Philippe Dehaes, ex-coach d’Emma Raducanu: «Après 3 minutes, j’avais compris, c’était phénoménal»
Entraîneur de renom sur le circuit WTA, le Belge Philippe Dehaes a collaboré quelques mois avec la prodige de 18 ans, Emma Raducanu, qui s’est qualifiée pour la finale de l’US Open vendredi. Il parle d’une joueuse «phénoménale».
- Publié le 10-09-2021 à 13h40
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Leur collaboration n’a duré que quelques mois parce que la crise sanitaire est passée par là mais Philippe Dehaes, ex-coach de Marina Zanevska, Daria Kasatkina et Monica Puig, a travaillé de janvier à juin 2020 avec Emma Raducanu.
La Britannique de 18 ans, est devenue, ce vendredi, la première joueuse issue des qualifications à atteindre la finale d'un Grand Chelem. «En janvier 2020, la société de management d'Emma m'a appelé pour me dire que la fédération anglaise de tennis cherchait un coach pour elle. On m'a demandé de me mettre sur une liste et d'aller deux jours en Angleterre pour passer une série de tests en m'annonçant que la fille était incroyable», explique Philippe Dehaes, aujourd'hui entraîneur de Kaja Juvan, joueuse slovène, 109 à la WTA.
«Elle jouait déjà top 30»

N’ayant aucune joueuse sous son aile à ce moment-là, le Lasnois accepte de relever le challenge. «Je trouvais l’idée de me tester et de me mettre en compétition avec d’autres coachs assez amusante donc je suis parti à Londres pour passer toute une batterie de tests. Nous étions cinq au départ mais on s’est assez rapidement retrouvé àdeux. Et puis finalement c’est moi qui ai remporté le concours. Je venais donc de passer un examen sans savoir si j’allais accepter le boulot puisque je ne connaissais pas la fille», plaisante-t-il.
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La fédération britannique lui donne alors le feu vert, fin janvier, pour commencer les entraînements sur le terrain. «Après 3, 4 minutes sur le court, j’avais compris pourquoi la fédération avait pris autant de temps et de précautions pour trouver quelqu’un pour la coacher, explique Philippe Dehaes. Emma jouait déjà top 30, c’était phénoménal. J’ai rarement vu ça et elle n’avait que 17 ans à ce moment-là».

«Elle faisait les choses de manière presqu’obsessionnelle»
Le Brabançon qualifie Emma Raducanu de joueuse excessivement intelligente sur et en dehors du terrain. «Son papa est ingénieur, sa maman aussi, elle est brillante à l’école, hyper studieuse. Quand elle s’ennuie, elle passe des concours de maths sur internet! Niveau tennis, elle a une qualité de frappe incroyable aussi bien en coup droit qu’en revers, un service hyper puissant, une grande capacité de concentration et cette faculté inimaginable de mettre de l’intensité dans le moment présent. Tout ça alors que ce n’était qu’un entraînement. Je l’ai mise dans différentes situations et sous pression: elle a toujours répondu présente avec cette volonté de tout faire à la perfection, presque de façon obsessionnelle. Elle était capable de taper vingt balles de suite et tant que ça n’allait pas, elle ne quittait pas le terrain.»
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«Elle m’a envoyé une carte»
Avec l’arrivée de la première vague de la pandémie, en mars 2020, le circuit WTA a été mis à l’arrêt. «Nous sommes restés en contact mais après trois mois, son papa m’a sonné pour me dire qu’on n’allait pas continuer comme ça. Elle a été adorable, elle m’a envoyé une petite carte pour me remercier», conclut Philippe Dehaes qui, après la crise, a été remplacé comme coach d’Emma Raducanu par Nigel Sears, le beau-père d’Andy Murray.
De retour de l’US Open depuis une semaine, Philippe Dehaes est bluffé par les performances de son ancienne protégée. «Je savais qu’elle était très douée mais de là à sortir des qualifs et à faire finale de l'US Open sans perdre un set, c’est époustouflant! Je ne l’aurais jamais cru. Je suis quand même content parce que j’avais beaucoup travaillé pour changer son coup droit. Elle avait un gros souci à ce niveau-là dès qu'elle jouait contre des filles qui tapaient fort. J'ai compilé une vidéo de dizaine de séquences et elle a tout de suite accepté de travailler pour le changer. Au moins je peux me dire que j’y suis un peu pour quelque chose, sourit-il. Non, je n’ai pas de regret parce je ne sais même pas si j’aurais toujours été son coach aujourd’hui. Il faudra quand même voir de quelle manière elle va gérer tout ça parce que tout le monde va se l’arracher. Devenir une telle célébrité et millionaire, comme ça du jour au lendemain, il faut avoir les épaules assez larges pour le supporter...»
Classée 150e à la WTA, Emma Raducanu sera minimum 32e dès lundi.
