«Mons est devenu le club wallon le plus influent»
Les deux formations ne vivent pas dans le même monde. Mons flirte avec les sommets, Liège se bat avec ses moyens.
- Publié le 08-10-2021 à 07h06
Quand les travaux ne viennent pas perturber la circulation, une heure et demie sépare la mons.arena du Country Hall liégeois.
Pourtant, d’un point de vue sportif, les deux clubs sont aux antipodes. D’un côté, Mons-Hainaut s’est réinstallé dans les hautes sphères du basket belge depuis l’arrivée de Vedran Bosnic. De l’autre, Liège a connu de grandes difficultés ces derniers temps mais lutte pour rester au sein de l’élite. Ce vendredi, les formations wallonnes disputent leur premier duel de la saison.
Thierry Wilquin, le manager emblématique des Renards, et Christophe Muytjens, son homologue dans la Cité ardente, comparent leur approche et le travail effectué dans chacune de leurs structures. Le match est lancé.
Les finances: des moyens bien différents
Thierry Wilquin : «Les effets de la crise sanitaire ont eu un impact évident sur les finances des clubs de l'élite. Chez nous, on privilégie la stabilité et la sagesse par moments. On parle d'une gestion plus linéaire. Il ne faut toutefois pas croire qu'on est actuellement dans une situation ultra-confortable. On obtient des résultats supérieurs à ce qu'on peut espérer si l'on compare notre budget consacré au domaine sportif par rapport à certains de nos concurrents. Liège a connu différentes directions. Actuellement, celle qui est en place doit assumer ce qui s'est déroulé par le passé…»
Christophe Muytjens :«Les moyens financiers entre Mons et Liège, c'est le jour et la nuit. Au niveau de la masse salariale totale des joueurs en net annuel, à Liège on est à moins de 200 000€. Quand je vois le profil des joueurs que Mons recrute, j'ai du mal à imaginer que ce soit moins du double chez eux. Idem pour le budget global, compte tenu de certains ratios incompressibles, je ne les imagine pas à ce niveau sans un budget global au moins double au nôtre.»
La jeunesse: Liège donne plus de confiance à ses jeunes Belges
T.W. :«Il ne faut pas oublier de préciser que tout est une question d'ambition. Je constate tout de même que Zaccharie Mortant en est à sa quinzième année à Mons tandis qu'Igor Mintogo, même s'il a effectué une partie de sa formation en France, est aussi un produit du club. Ce sont deux joueurs qui possèdent un rôle dans le roster. De plus, on a engagé Matthew Hodge car il possède du potentiel et que notre but est de l'amener à son meilleur niveau. Parfois, vous possédez de bons jeunes mais d'autres clubs viennent aux nouvelles et proposent des beaux contrats, etc. Pour Mons, il est alors difficile de rivaliser. Certains jeunes se montrent impatients et puis, ils pleurent pour revenir chez nous. Je peux essayer de les retenir, mais je ne vais pas les enchaîner…»
C.M. :«On ne va pas s'en cacher, nécessité fait loi! Nous n'avons pas les moyens de payer des étrangers, aussi nous avons choisi de faire confiance aux jeunes. C'est moins cher à la base mais c'est un investissement dont on n'est jamais sûr qu'il soit rentabilisé. C'est aussi plus facile de jouer la carte "jeunes" quand on n'a pas les mêmes ambitions. Au-delà, avant même l'arrivée de la direction actuelle, la tendance était déjà bien amorcée chez nous. À ses 18 ans, Liège avait signé Pierre-Antoine Gillet pour cinq ans. On a également lancé Iarochevitch, Troisfontaines et, dans une certaine mesure, Lhoest. Comme Mons avec Gorgemans ou surtout Loïc Schwartz, certains se sont ensuite vraiment épanouis ailleurs mais à mon humble avis, les jeunes belges ont eu bien plus de temps de jeu et d'occasion de progresser à Liège qu'à Mons.»
