Thiam: «J’aurais aussi opté pour ce report d’un an»
Nafissatou Thiam estime que la bonne décision a été prise. L’heptathlonienne s’adaptera pour défendre son titre olympique dans un an.
Publié le 25-03-2020 à 06h30
:focal(545x371.5:555x361.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/ADYZ7D75S5CLFP3WR23Y45ADMU.jpg)
Une fois officialisé le report des Jeux à l'année prochaine, Nafissatou Thiam n'a pas tardé à réagir. Sur son compte Instagram, elle a posté une photo d'elle entre les anneaux olympiques en 2016 à Rio. Elle a ajouté un commentaire en anglais. «Tokyo 2021, ça sonne bien, écrit-elle. Ce n'est pas la plus agréable nouvelle, mais la plus juste. Voyons ce report comme l'occasion de bénéficier de douze mois supplémentaires pour nous préparer à être dans la meilleure forme possible aux Jeux. Je serai prête. D'ici là, faites attention à vous et prenez soin de vos proches.»
Plus tard, dans la soirée, elle a pris une demi-heure de son temps pour nous accorder une interview par Skype.
Nafi, l’officialisation du report des Jeux constitue-t-il un soulagement après quelque temps de flottement?
Soulagement est un grand mot. On n’est dans une telle situation que depuis quelques jours. Mais vu que les choses ne vont pas changer au niveau sanitaire, je m’en doutais. Je dirais que c’est bien d’être fixé.
Est-ce plutôt une bonne ou une mauvaise nouvelle pour vous?
Une bonne. Pas parce que je reste championne olympique un an de plus, mais parce que ce report va ramener de la sérénité. Ça aurait été un miracle que tout rentre dans l’ordre pour le mois de juillet. Et puis, les athlètes n’auraient pas abordé ces Jeux à armes égales, à cause des mesures de confinement différentes d’un pays à l’autre. Les Jeux ne sont pas annulés, ça, c’est un soulagement. Tokyo 2020 a toujours constitué mon objectif principal, le moment où je veux être à mon Top. Déjà avant les Jeux de Rio, j’y pensais. Moi, j’aurais aussi opté pour le report d’un an.
L’Euro, s’il a lieu, ce sera à la hauteur ou à la longueur
Ne craignez-vous pas que 2020 soit une année blanche?
C’en sera une, de toute façon, puisqu’il n’y a pas les Jeux. C’était mon seul objectif et ça va le rester. Je vais maintenir la pression afin d’être encore meilleure dans seize mois.
Envisagez-vous, du coup, de participer à un heptathlon avant les Jeux?
Non, ce n’est pas dans mes intentions.
Et l’Euro de Paris (prévu du 25 au 30 août)? Pourrait-il devenir un objectif?
Non. Je reste focalisée sur les Jeux. À la rigueur, l’Euro pourrait être une étape sur la route vers Tokyo. Mais, alors, au saut en hauteur ou à la longueur, mais pas en heptathlon. Mais, à l’heure qu’il est, on ne sait pas s’il aura lieu, ni quand.
Les Jeux auront donc lieu dans un an. C’est loin. Comment ferez-vous pour garder la motivation?
Je ne pense pas que ce sera plus difficile de me motiver que si les Jeux avaient lieu dans quelques mois. Il faudra accepter le changement, se dire qu’une année sans championnat, ce n’est pas forcément négatif. Il n’y a que nous, les Européens, qui disputons une grande épreuve chaque année. Soit les Mondiaux, soit l’Euro. Les Américains, eux, ont plus de répit. Cela donne plus de temps pour contrôler les choses.
Après une année 2019 marquée par les blessures, vous semblez en pleine forme aujourd’hui. L’absence des Jeux pourrait vous frustrer...
Je ne le vois pas comme ça. Qui vous dit qu’il ne se serait pas passé plein de choses d’ici l’été? Je le répète: il faudra se servir à bon escient du nouveau timing. J’ai seize mois devant moi, désormais. Je resterai focalisée, mais m’accorderai, forcément, certaines plages de récupération qui n’étaient pas prévues initialement.
«Je n’aurai plus aucune excuse au lancer du javelot»
Vous allez aussi avoir plus de temps pour vous remettre de vos problèmes de coude...
Oui. J’avais déjà pas mal de temps comme ça. Maintenant, c’est sûr, que je n’aurai plus aucune excuse si je ne suis pas capable de tenter de lancer le javelot à 60 mètres à Tokyo (NDLR: son record actuel est de 59,32m).
Nafi, pour parler du confinement actuel, comment tuez-vous l’ennui?
Mais je ne m’ennuie pas. Mon quotidien n’a pas fondamentalement changé. Dès le moment où je respecte toutes les consignes, que je prends toutes les précautions, je vis ma vie de sportive de haut niveau. Je ne suis pas à plaindre car j’ai accès à la salle d’entraînement. Pour le reste, je me repose, je prends des nouvelles de mes amis, ma famille. Plus que lorsque j’étais aux études. Personne n’aime la situation actuelle et ce n’est facile pour personne. À cet égard, c’est sympa de voir que les gens relèvent des challenges qu’ils postent sur les réseaux sociaux.
Ce coronavirus vous fait-il peur?
En fait, je n’y pense pas trop pour moi. Je fais ce qu’il faut, respecte les directives. A priori, vu mon âge, mon état physique, je ne risque pas grand-chose, je pense. En revanche, je suis beaucoup plus à l’affût de gens qui m’entourent, comme Roger (NDLR: Lespagnard, son coach), des membres de ma famille ou de celle de Niels (NDLR: Pittomvils, son compagnon).