US OPEN | Finale dames: Raducanu, l’étoffe d’une nouvelle reine - Leylah Fernandez : de solides arguments, sur papier
La Britannique fera figure de favorite lors de la finale à Flushing Meadows, ce samedi soir dès 22 h. La Canadienne a moins d’énergie mais elle a réalisé un parcours époustouflant.
- Publié le 11-09-2021 à 06h00
Celui qui avait misé un kopeck sur cette affiche en finale dames à New York peut sans doute réserver ses vacances all-inclusive sur une île paradisiaque. D'un côté, les sceptiques diront que le tennis féminin s'enfonce dans le marasme. De l'autre, les optimistes diront, eux, qu'un vent de fraîcheur le redynamise. Quelle que soit la vision, ce match entre Emma Raducanu, classée au 150 rang mondial, et Leylah Fernandez, 73 au classement WTA, est sans doute le plus surprenant de l'histoire dans une finale de Grand Chelem. La Britannique endossera le costume de favorite. «Me retrouver là, à ce stade de ma carrière, je n'arrive pas à y croire», souligne la principale intéressée.
Elle marche sur l’eau
Sur la Tamise, Raducanu n’aurait pas besoin d’un bateau pour avancer. La joueuse issue des qualifications est tout simplement impressionnante depuis le début de la quinzaine. Elle fait preuve d’une régularité sans nom, qui se traduit dans les chiffres puisqu’elle n’a pas encore perdu le moindre set à New York, en cette édition 2021. En moyenne, elle ne concède que 2,4 jeux par set.
À 18 ans, développer un tel niveau de jeu et ne jamais paniquer dans les instants clés des rencontres a quelque chose de déroutant. Peu importe l’adversaire, la Britannique impose son rythme et joue sans complexe. Elle n’est jamais tiraillée par l’enjeu. Mais ce samedi, elle sera favorite et devra donc assumer la pression sur ses épaules. On pourra se rendre compte à quel point la native de Toronto est prête ou non à s’installer dans les hautes sphères du tennis féminin dans un futur proche.
Née d’un père roumain et d’une mère chinoise, Raducanu se montre quasi intransigeante à la volée. Depuis son premier tour, elle a remporté 84,4 % des points sur ses tentatives au filet (38/45). Une pensionnaire de la nouvelle génération aussi adroite à la volée, cela ne court pas les rues, à vrai dire.
La chasse aux records
En se hissant en finale, Raducanu, avec neuf succès, a égalé le vieux record de Chris Evert du plus grand nombre de matchs remportés lors des deux premières participations à un tableau final d’un tournoi du Grand Chelem. Elle peut devenir l‘unique recordwoman si elle remporte le titre. Elle peut en outre devenir la première Britannique lauréate d’un tournoi majeur, depuis Virginia Wade, en 1977, à Wimbledon.
Elle est certes mieux placée au classement WTA, mais Leylah Fernandez ne récolte pas les faveurs des pronostics pour la finale. Si elle a prouvé avoir un niveau de jeu impressionnant contre les meilleures mondiales, plusieurs points font toutefois pencher la balance en faveur d’Emma Raducanu.
La fraîcheur physique, un inconvénient certain
Si l’on se réfère au parcours des deux demoiselles, il est clair que les prestations réalisées par Fernandez ont de quoi marquer davantage les esprits. La Canadienne s’est offert le scalp de quatre têtes de série, dont trois Top 5 (Naomi Osaka, Elina Svitolina et Aryna Sabalenka), excusez du peu! Cela aura peut-être un impact sur la fraîcheur physique de la joueuse de 19 ans. Elle a en effet passé 12 h 45 sur les courts, là où sa rivale n’a disputé que 7 h 42 de jeu. Dans une finale, où les détails comptent plus que jamais, cela peut avoir son importance.
Statut d’outsider
En prenant en compte la démonstration de Raducanu depuis l’entame de la quinzaine, Fernandez débutera la rencontre dans la peau de l’outsider. Ce qui peut constituer un avantage, finalement. La native de Montréal a dû puiser dans ses réserves pour atteindre la finale. Elle connaît les moments de tension que son adversaire n’a pas encore connus à Flushing Meadows. Un facteur à ne pas négliger pour deux joueuses encore jeunes, et donc en proie au doute, de temps en temps. Lors de ses trois derniers matches, celle qui figure à la 73e place mondiale s’est à chaque fois imposée en remontant un set. Preuve d’une grande force de caractère.
La fierté familiale, un leitmotiv
Au-delà d’une championne qui a tout pour devenir l’une des nouvelles attractions du tennis féminin, Fernandez joue avec ce supplément d’âme qui peut permettre aux sportifs et sportives de haut niveau de renverser des montagnes. Le soutien familial et les sacrifices qu’elle a dû effectuer pour arriver à ce niveau la poussent à se transcender, même dans la douleur. «Ma force mentale est venue au fil des années, avec du travail acharné. Nous avons traversé tellement de choses ensemble en tant que famille. Qui sera favorite? Je m’en fiche, je veux juste jouer cette finale et profiter.»
Deux ans après le sacre de Bianca Andreescu à New-York, Fernandez pourrait donc offrir un second titre du Grand Chelem au Canada.