L’apport belge: avantage Liège d’un point de vue qualitatif
T.W. :«Selon moi, c'est plus facile de faire confiance à des joueurs belges lorsque vous avez des ambitions et un budget à la baisse. Certes, nous possédons moins de Belges que d'autres équipes dont Liège. Mais je suis d'avis de privilégier la qualité à la quantité. Quand on joue le haut du tableau, engager du belge performant est complexe. Je le répète mais on n'a pas le budget d'Ostende ou Anvers. Nous ne sommes pas capables d'engager un des Belgian Lions, par exemple.»
C.M. : «Je pense sincèrement qu'il n'y a pas un club où les jeunes du cru jouent autant, que ce soit James Potier ou Romain Bruwier par exemple. En fusionnant avec Sainte-Walburge, nous avons des équipes à tous les niveaux qui permettent de former de nombreux jeunes et de leur offrir du temps de jeu, au plus haut niveau pour les meilleurs. Toutes proportions gardées, nous investissons plus dans l'encadrement de nos jeunes que dans celui de la D1… c'est notre credo : Quand nous avons repris ce club, ce n'était pour garder à tout prix une D1 à Liège mais bien pour garder en vie toute l'école de jeunes.»
La structure: Mons, une machine durable
T.W. :«Dans le sport, on ne peut se cacher et se mentir : ce qui compte, ce sont les titres. On manque peut-être de résultats par rapport au travail effectué dans ce club. On aurait peut-être pu remporter un ou l'autre titre mais on ne refait pas l'histoire. Je peux néanmoins vous assurer ma fierté d'une telle longévité en termes de structure sportive au plus haut niveau. Avec les moyens qui sont les nôtres, on est au-delà de nos espérances ces dernières années. C'est aussi le mérite de Vedran Bosnic qui a su faire parler ses connaissances pour amener à Mons d'excellentes trouvailles. Finalement, les noms les moins ronflants ont peut-être été les plus grandes satisfactions lors des saisons passées. Si on évalue le rapport qualité/prix, on peut se montrer très satisfaits de notre travail.»
C.M. :«La structure de Mons a fait ses preuves. Elle fonctionne et le club est reconnu pour sa saine gestion depuis deux décennies. Le mérite en revient avant tout à Thierry Wilquin. De notre côté, nous avons hérité d'une situation et nous recréons une structure. Tout cela avec les moyens actuels. Pour situer, je ne suis pas sûr qu'en plus de son rôle ce soit Thierry Wilquin qui imprime les tickets à Mons, qui s'occupe de la communication du club, ni qui colle les stickers "BNXT League" sur le parquet comme je l'ai fait avant-hier.»
L’influence: l’expérience montoise au service de la Ligue
T.W. : «Mons, le club wallon le plus puissant? Honnêtement, je ne sais pas. Peut-être. Je ne vois pas les choses en termes d'influence, je dois dire. Le but de chacun est de défendre les intérêts collectifs, et non les siens uniquement. Quand un dirigeant est en place depuis de nombreuses années, il est évident qu'on a tendance à l'écouter davantage. On possède des connaissances que certains autres dirigeants n'ont pas, puisqu'ils débutent dans la profession. Quand vous commencez un métier, journaliste par exemple, vous n'avez pas de réponse à vos premiers messages. Avec le temps, vous faites votre trou. C'est valable dans beaucoup de domaines, vous savez.»
C.M. : «Clairement, même s'ils s'en défendent, Mons est devenu le club le plus influent du basket wallon, bien avant Charleroi et bien sûr Liège. Après, quelle est encore cette influence du basket wallon au niveau de la BNXT League, on peut se poser la question. Il est clair qu'avec ses années de présence et la bonne tenue de son club, Thierry Wilquin est une référence et occupe une place à part à la Pro League belge tandis que Gabriel Jean et Éric Schoombroodt à Charleroi ou nous-mêmes à Liège on a repris des clubs mal en point qu'on essaie de redresser. Cela ne met pas en position de force.»