«Cette médaille est celle du cœur»
Les Belgian Tornados, épatants, ont décroché le bronze sur 4 x 400m derrière les USA et la Jamaïque.
Publié le 07-10-2019 à 06h53
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Il était un peu moins de 21 h 40, heure locale, quand Kevin Borlée a franchi la ligne les bras écartés. Il a continué son effort, hurlé sa joie, comme extatique. Lui, l’inoxydable capitaine de route, entérinait le plus grand exploit des Tornados en allant chercher la troisième place mondiale. Jonathan, l’absent à qui ils pensaient tous hier soir, Dylan et les autres membres de la bande voulaient monter sur un podium planétaire depuis longtemps.
On aurait pu penser qu’ils finiraient par se lasser des places d’honneur, eux qui n’avaient jamais été moins bien classés que cinquièmes lors d’une finale, qu’elle soit olympique ou mondiale. Depuis le lancement du projet et son apparition sur le devant de la scène aux JO 2008, ce relais 4 x 400m belge avait, en effet, décroché une 5e place à deux reprises et une 4e place à six reprises.
Quintuples champions d'Europe et doubles médaillés aux Mondiaux indoor (argent et bronze) de la discipline, ils voulaient enfin toucher la récompense à leur régularité au plus haut niveau. Hier soir, ils disputaient leur sixième finale mondiale d'affilée. Seuls les Anglais et l'ogre américain pouvaient en dire autant. Ils voulaient que cette nouvelle finale internationale, la vingt-quatrième de leur histoire, leur procure des sensations inédites. Ils ont touché au but. En faisant la course parfaite, Jonathan Sacoor, Robin Vanderbemden, Dylan et Kevin Borlée ont grimpé sur ce podium qu'ils convoitaient depuis si longtemps. «Je ne vais pas vous mentir, cette médaille est la plus belle de toutes, réagit Jacques Borlée, qui a étalé toute sa maîtrise tactique. On parle des Mondiaux, là. Avec les Jeux, c'est l'événement le plus prestigieux. Et la densité est telle qu'il faut être prêt pour aller au combat.»
Les guerriers l'étaient. Dans le sillage de Cheetahs aux anges après leur cinquième place mondiale, ils ont fait toute la course en troisième position. « Je vous avoue que j'ai croisé les doigts pour que Kevin tienne le coup, confie son père. Il a vraiment repoussé ses limites. Cette médaille est celle du cœur.»
Ce succès porte le sceau de l'expérience et de l'esprit de groupe. «Les gars sont prêts à aller au charbon ensemble. Ils font passer les intérêts collectifs avant les leurs. Pour Julien (Watrin), ce ne fut pas facile de ne pas courir la finale parce qu'il n'a pas démérité. Mais je devais faire des choix. Et je savais que Robin (Vanderbemden) était très bien. Avec sa vitesse acquise toute l'année sur 200 m, il a été très performant au moment du rabattement.»
De Doha à Doha
Comme un signe du destin, c'est à Doha qu'ils avaient décroché la première de leurs treize médailles internationales, il y a neuf ans, à l'occasion des Mondiaux en salle. Jonathan Sacoor avait onze ans. L'autre Jonathan, Borlée a, lui, vu tout ça de la télévision. Pour rappel, il a dû faire l'impasse sur ce rendez-vous à cause d'une déchirure aux ischio-jambiers. «J'ai vraiment une pensée pour lui parce qu'il s'investit sans compter depuis le début de l'histoire», poursuit Jacques. Dans dix mois à Tokyo, ils espèrent aller chercher, tous ensemble, une médaille olympique. La seule qui manque à leur exceptionnelle destinée.