Philippe Gilbert, avant la Flèche wallonne : "Cette pause m'a fait du bien"
Le vainqueur de la Flèche en 2011 ne s’attend pas à jouer la gagne au sommet du Mur de Huy. Il espère néanmoins se montrer.
Publié le 20-04-2021 à 17h46
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C’était il y a dix ans, lors de son année folle. Le 20 avril 2011, Philippe Gilbert remportait la Flèche wallonne pour la première et unique fois de sa carrière. Au terme d’un incroyable coup de force, le moteur du cyclisme wallon avait surclassé la concurrence, devançant très nettement le tandem espagnol composé de Joaquim «Purito» Rodriguez et Samuel Sanchez. Les années ont passé à la vitesse de l’éclair mais le Remoucastrien est toujours bel et bien présent dans le peloton, malgré ses 38 ans et ses pépins physiques récents. Loin de son niveau d’antan, certes, il se présentera au départ à Charleroi avec la ferme intention de profiter de son avant-dernière Flèche. Selon toute vraisemblance, le champion du monde 2012 accrochera le vélo au clou au terme de la saison 2022, sans doute après une dernière tournée ardennaise notamment.
Malgré une chute survenue à l’entraînement mardi, le puncheur de Lotto-Soudal, légitimement agacé parfois par certains problèmes de son en visio-conférence, a pris le temps de répondre aux sollicitations médiatiques, en toute franchise.
Philippe Gilbert, la première question est évidente: dans quel état d’esprit êtes-vous?
Honnêtement, je me sens bien et suis content d'être de retour. J'ai connu une petite chute à l'entraînement qui a un peu changé mon programme des dernières heures mais pas de casse, c'est le principal, simplement une frayeur (NDLR: il est tombé sur ses routes d'entraînements en région niçoise, avant de se déplacer en Belgique). Je pense que prendre une pause a été bénéfique pour moi, j'en ressentais le besoin. Je me suis rendu compte que je ne pouvais rien faire pour lutter contre les meilleurs au Tour des Flandres. Je suis un compétiteur, je ne prends pas le départ d'une course sans avoir l'intention d'y faire quelque chose. Je ne voulais pas faire le Ronde et me battre pour une place dans le Top 20. Quand vous réalisez que vous n'êtes pas dedans, le mieux est d'arrêter et reprendre quand vous êtes mieux.
Il y a dix ans, vous gagniez la Flèche… Quand vous y repensez, quel sentiment vous habite?
C’est un très beau souvenir, un peu particulier parce que ce n’est pas le parcours qui me convient le mieux sur papier. Je suis évidemment heureux d’avoir pu gagner cette course une fois dans ma carrière. À chaque fois que je repense à ce moment, cela m’offre un sentiment de joie et de fierté. Mais Liège-Bastogne-Liège prend encore davantage de place dans mon cœur. La Doyenne est ma course de cœur, elle me motive à me surpasser. Je veux me faire plaisir mais je n’ai pas la pression sur mes épaules. Je reviens d’une coupure, mon approche est totalement différente par rapport à 2011, car je n’ai pas de repères, pas d’acquis. Je suis dans l’inconnue.
Finalement, qui a la pression, puisqu’aucun «grand» favori ne se dégage malgré la présence de Pogacar et Roglic?
C’est vrai qu’il n’y a pas un coureur qui se démarque comme l’épouvantail, la course sera ouverte, je pense. Il faudra être opportuniste et peut-être se glisser dans un coup avant le Mur.
Pour rebondir sur ce que vous dites, est-ce encore possible de remporter la Flèche en ayant anticipé?
Cela pourrait être une course de mouvement lors de laquelle il faudra peut-être anticiper. Mais globalement, la Flèche est toujours très fermée, tout se joue dans la dernière ascension du Mur. Le dernier qui a failli faire l’exploit c’est Maximilian Schachmann, en 2018 mais il avait été repris à plus ou mois 400 mètres de l’arrivée. Pour espérer quelque chose, il faut une trentaine de secondes au pied du Mur.
Le Mur de Huy est une référence pour les hommes de classiques. Que représente cette montée pour le peloton?
C’est selon moi l’arrivée la plus difficile de la saison, on passe presque son mur de douleur et ce, assez tôt dans la saison. C’est celui qui supporte le plus la douleur qui l’emporte. C’est une arrivée très spécifique, où il faut fournir un effort dur et violent. Dans le Mur, vous pouvez faire une erreur mais à la fin, ce sont toujours les jambes qui parlent. Avoir une équipe à vos côtés vous permet aussi d’aborder la montée en étant dans un fauteuil.
Dimanche, vous avez déclaré à la RTBF que vous mettrez fin à votre carrière en 2022…
Il fallait faire un titre fort. Aujourd’hui, les médias aiment le côté sensationnel. Ce que j’ai dit est juste une confirmation, je l’avais déjà dit par le passé. Cela a toujours été clair que c’était mon dernier contrat…
Après la Doyenne, vers quoi vous dirigerez-vous en termes d’objectifs?
Je devais participer aux Quatre Jours de Dunkerque mais l’épreuve a été annulée. Il ne reste plus grand-chose avant juin. Le prochain objectif sera de me préparer pour le Tour de France. J’espère être à cent pour cent afin d’y faire quelque chose de bien.
En fin de saison, il y a une échéance importante pour tous les cyclistes belges avec les Mondiaux. Vous y pensez?
Nous sommes encore très loin de cet événement. C’est un moment important car la Belgique est le pays du cyclisme. Tous les Belges veulent être dans la sélection, les places seront chères. Rouler pour van Aert? On verra quelle stratégie sera appliquée et quelle sélection sera retenue par Sven Vanthourenhout. J’espère en être mais il est le seul à avoir les réponses et la saison est très longue. Personne ne peut prédire ce qui va se passer avant septembre.