Paris-Tours : les Belges vendangent dans les vignes
Stuyven (3e) et Dewulf (4e) n’ont pu conclure victorieusement une journée animée d’un bout à l’autre par les coureurs belges.
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Publié le 11-10-2021 à 07h40
Le calme voluptueux de l’avenue de Grammont, plongé dans la douceur d’un automne indien, avait beau s’apparenter au cadre paisible d’une fin de saison négociée en roue libre, les autorités locales auraient été plus inspirées de sortir les défibrillateurs plutôt que les distributeurs de gel hydroalcoolique ce dimanche… La finale de la 115e édition de Paris-Tours était en effet interdite aux cardiaques sous peine de crise de tachycardie instantanée.
Rescapés d'un trio de tête sorti à une quarantaine de kilomètres de l'arrivée mais qu'avait été contraint d'abandonner Frederik Frison (Lotto-Soudal) sur ennui mécanique, Stan Dewulf (AG2R) et Franck Bonnamour (B&B Hotels) livraient leurs dernières forces sous la flamme rouge pour tenter de préserver l'avantage de cinq secondes qu'ils comptaient alors encore sur le duo Démare-Stuyven lancé à leur poursuite. «Nous n'avons pas cherché à calculer nos efforts dans la finale, on s'est donné à fond pour tenter de jouer la gagne, confiait le Belge de chez AG2R-Citroën. Mais cela n'a pas suffi…»
À 400 mètres de la ligne seulement, les deux duos se sont ainsi transformés en un quatuor amené à se disputer la victoire au sprint dans ce qu’il faut désormais appeler la classique vignes. Un emballage final dans lequel le coureur de chez Groupama-FDJ se montra plus véloce que son compatriote Bonnamour (2e) et les deux Belges.
«Ce qui est le plus frustrant pour moi, c'est de ne pas avoir pu m'appuyer ce dimanche sur d'aussi bonnes jambes que celles que j'avais la semaine dernière à Paris-Roubaix ou un peu plus tôt encore sur le GP de Denain, pestait Dewulf, quatrième. J'ai fait la course à l'avant pratiquement toute la journée mais mes sensations n'étaient pas exceptionnelles sans quoi nous aurions peut-être pu aller 400 mètres plus loin… La perte de Frison dans notre groupe nous a coûté cher car notre entente était bonne et j'ai longtemps cru que nous irions au bout. Cette course était peut-être celle de trop pour moi… Le final s'est joué sur la fraîcheur et après avoir disputé Binche-Chimay-Binche (5e) dans la foulée de l'Enfer du Nord (58e), j'en ai très probablement manqué. Ces deux courses, disputées dans des conditions climatiques difficiles, m'avaient vidé de la majeure partie du carburant qu'il me restait dans le réservoir en cette fin de saison.»
«Manque de concentration»
Si 15 de nos compatriotes étaient présents dans le groupe de 37 coureurs qui s’était dégagé dès l’approche des premiers secteurs empierrés sous l’effet des bordures, Jasper Stuyven fut longtemps le seul représentant de l’équipe Trek-Segafredo dans les premières positions.
«Sans doute un manque de concentration dans cette phase importante de la course, jugeait le Louvaniste. Il ne m'appartenait donc pas vraiment de prendre la poursuite à ma charge mais lorsque Démare est sorti à un peu plus de dix kilomètres de l'arrivée j'avais les jambes pour sauter dans sa roue et n'ai pas loupé l'occasion. On a assez rapidement collaboré tous les deux car nous savions qu'il ne faudrait pas tergiverser si on souhaitait revenir sur Dewulf et Bonnamour. Comment avons-nous géré cette poursuite de dix bornes? Le mot gestion n'est pas le mieux choisi car cela a été à bloc tout le temps (rires)… Nous sommes revenus sur le duo de tête un peu trop tard pour que je puisse espérer placer une attaque et je me suis donc focalisé logiquement sur le sprint. J'ai tenté de rester en second rideau pour essayer de déborder mes rivaux ensuite mais Démare était tout simplement le plus rapide ce dimanche… Je n'ai pas de regret à avoir sur le déroulement de ces derniers hectomètres, je n'ai pas commis d'erreur et suis tout simplement à ma place avec cette troisième place.»
Un podium qui conclut une année 2021 particulière pour le résident monégasque puisqu'elle l'aura vu épingler un tout premier monument à son palmarès lors de Milan-Sanremo. «Quelle cote me donnerais-je pour cette saison?, souriait encore ce grand amateur de vin. Je dirais un 8,5 sur 10. Je n'ai accroché qu'une seule et unique victoire depuis le début de l'année, c'est vrai, mais je crois qu'une bonne partie du peloton signerait tout de même pour ce succès (rires)… Au-delà du pur bilan comptable, je pense avoir été en position de jouer la gagne en de nombreuses occasions et pense pouvoir me montrer satisfait de ce que j'ai fait. Je sais que seule la victoire compte dans notre sport mais terminer quatrième des Championnats du Monde dans ma ville et à la même position sur le Tour des Flandres, une course qui me fait rêver, c'est tout de même pas mal (rires)…»