Remco, débarrassé de ses doutes
Quatorze mois après sa terrible chute, Evenepoel prend le départ du Tour de Lombardie. L’esprit libre.
Publié le 09-10-2021 à 07h24
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Même si l’on sait que tout s’est, heureusement, bien terminé, que le coureur a repris sa place au cœur du peloton, les images vont encore froid dans le dos. C’était il y a quatorze mois. Le 15 août 2020, pour être tout à fait précis.
Alors que Vincenzo Nibali, brillant descendeur, met la pression sur ses rivaux dans le mur de Sormano, Remco Evenepoel perd le contrôle de son vélo. Tentant de combler son retard sur l’Italien, il va trop vite. Il finit par partir à la faute au-dessus d’un pont et il est propulsé par-delà un parapet. Il retombera dix mètres plus bas. Il se relèvera avec une fracture du bassin et une contusion à un poumon après avoir eu peur pour sa vie.
Quatorze mois plus tard, donc, le jeune Brabançon prendra de nouveau le départ du Tour de Lombardie. Avec l'envie de tourner cette triste page pour de bon. Un temps, il avait pensé retourner cette semaine sur les lieux du drame mais y a renoncé, «trop difficile à organiser».
Cette classique des feuilles mortes lui permettra d'achever son travail de renaissance. Ne nous voilons pas la face : à ses yeux, son retour au plus haut niveau a duré trop longtemps. La première fois qu'il était remonté sur un vélo, à l'automne dernier, il s'était imaginé pouvoir courir comme avant dès le printemps. Mais après quelques semaines prometteuses, il dut descendre de sa machine durant un gros mois pour qu'un trait de fracture puisse se résorber. Le voir au départ du Giro en mai fut une victoire. «Je ne m'entraîne normalement que depuis deux mois», rappela-t-il alors.
Durant l'épreuve transalpine, il montra des signes encourageants, avant d'abandonner à quatre jours de l'arrivée. Les mois suivants, il continuera à s'entraîner. Beaucoup. Quitte à ne pas faire assez de compétition, ce qu'il paiera aux Jeux olympiques, son objectif de l'année, dont il sortira avec une neuvième place au chrono et quelques doutes à l'esprit. «J'ai des bonnes journées, mais ça manque de régularité. Je suppose que ça reviendra à un moment», lance-t-il à l'époque. Ce sera le cas dès le Tour du Danemark, où il reprendra mi-août. «J'ai senti que je roulais de nouveau à pleine puissance», affirmera-t-il après avoir remporté la course.
Depuis, le protégé de Patrick Lefevere n'a fait que monter en puissance. Vice-champion d'Europe à Trente après avoir conquis le bronze au contre-la-montre, il a confirmé sa forme étincelante au championnat du monde. «Je me sens très bien. C'est dommage que la saison touche à sa fin», confie-t-il. Preuve qu'il est «redevenu celui d'avant», il s'adjugera le Trophée Bernocchi, semi-classique italienne, après un solo de trente bornes sous la pluie.
Aujourd'hui, il arrive, donc, lancé à Côme, l'esprit totalement débarrassé de toute forme de doute. «J'ai pleinement confiance en mon potentiel mais ce n'est pas pour autant que j'ai une obligation de victoire. Dans l'équipe, nous sommes trois à pouvoir jouer la gagne (NDLR : avec Julian Alaphilippe et Joao Almeida).»
Quatorze mois plus tard, Remco Evenepoel est là. Comme avant.