Liège Basket: «On est loin d’être en faillite, mais…»
Malgré l’acceptation d’un plan d’apurement sur 5 ans, l’avenir de Liège Basket reste flou. Son président Ravone veut toutefois y croire. Ce soir, les Liégeois reçoivent Mons, à 20h30.
Publié le 06-12-2019 à 06h15
Liège Basket évoluera-t-il toujours en D1 la saison prochaine? Alors que la deuxième phase du championnat commence ce soir, la question mérite d’être posée. Contrainte d’évoluer sans joueur étranger, l’équipe coachée par Sacha Massot a perdu les huit premiers matches de sa saison avec un écart moyen de 25,75 points. Financièrement, la situation du club reste aussi très préoccupante. Néanmoins, son président, Jean-François Ravone (45 ans), entrepreneur actif dans la construction et le recyclage, veut continuer à y croire.
M. Ravone, quelle est exactement la situation financière du club?
Face à la dette de 880 000€ qui n’avait cessé de grandir depuis la saison 2009-2010, nous avions demandé en février dernier d’être placé en procédure de réorganisation judiciaire (PRJ). Ce qui nous a été accordé le 22 octobre dernier. Concrètement, un accord a été trouvé avec les créanciers. Excepté une dette bancaire et d’autres dettes sociales que nous devons honorer à100%, nous devrons payer 30% du solde. Ce qui représente un montant annuel de +/- 55 000€ à rembourser sur cinq ans.
C’est une bouffée d’oxygène, mais guère plus…
On est loin d’être en faillite. D’autant plus que le club va vendre le 27 décembre le terrain sur lequel se trouve la «bulle sportive» de Fléron. Cette infrastructure avait été construite par l’ancien président Jean Joly dans les années 70. Le club va revendre le terrain. Nos 200 jeunes (18 équipes) pourront encore jouer dans «la bulle» (coûteuse d’un point de vue énergétique et vétuste) durant deux ans, avant de tous intégrer l’Espace Sport voisin.
Donc, à vous entendre, Liège Basket évoluera toujours bien en D1 la saison prochaine.
Si le plan est respecté, oui.
C’est-à-dire?
Ça reste compliqué au niveau commercial. On se débrouille seuls. Des partenaires n’ont pas encore tenu leurs engagements pour cette saison.
VOO?
Nous attendons.
Estimez-vous que le club est une victime collatérale de l’affaire Nethys?
VOO n’est pas dans une situation facile, et on le sait, mais c’est bloquant pour d’autres aussi.
Depuis longtemps déjà, le club juge les frais locatifs du Country-Hall trop élevés. Qu’en est-il?
Nous allons discuter du renouvellement de la convention avec le CA du Country-Hall. Le dossier devrait bientôt être remis sur la table. D’autres infrastructures sont prêtes à nous accueillir mais autant que faire se peut, nous préférons rester à Liège.
En attendant, à cause de la PRJ, vous ne pouvez pas engager le moindre joueur hors Union européenne.
Le nouvel arrêté wallon l’interdit. Ce texte a toutefois été voté pour éviter que des sociétés en PRJ ne pratiquent un dumping social. Il n’a pas été tenu compte de la spécificité d’un club sportif. Nous espérons dès lors une modification du décret. Ou obtenir une dérogation. Parallèlement, nous cherchons une solution pour quand même permettre àMilos Bojovic de bientôt jouer avec nous. Nous avons bon espoir.
Puisque vous ne pouvez évoluer qu’avec des joueurs belges, on suppose que vous avez revu votre budget sportif à la baisse.
Exact. Sur un budget global de 1,1 million€ (soit le plus petit de la D1), nous avions prévu une masse salariale nette, staff sportif compris, de 200 000€. Notre CA avait déjà décidé d’accroître la formation au sein du club, de jouer avec un maximum de joueurs belges, liégeois, le terme «circuit court» est utilisé depuis de nombreux mois. Des projets de rapprochements avec les Panthers ainsi que d’autres clubs de la Province sont en gestation. Notre volonté indépendamment du contexte a toujours été et reste d’investir dans la formation et de jouer avec un maximum de joueurs belges.
Dès lors, gagner un match serait-il considéré comme un exploit, voire un miracle?
Un exploit, oui. Il faut pour cela que nos cadres et nos jeunes soient tous à 100% en même temps. En tout cas, le public continue à répondre présent. Notre assistance à domicile qui tourne aux alentours de 2000 personnes par match est en hausse régulière. On ressent de la sympathie à l’égard de notre projet «belge». Nous avons aussi le soutien de nombreux autres clubs de l’élite. Nous sommes un domino de la D1. Si nous venions à tomber, d’autres pourraient tomber après nous.