L’année compliquée d’Egan Bernal, qui a abandonné sur le Tour de France
Le vainqueur du Tour 2019 a quitté celui de cette année par la petite porte, avant la 17e étape. 2020 ne lui réussit pas.
Publié le 16-09-2020 à 18h45
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Quand Egan Bernal franchit la ligne d'arrivée de la 16e étape, mardi à Villard-de-Lans, au cœur du groupe de sprinters à 27 minutes du vainqueur Kämna, la question de son futur dans ce Tour pouvait se poser. L'intéressé y répondit hier matin en jetant l'éponge. «Je m'étais imaginé terminer le Tour d'une autre manière, mais l'abandon constitue la meilleure décision. Je respecte trop cette épreuve pour continuer à y montrer un tel visage», dit-il. «Nous avons fait ce choix dans l'intérêt d'Egan, expliquait, de son côté, Dave Brailsford, le manager d'Ineos Grenadiers. Il est un vrai champion, il aime rouler mais il est encore jeune et a beaucoup d'autres Tours devant lui.»
Le Colombien va désormais panser ses plaies mentales et ses maux physiques loin des feux de la rampe. Dans l’immédiat, il lui faudra se débarrasser des douleurs dorsales qui le poursuivent depuis une chute dans un virage en descente survenue en tout début d’année et qui l’ont empêché d’être au sommet de sa forme lors des championnats nationaux et du Tour de Colombie, achevé mi-février. Après, il resta cinq mois et demi sans compétition et dut se coltiner un confinement plus long qu’en Belgique avant de rejoindre l’Europe le 20 juillet grâce à une dérogation délivrée par le gouvernement colombien.
Début août, il remporta la Route d’Occitanie. À l’époque, on se disait qu’il serait armé pour briguer sa succession au Tour de France. Ensuite, il fut devancé de peu par Primoz Roglic au Tour de l’Ain, sans que cela inquiète, outre mesure, même s’il y était apparu assez poussif. Son dos le faisait toujours souffrir et au Dauphiné, il fut contraint à l’abandon avant la quatrième étape. Touché aux lombaires et visiblement pas dans son assiette. Il avoua alors se sentir un peu seul depuis le décès en mars de Nicolas Portal, son précieux directeur sportif. Dans la presse colombienne, on a aussi parlé d’une séparation douloureuse d’avec Xiomy Guerrero, sa compagne.
Tout ça a fait que Bernal n’était pas prêt pour lutter avec les meilleurs durant la Grande Boucle. Lundi, lors de la journée de repos, il était revenu sur l’enfer vécu la veille dans le Grand Colombier. Il avoua s’attendre à pareille défection.
«C'était très dur physiquement et mentalement de constater que je n'étais pas à la hauteur, que tous les efforts consentis pendant des mois s'envolaient d'un seul coup. J'avais vu venir cette journée très compliquée et seul un miracle aurait pu me sortir de là. En quelque sorte, j'ai vécu une mort lente», dit-il avec lucidité.
À 23 ans, il a bien le temps de renaître. Peut-être le fera-t-il déjà au Tour d’Espagne (du 20 octobre au 8 novembre), histoire de boucler une année très compliquée sur une bonne note avant de repartir de l’avant en 2021. Après une remise en question que ce garçon intelligent n’omettra pas d’opérer, sans doute aidé par les dirigeants de l’équipe britannique, qui ont, eux, péché par manque de flexibilité.
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