Pogacar, dans l’histoire en s’amusant
En gagnant son deuxième monument en une saison, le Slovène étoffe un palmarès déjà énorme pour son âge.
Publié le 11-10-2021 à 07h34
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Quelle place Tadej Pogacar prendra-t-il dans les livres d’histoire du vélo quand il partira à la retraite? La question est née dès le lendemain de sa première victoire au Tour de France à l’été 2020. Ce samedi, dans une ville bergamasque en fête, le Slovène a écrit un nouveau chapitre de son ouvrage. Parti à trente-cinq bornes de l’arrivée, et à trois du sommet du Passo di Ganda, dernière grosse difficulté du jour, dans une attaque que n’aurait pas reniée Remco Evenepoel s’il n’avait pas été victime d’une panne de jambes, le phénomène de Komenda n’a toléré que le retour du surprenant Fausto Masnada, auteur d’une descente magistrale vers Bergame, qu’il a réglé dans un sprint à deux.
Du coup, le voilà, à vingt-trois ans à peine, fort d’une similitude de plus avec le gigantesque Eddy Merckx, seul champion à avoir remporté jusqu’à ce week-end Liège-Bastogne-Liège, le Tour de France et le Tour de Lombardie la même année (en 1971 et 1972). Pour l’anecdote, notre compatriote, Fausto Coppi et Bernard Hinault avaient déjà réussi le doublé Doyenne-Lombardie.
C'est dire si Pogacar écrit sa légende à la vitesse de l'éclair. Pourtant, ce n'est pas ce qu'il recherche avant tout. «Ce qui m'intéresse, c'est prendre du plaisir», assure-t-il. «Enfant, on ne pense pas à l'histoire, à ce que l'on va réussir plus tard, au palmarès des champions. Non, on est sur le vélo pour s'amuser. Et ce qui nous amuse, c'est faire la course et essayer de battre ses copains au sprint, les décrocher dans les montées et rigoler avec eux. J'ai toujours cette mentalité aujourd'hui et j'espère rester comme ça. Moi, je n'ai jamais pensé aux livres, aux records.»
Il ajoute, en référence à Eddy Merckx, dont il a quand même regardé quelques vidéos, qu'il ne peut pas s'identifier à ces champions. «Tout ça me paraît si loin.»
Incontestable meilleur coureur de l'année, Pogi a réalisé un rêve en s'imposant sur les routes lombardes. «C'est vrai que j'ai toujours eu un faible pour cette course. La Slovénie, c'est juste à côté de l'Italie. Quand on était gamins, il n'y avait presque pas de courses pour jeunes chez nous. Alors, tous les week-ends, on venait courir ici. Et quand le Giro passait près de la frontière, on allait souvent voir les coureurs. Je pense que ce lien me touche encore aujourd'hui.»
«Mon rêve, c’est d’être coureur»
Il fallait le voir en train de faire des grimaces à ses équipiers, qui passaient la ligne après lui (forcément) : un vrai gamin, qu'il est encore. Un jeune homme parfaitement à l'aise dans son costume de champion. «Mon rêve, c'est d'être coureur et je veux profiter de cette vie de cycliste aussi longtemps que je le peux», continue-t-il. «Quand ce ne sera plus le cas, que je n'aurai plus envie de monter sur le vélo, je passerai à autre chose.»
Cela ne devrait pas être pour tout de suite. Cette année, Pogacar a, en effet, signé un nouveau bail chez UAE Team Emirates auquel il est, désormais, lié jusqu’en 2027. Quel record aura-t-il encore réussi d’ici là?