Nibali, avant le Tour de Lombardie : "Pour s'améliorer en descente, il faut du temps"
Vincenzo Nibali est l’un des meilleurs descendeurs du peloton. Il a quelques conseils pour Remco Evenepoel.
Publié le 09-10-2021 à 07h40
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/I4KKVLVUSZC6JISGP4NK3NBKIU.jpg)
Quand vient le temps de la classique des feuilles mortes, Vincenzo Nibali affiche toujours un large sourire. C’est que le requin de Messine aime ce Tour de Lombardie qu’il a déjà gagné à deux reprises (en 2015 et 2017). Il dit s’y sentir comme chez lui. Un sentiment né aussi par la succession de montées, et surtout de descentes, qui caractérise ce monument. Car l’Italien excelle dans ce domaine.
L’an dernier, il menait la danse quand Remco Evenepoel manqua un virage dans le mur de Sormano et se retrouva dix mètres plus bas, le bassin fracturé. Le Transalpin, qui ne cache pas une grande affection pour le jeune Brabançon, avoue ressentir un plaisir naturel à descendre les routes tout au long de l’année. Il assure qu’il remettra encore ça, ce samedi.
Vincenzo, à quel genre de course vous attendez-vous?
Je n’ai jamais roulé le Tour de Lombardie dans ce sens-là (NDLR : de Côme à Bergame). Mais les montées qui sont au programme ne me sont pas inconnues. S’il faut comparer cette édition avec celle de l’an passé, je dirais que les ascensions seront un peu plus longues. Cela dit, les caractéristiques de la course restent les mêmes : c’est un monument très exigeant. Et puis, le fait que le parcours est moins connu par l’ensemble du peloton peut rendre la course plus ouverte.
Qui sont vos favoris et quelles ambitions personnelles nourrissez-vous?
Établir une liste de prétendants à la victoire n’est pas mon boulot, mais celui des médias. Moi, je me réfère juste aux coureurs en forme du moment comme Roglic, Evenepoel, Almeida, Pogacar, Yates et quelques autres encore. On ne peut pas exclure que d’autres tenteront leur chance. Je me répète : je m’attends à une course ouverte. En ce qui me concerne, tout le monde sait que j’entretiens une relation particulière avec le Tour de Lombardie. Je l’aime depuis ma première participation, en 2005 déjà. Et je m’y suis imposé à deux reprises. Ma victoire au Tour de Sicile m’a mis en confiance. Donc, on verra…
Evenepoel peut-il gagner?
Je pense que la réponse est claire. Bien sûr que Remco peut s’imposer à Bergame. Cette course épouse parfaitement ses qualités. Il a le profil adéquat pour briller sur la classique des feuilles mortes. En outre, il est en très grande forme. Ce qu’il a réussi lundi à la Coppa Bernocchi (NDLR : victoire après une échappée de 140 kilomètres, dont 30 seul) démontre qu’il est capable de tout.
L’an dernier, vous avez accéléré dans la descente du mur de Sormano. Cette fois, il n’est pas au programme. Êtes-vous déçu?
On ne peut pas dire que je suis déçu, non. Chaque édition a ses propres caractéristiques, ses propres moments clés, bref sa propre histoire. Tantôt, le mur de Sormano s’avère déterminant, tantôt, c’est le Civiglio. J’ai hâte de voir le déroulement de la course cette fois-ci.
Que pensez-vous du tracé entre Côme et Bergame?
C’est difficile pour moi de donner un avis tranché car je l’ai seulement étudié de manière virtuelle. J’ai le sentiment que, dans un sens comme dans l’autre, le Tour de Lombardie conserve un degré élevé de difficulté.
Vincenzo, vous êtes l’un des meilleurs descendeurs du peloton. D’où vous vient cette qualité?
C’est un mélange de talent et de travail. J’ai certaines aptitudes naturelles dans ce domaine, mais sans entraînement, je ne serais jamais devenu aussi bon. Au fil des années, j’ai beaucoup travaillé ma technique. Je me suis aussi énormément inspiré des motards. Beaucoup de facteurs interviennent dans une descente : des trajectoires à la technique de freinage. Pour s’améliorer en descente, il faut y consacrer du temps et de l’attention. C’est indispensable. Il n’y a pas de secret. En course, l’expérience acquise au fil du temps et la connaissance du terrain contribuent beaucoup à savoir jusqu’où on peut pousser nos limites.
Un mauvais descendeur peut-il devenir bon?
Disons qu’avec de l’entraînement et la répétition des gestes, il pourra diminuer cette lacune. Il n’y a pas de raison que Remco n’y parvienne pas. C’est un gars très talentueux qui sait ce qu’il veut. Son professionnalisme le pousse à prendre les meilleures décisions pour la suite de sa carrière. D’une manière générale, il ne faut pas hésiter non plus à se tourner vers des spécialistes des descentes. Certains coaches excellent dans ce domaine. Je ne dis pas que c’est absolument ce que Remco doit le faire car tout le monde a un ressenti différent mais s’il estime que ça peut l’aider, il doit foncer. De toute façon, au final, tu es seul avec ton vélo. Donc, il faut avoir une concentration maximale pour une exécution optimale.
Ressentez-vous du plaisir en descente? Pouvez-vous le décrire?
Avant tout, j’adore la descente. C’est un plaisir inné, comme d’autres aiment frapper dans un ballon de football. Pour moi, descendre une route est l’essence même de la conduite. Quand c’est bien effectué, cela procure des sensations très grisantes. J’aime prendre des risques… contrôlés, ressentir ce qu’est la vitesse. Oui, cela génère un sentiment très spécial, difficile à décrire.
Pour en revenir à Evenepoel, il prétend que le Tour de Lombardie est le plus beau des cinq monuments. Vous confirmez?
Écoutez, avec le Tour de Lombardie, je roule à la maison. Rien que ça suffit à rendre cette course très spéciale à mes yeux. J’essaie d’y prendre part chaque année, c’est une priorité. Dire que c’est le plus beau monument n’a pas de sens. En revanche, il est certain que la classique des feuilles mortes a une histoire très riche. Cela en augmente le prestige et la volonté de nombreux coureurs d’en prendre le départ.