtout pour revoir les matchs. C’est aussi intéressant pour analyser des adversaires quand on ne sait pas les voir de visu. C’est intéressant pour préparer un match tactiquement. Cela permet aussi de se replonger dans une partie sans le côté émotionnel du direct. Au quotidien aussi, la vidéo peut être utilisée. C’est parfois pas mal que les joueurs voient en images leur travail. Cela peut avoir un autre impact que le simple discours du coach. J’utilise la vidéo mais pas tout le temps. C’est comme les statistiques. On peut s’en servir mais pas à outrance. Il faut trouver un bon équilibre entre tous ces outils.

Qu’attendez-vous de la reprise de David, jeudi à Caen, dans un tournoi exhibition?

Refaire une ou deux vraies rencontres en se retrouvant dans un vrai schéma de match avec du public. Cela va faire du bien de ressentir ces émotions à trois ou quatre semaines de la vraie reprise. On va mettre en place ce qu’on a travaillé et voir ce qui marche bien et ce qui fonctionne moins bien. Il n’y a pas une attente de résultat.

Après cette longue coupure en 2021, comment sentez-vous David?

Il a faim et a envie de retrouver la compétition. Ce qui représente l’essence de son métier. Avec cette coupure, un manque a été créé. Mais il fallait régler ce problème de genou car cela handicapait David sur sa mobilité. Un de ses points forts. Il ne pouvait pas faire ce qu’il voulait. Ce qui amenait de la frustration. Puis on s’installe dans un cercle vicieux. David doit se sentir libre en jouant.

Vous êtes hors-ligne
Connexion rétablie...