F1: quand le duel final vire au crash volontaire (archives vidéos)
Cela pourrait tourner mal ce dimanche entre Hamilton et Verstappen. Retour sur quatre mémorables "accidents" lors de l’ultime Grand Prix.
Publié le 12-12-2021 à 07h00
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1989 Senna-Prost, acte 1
Ayrton Senna et Alain Prost. Ces deux monstres sacrés de la F1 demeureront à jamais associés pour le meilleur mais aussi pour le pire. Comme c’était le cas en 1988, le titre se joue à Suzuka, en 1989. Mais cette fois, c’est Senna qui doit absolument s’imposer au Japon ainsi qu’en Australie s’il veut être champion. Avec le principe des 11 meilleurs résultats retenus, Prost, plus régulier, peut en revanche tuer tout suspense dès Suzuka s’il s’impose.

Au 46e tour du GP du Japon, l’histoire s’écrit: au freinage de la chicane, Senna attaque Prost qui ne moufte pas et les deux équipiers s’accrochent! Le Français est au tapis mais le Brésilien peut repartir. Reparti le couteau entre les dents, Magic gagne de justesse mais la joie est de courte durée pour le champion sortant.
Il est en effet disqualifié pour avoir court-circuité la chicane et avoir été poussé par un commissaire. Prost est donc sacré sur tapis vert.
Un titre amer puisqu’il est marqué par les nombreuses ingérences et remarques acides envers Senna du président de la FISA, le Français Jean-Marie Balestre, accusé de parti pris envers Prost.
1990La revanche de Senna

On prend les mêmes et on recommence pour 1990. Sauf qu’Alain Prost est parti relever le défi Ferrari et qu’il doit absolument marquer au moins un point de plus qu’Ayrton Senna pour reporter l’échéance à Adélaïde. Sans quoi, en cas de double abandon au Japon, c’est le Brésilien qui rafle la mise.
Plus que jamais, cette finale de la saison 1990 sent l’oignon. Senna est en pole mais celle-ci se trouve du côté sale de la piste. Le champion 1988, qui n’a pas été épargné par les critiques et les humiliations depuis l’épilogue de l’année précédente, pense qu’on complote contre lui. L’absence du président Balestre, resté à Paris, n’apaise en rien les choses…
La suite, on la connaît: Prost prend un meilleur départ que Senna et prend la corde. Mais le pilote McLaren ne lâche rien et vient percuter son rival. Les deux voitures disparaissent dans le bac à sable. Senna est champion par double K.-O.
Ce véritable attentat en choque beaucoup. Mais Thierry Boutsen, en bon ami de Senna, analyse judicieusement la situation: "En 1989, Alain a viré Ayrton. Il lui a rendu la monnaie de sa pièce en se faisant justice lui-même, à défaut de pouvoir compter sur la justice sportive. Il a été mortifié par la façon dont il a été traité. Oui, il s'est vengé."
Senna n'y va pas de main morte pour sa part: "Je dédie ce titre à tous ceux qui m'ont combattu et fait mal. C'est la démo d'un champion."
1994 Schumacher, côté sombre

Atroce! Cette saison 1994 est décidément atroce avec plusieurs polémiques, disqualifications et, surtout, des accidents graves dont ceux mortels d’Ayrton Senna et Roland Ratzenberger. Pour la première fois depuis 1986, le titre se joue sur le circuit d’Adélaïde. Et pour la première fois de sa carrière, Michael Schumacher va montrer un côté sombre de son pilotage.
L’Allemand, qui a dominé la saison mais a été exclu de plusieurs Grands Prix pour irrégularités techniques et sportives, arrive au Down Under avec seulement un point d’avance sur Damon Hill, bombardé leader d’une écurie Williams meurtrie par la disparition de Senna à Imola.
Depuis le début du week-end, Schumi est fébrile et a eu un gros accident en essais. Il parvient néanmoins à se hisser en tête du Grand Prix.
Au 36e tour, Michael, sous pression, commet une faute et touche le mur. Il revient en piste et Hill tente une manœuvre de dépassement. Mais la Benetton se rabat et c’est l’accrochage. Schumacher finit dans les pneus tandis que Hill regagne son box, suspense pliée. C’est fini.
Schumacher décroche son premier titre mais sans la manière.
1997 Schumi surpris

La pression est à nouveau sur les épaules de Michael Schumacher pour cette finale de la saison 1997. Au bout de deux saisons seulement, l’Allemand est sur le point de réaliser ce que Mansell, Prost et bien d’autres avant lui ont manqué: offrir le titre à Ferrari qui sort de plusieurs années de galère.
Schumi n’a qu’un point d’avance sur Jacques Villeneuve dont la Williams est plus performante que sa F310B.
Après une saison marquée par plusieurs escarmouches entre les deux parties, la tension est palpable lors de cette finale sous le soleil andalou de Jérez. Le Canadien et le Teuton se partagent la première ligne après avoir signé le même chrono lors des qualifications. Toutefois, le pilote Ferrari prend un meilleur envol et vire en tête jusqu’au 48e tour.
Pointant à moins d’une seconde, Villeneuve pique au freinage de Dry Sack et surprend Schumacher. L’Allemand donne un coup de volant sec dans le ponton de la Williams. Mais la Ferrari part en sucette et Michael termine sa course coincé dans les graviers. Jacques se contentera de la troisième place pour être sacré.
Après le final de 1994, la FIA décide de prendre une sanction exemplaire envers Schumacher qui se voit disqualifié du championnat! Le double champion ne doit cependant pas rendre ses trophées de vainqueur. Drôle de compromis…